Il fallait s'attendre à voir les Rangers de New York rebondir lors de la troisième partie de la série contre les Sénateurs d'Ottawa. Une équipe qui est au pied du mur et qui revient à la maison n'a pas le choix de livrer un bon match pour revenir dans la série.
Les hommes d'Alain Vigneault n'avaient pas le luxe d'échapper une troisième partie et il fallait s'attendre à une réaction. Comme en situation de match, un club qui tire de l'arrière au début de la troisième période n'a d'autres choix que de tout tenter pour essayer d'arracher la victoire. Les Rangers ont été sérieux et une série de petits gestes ont prouvé qu'ils y tenaient à ce match. Le défenseur Erik Karlsson a été frappé de toutes les façons possibles en début de match et ils ne lui ont pas donné d'espace.
Les gros joueurs des Rangers ont livré la marchandise et ils ont donné la meilleure réplique aux Sénateurs qui avaient enlevé les deux premières rencontres. Comme toutes les formations en séries, les Rangers ont besoin que tout le monde travaille intensément et d'un peu de chance. Dans les séries, on ne parle pas de talent, mais bien d'intensité, de détermination et de caractère. Le nombre de coups donnés n'est pas l'aspect le plus important, mais le nombre de coups que tu peux encaisser avant de répliquer est majeur dans l'équation. Je pense que les Rangers ont démontré qu'ils étaient capables autant d'encaisser que de donner.
Le troisième match des Rangers a permis de voir la vraie identité de cette équipe, sauf que cette fois, ils ont pu compter sur leur gardien Henrik Lundqvist, qui ressemblait à celui qui a battu le Canadien de Montréal en première ronde. Un arrêt important d'un gardien procure une dose d'énergie équivalente à un but marqué par ton club.
L'agressivité des Rangers a permis de provoquer des erreurs chez les défenseurs des Sénateurs. L'échec avant a été efficace et n'a pas laissé le temps à l'escadrille de la défense des Sénateurs de bien réagir. À force d'avoir la tête dans la baie vitrée, ce n'est vraiment pas facile de jouer. Je crois que les Rangers ont amorcé cette partie avec l'idée d'étouffer l'espace et le temps pour enfin aller chercher une première partie dans la série.
Tout est ouvert dans l'Ouest
Les Predators de Nashville ont du vécu. On a un peu tendance à l'oublier parce que c'est une formation qui évolue dans l'Ouest, mais les Preds ont déjà participé aux séries.
Au fil des années, Nashville a développé une grosse défensive, mais cette formation a réussi à y greffer des éléments offensifs. L'ajout de P.K. Subban est une pièce de plus dans le schéma de l'équipe qui a cherché à obtenir de l'attaque à toutes ses positions. L'apport de Subban n'est pas de donner plus d'espace aux attaquants et l'entraîneur Peter Laviolette sait bien que son défenseur est plus à risque, mais d'un même trait, il considère que le gardien Pekka Rinne est capable de faire la différence. Le club estimait qu'il pouvait se permettre de courir ce risque et c'est exactement ce que leur jeu démontre.
La défense est plus à risque, c'est vrai, mais c'est une défensive qui a la rondelle plus souvent. En fin de compte, les Predators sont gagnants. Ce sont les équipes qui ont les meilleures offensives qui gagnent parce qu'ils se marquent peu de buts. En séries, tous les clubs jouent bien en défense parce que tout le monde se sacrifie sur 200 pieds, mais c'est l'attaque qui permet de faire la différence.
Les Predators sont devenus une équipe mature. Leur identité était défensive, mais ce n'est plus le cas. Ça me fait penser aux équipes des pays faibles dans les années 80 où des formations comme la Suisse ont tellement été malmenées qu'elles ont appris à se défendre. C'est un peu la même chose avec les Predators, qui ont su se bâtir une équipe solide défensivement dans leurs premières années. Il faut donner beaucoup de crédit à Barry Trotz pour cet aspect de leur jeu. On a toujours vu cette équipe compétitive au plan défensif, mais quand arrivaient les séries, ils n'avaient pas l'ADN de l'attaque pour être capables de gagner. Ce n'est plus vrai.
La coupe Stanley pourrait passer l'été dans la ville du country. Depuis l'élimination des Blackhawks de Chicago, tout peut arriver. Un club Cendrillon pourrait sortir de l'Ouest. Avec Chicago hors du portrait tout est ouvert et cette affirmation est aussi vraie pour les Oilers d'Edmonton. Nashville n'est pas différent des autres. Quand une fenêtre s'ouvre pour gagner la coupe, il ne faut surtout pas se dire qu'on va être meilleur l'an prochain. Il faut y aller immédiatement et saisir sa chance.
*propos recueillis par Robert Latendresse