Michel Therrien a très bien analysé la non-performance de son équipe après le revers de 4-3 aux mains des Flyers de Philadelphie : « On était encore dans les nuages du dernier match », a dit le coach du Canadien.
Un coach qui n’a pas aimé l’effort déployé par son équipe. Et c’est normal. Un coach qui ne s’est pas laissé influencer par les quelques rares bons moments de sa troupe. Et c’est tant mieux. Un coach qui ne s’est pas réfugié derrière un score final qui ne dévoile pas l’ampleur de la mauvaise sortie du Canadien. Une autre mauvaise sortie. Une très mauvaise sortie qui a suivi l’élan pourtant très encourageant de vendredi dernier alors que Brendan Gallagher et le Canadien ont haché finement les Bruins de Boston lors de la Classique hivernale.
Brendan Gallagher a fait ce qu’il fait toujours : il a donné le ton à la partie. Dès sa première présence, il s’est retrouvé devant le gardien adverse pour déstabiliser autant que faire se peut le gardien Michal Neuvirth. Gallagher a aussi marqué un des trois buts du Tricolore. Mais derrière Gallagher, ses coéquipiers sont demeurés loin de l’action au lieu d’y plonger comme ils l’avaient fait au Gillette Stadium. C’est pour cette raison que l’effet Gallagher s’est estompé mardi, trois jours après avoir survolté une équipe qui en avait grand besoin.
Trois victoires en 15 matchs
Après avoir amorcé l’année du bon pied, le Canadien refait donc un pas en arrière pour compléter sa première moitié de saison sur une note négative. Sur une note très négative si l’on considère qu’il a maintenant perdu 12 de ses 15 derniers matchs. Même en inversant l’équation, il n’est pas plus encourageant d’écrire que le Canadien a trois victoires à ses 15 derniers matchs. C’est même pire selon moi...
Et vous savez quoi?
Malgré ses neuf victoires consécutives en lever de rideau de la saison, malgré les 30 points (14-4-2) qu’il revendiquait après les 20 premières rencontres, voici que le Tricolore revendique 47 points à mi-chemin en saison régulière.
S’il se contente de 47 points en deuxième moitié de saison également, le Canadien pourrait frapper un vilain mur lorsque les nuages dans lesquels il a la tête cachée en ce moment se dissiperont. Car s’il se contente de 94 points, le Tricolore sera en sérieux danger de rater les séries éliminatoires.
Au cas où vous l’auriez oublié, les Penguins de Pittsburgh ont eu besoin de 98 points pour accéder au huitième rang et s’insérer en séries le printemps dernier.
Vrai qu’il est impossible de déterminer combien de matchs se décideront en prolongation et tirs de barrage en deuxième moitié de saison. Et qu’il est donc impossible de déterminer le nombre de points précis qui sera requis pour atteindre les séries.
Mais ce qu’on peut assurer sans l’ombre d’un doute c’est qu’en jouant comme il l’a fait hier soir, en jouant comme il l’a fait trop souvent au cours d’un mois de décembre lamentable, le Canadien minera lui-même ses chances d’accéder aux séries. Et il n’aura que lui à blâmer pour avoir gaspillé tous ces points récoltés en début de saison alors qu’il semblait bien facile de gagner.
Carey Price n’est pas là. Je le sais. Je sais aussi qu’il semble maintenant peu probable de le revoir devant la cage du Tricolore avant la fin du mois de janvier. Un mois qui sera moins ardu que le dernier – une maudite chance – du moins sur le plan du calendrier, puisque le Tricolore n’a que neuf parties au programme d’ici la pause du Match des étoiles.
Mais en dépit ce calendrier plus favorable, le niveau de jeu lèvera d’un cran. Les adversaires qui semblaient si timides en début de saison deviendront de plus en plus féroces. De plus en plus difficiles à affronter. À contrer. Une combinaison qui sera très malsaine pour le Canadien qui est lui de plus en plus facile à croiser. À mâter. À museler.
Beaucoup trop de coupables
Le Canadien est facile à contenir, car ses joueurs vedettes sont faciles à contenir. Pas question ici de mettre plus de blâme sur un ou sur l’autre. Exception faite de Gallagher qui vient de revenir au jeu et de Daniel Carr qui en donne davantage à ses coéquipiers qu’ils seraient en droit de lui en demander, tous les autres membres des trois premiers trios sont à blâmer.
Max Pacioretty qui a disputé un match affreux mardi à Philadelphie doit être le premier visé. Après tout il est non seulement le capitaine de l’équipe, mais il doit aussi en être le fer de lance à l’attaque. Ce qui n’est pas en ce moment. Loin de là.
Tomas Plekanec aussi doit être bien meilleur. Galchenyuk épate la galerie avec des virages et des feintes, mais ça prend plus de résultats. Lars Eller est perdu sur la glace. David Desharnais et Thomas Fleischmann aussi. Tout comme DSP qui évoluait au sein d’un troisième trio alors qu’il aurait été tout aussi utile du haut de la galerie de presse.
À la ligne bleue, P.K. Subban n’est pas l’ombre du défenseur qui a gagné le trophée Norris il y a deux ans. Ses présences sont trop longues. Elles manquent de conviction. Elles manquent d’implication. Subban ne peut faire la différence dans un match en se contentant de simplement faire acte de présence. Malgré son talent, tout son talent, il doit travailler pour vrai sur la glace et non jouer à l’économie comme il le fait depuis une, trois, cinq, six semaines.
Quelqu’un a vu Nathan Beaulieu sur la glace du Wells Fargo Center hier soir? J’ai eu beau regarder les images défilant à RDS et écouter attentivement la description et les analyses de Pierre (Houde) et Marc (Denis), Beaulieu m’a semblé absent du début à la fin de la rencontre.
Andrei Markov boude. Et je le comprends. Il mérite de voir moins de glace à cinq contre cinq, mais il pourrait certainement contribuer à relancer une attaque à cinq anémique qui s’est contentée de trois buts en 45 dernières occasions lors des 15 derniers matchs.
Jeff Petry regarde la tempête passer en se remémorant les moments difficiles qu’il a vécus à Edmonton avec les pauvres Oilers. Ce n’est pas pour assister impuissant à la tempête que le Canadien l’a sorti d’Edmonton et lui a offert un gros contrat avec une poutine garnie de « Smoked Meat » en prime. C’est pour qu’il s’implique. Qu’il contribue à sortir son club du merdier au lieu d’attendre que le vent tourne.
Alexei Emelin? Toujours aussi dangereux dès qu’il touche à la rondelle...
On va laisser Barberio et Pateryn de côté... pour le moment.
Therrien doit réagir, Bergevin aussi
En ce moment, il y a trop de joueurs qui jouent mal chez le Canadien pour que Michel Therrien puisse passer un message en frappant sur un membre de sa troupe, car ils mériteraient tous de sauter leur tour de temps en temps, d’être cloués au banc, voire d’être rayé de l’alignement.
Je sais! Tout ça est bien dangereux. Un entraîneur-chef peut élargir le fossé qui le sépare de ses vétérans en faisant un tel coup d’éclat. Ou de tels coups d’éclat. Mais à moins que le directeur général Marc Bergevin ne donne un coup de main à son coach en concluant une transaction ou en menaçant certains joueurs de le faire – L’Avalanche du Colorado a réveillé Matt Duchesne avec une telle stratégie, tout comme les Flyers l’ont fait avec Wayne Simmonds – Michel Therrien doit serrer la vis d’un tour ou deux.
Il le faut. Car en ce moment, trop de vétérans jouent mal en même temps pour que le coach affiche la patience qu’il affiche depuis un mois. Il est temps qu’il passe des messages. Ça presse.
Michel Therrien l’a d’ailleurs fait après la défaite aux mains des Flyers. Des Flyers qui sont loin d’être menaçants est-il besoin de le rappeler. Des Flyers qui pourraient rater – je me retiens pour ne pas écrire rateront – les séries pour une deuxième saison de suite et une troisième fois en quatre ans.
Après cette défaite gênante aux mains d’un club quelconque, l’entraîneur-chef du Canadien a convenu que ses meilleurs joueurs devront être nettement meilleurs qu’ils devront en donner beaucoup plus en deuxième moitié qu’ils se contentent de le faire depuis le début de la glissade.
Il ne les a pas nommés. Mais on a tous compris. La grande question maintenant est de savoir si ces joueurs comprendront. Ou s’ils voudront comprendre.
Car j’insiste sur ce point : il sera plus difficile de gagner d’ici la pause du Match des étoiles que ce l’était avant les Fêtes. Et ce sera plus difficile encore entre la pause du Match des étoiles et la date limite des transactions le 29 février à 15 h heure de l’Est. Et ce sera plus difficile encore au lendemain de la date limite des transactions jusqu’à la fin du calendrier régulier.
Eh oui, ce sera plus difficile encore en séries!
Mais avant de parler des séries, il faudra d’abord que le Canadien s’arrange pour y accéder. Et pour le moment, c’est loin d’être assuré.