EDMONTON - Le Canadien a joué le tour à ses adversaires très souvent effaçant des déficits d’un, deux, trois, voire quatre buts pour finalement se sauver avec des victoires. Des victoires pas toujours méritées, c’est vrai, des victoires arrachées en prolongation ou en tirs de barrage, mais des victoires quand même.
Il s’est fait jouer ce mauvais tour moins souvent. Beaucoup moins souvent. Tellement moins souvent que Michel Therrien, encore secoué par la remontée de quatre buts sans riposte des Oilers qui ont transformé l’avance confortable de son équipe en revers inacceptable de 4-3, était incapable de retracer la date d’un tel écroulement. « Je ne me souviens pas d’avoir déjà vécu ça », a même lancé l’entraîneur-chef du Canadien quand on lui a demandé de commenter la déconfiture de son équipe.
Le Canadien a été victime de quatre buts consécutifs le 2 mars dernier. À San Jose. Lors de ce match, les Sharks avaient toutefois blanchi le Tricolore 4-0. Chez le Canadien hier soir, on ne pouvait retracer la dernière fois qu’il avait échappé une avance de trois buts pour finalement encaisser un revers en temps réglementaire. Nos collègues de Sportsnet à Edmonton pointaient toutefois le 3 février 2008 contre les Rangers de New York comme dernière date d’un tel renversement.
D’invincibles à simples mortels
S’il faudra un peu de temps et de recherche pour confirmer le tout, il est beaucoup plus facile d’expliquer ce qui s’est produit au Rexall Place jeudi. « On avait le contrôle du match et on l’a perdu en deuxième période alors qu’on s’est mis à jouer “fancy” et à perdre des batailles pour les rondelles. C’est inacceptable », a reconnu l’entraîneur-chef du Canadien.
C’est d’ailleurs une perte de rondelle de David Desharnais en zone défensive qui a ouvert la voie au but gagnant des Oilers. Un but de Leon Draisaitl qui déjouait Carey Price pour la deuxième fois du match. Mais des erreurs comme celle commise par le petit joueur de centre, le Canadien les a multipliées au cours des 40 dernières minutes de jeu.
Comme s’ils avaient décidé d’économiser leur énergie en vue du match de vendredi à Calgary, les joueurs du Tricolore ont carrément cessé de jouer après qu’ils eurent pris les devants 3-0 au premier tiers. Après avoir marqué trois buts sur 11 tirs, le Canadien n’a obtenu que 10 tirs au cours des 40 dernières minutes de jeu. Inversement, les Oilers qui avaient mis Price à l’épreuve cinq fois seulement ont tiré 11 fois en période médiane et 11 fois également au dernier tiers.
« On se croyait invincibles », a d’ailleurs admis candidement Max Pacioretty.
L’issue du match rappellera au capitaine et à ses coéquipiers qu’en dépit leur séquence historique de neuf gains consécutifs en lever de rideau de la saison, ils sont encore bel et bien de simples mortels.
Pacioretty et ses coéquipiers n’ont qu’eux à blâmer.
Car après le premier but des Oilers, un but marqué en avantage numérique en fin de période médiane, le Canadien était encore en très bonne posture. Il l’était même lorsque les jeunes Oilers se sont rapprochés à un seul but en début de troisième. Mais au lieu de réagir pour contrer l’éveil des Oilers, le Canadien est demeuré bien assis sur ses lauriers. Avec les résultats qu’on connaît.
Encore McDavid
On peut critiquer le Canadien vertement. Il le mérite d’ailleurs amplement. Mais il est important cela dit de rendre hommage aux jeunes Oilers qui ont su profiter de l’inertie du Tricolore.
Connor McDavid avec deux passes, plusieurs belles poussées dont une presque échappée aux dépens de P.K. Subban alors que le Canadien était en avantage numérique et un sens du jeu remarquable a prolongé à sept sa séquence de matchs consécutifs avec au moins un point. Il est rendu à quatre buts et 11 points lors de ces sept matchs. Ses 12 points le placent au premier rang des marqueurs chez les recrues.
McDavid a d’ailleurs offert à Benoit Pouliot la passe qui lui a permis de niveler les chances en troisième. « Je vous l’avais dit ce matin qu’il était bon. Je n’ai pas crié sur le jeu, car je ne voulais pas réveiller les défenseurs du Canadien. Il m’a quand même repéré et sa passe était parfaite », racontait Pouliot qui a déjoué Carey Price avec un bon tir bas du côté du bâton.
Quelques minutes plus tôt, Pouliot s’était fait voler un but non pas par Carey Price mais par P.K. Subban qui a intercepté la rondelle au vol avec son bâton alors qu’elle était sur le point de traverser la ligne rouge. « Regarde bien la reprise, j’avais commencé à lever mon bras tellement j’étais convaincu de marquer », a ajouté Pouliot qui a aussi racheté sa pénalité stupide écopée en première aux dépens de David Desharnais. Une pénalité qui a conduit au premier but du Canadien alors que Brendan Gallagher a fait dévier un tir de P.K. Subban.
Heureux d’avoir marqué contre son ancienne équipe, Benoit Pouliot était surtout ragaillardi par la victoire. « Ça nous prenait une victoire comme ça pour nous motiver. Pour récompenser ce qu’on fait de bien depuis le début de l’année. En troisième, on a vraiment senti que le momentum avait changé. On a cru en nos chances de revenir et on a surtout pris les moyens pour revenir. »
Pointés du doigt par leur entraîneur-chef Todd McLellan après l’entraînement matinal des Oilers, Ryan Nugent-Hopkins et Taylor Hall ont disputé un fort match. Ils ont contribué aux deux buts du jeune Leon Draisaitl que McLellan leur a confié pour son premier match suivant son rappel du club-école. Hall aurait pu ajouter un but à ses deux passes n’eût été l’arrêt brillant réalisé par Carey Price avec la mitaine à ses dépens.
Parlant de Price, il ne peut être blâmé dans la défaite. Oui il a accordé quatre buts sur 27 tirs, mais il a aussi réalisé plusieurs très gros arrêts.
Ces gros arrêts n’effaceront toutefois pas la déception du gardien du Canadien qui voit son calvaire face aux Oilers se prolonger. Carey Price est toujours en quête d’un premier gain en carrière à Edmonton après un 4erevers au Rexall Place.
Heureusement pour lui, le Canadien ne reviendra plus dans le plus vieil édifice de la LNH alors que les Oilers déménageront dans leur nouveau domicile du centre-ville dès le début de la saison prochaine. Il ne faudrait d’ailleurs pas se surprendre que ce soit le Canadien, toujours très populaire dans l’Ouest canadien et plus particulièrement dans la capitale albertaine, qui soit invité à disputer le match inaugural.
D’ici là, Price pourra se reprendre face aux Oilers qui feront escale au Centre Bell le 6 février prochain. Car après la défaite de jeudi, le gardien du Canadien présente un dossier fortement déficitaire de 1-6-1 contre les Oilers.