jeudi 27 octobre 2016

Marc Bergevin a rebondi

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Shea Weber et Marc Bergevin
Shea Weber et Marc Bergevin (Source d'image:RDS)
J’admets avoir eu mes doutes sur la capacité de Marc Bergevin à bien réagir durant la dégringolade de son équipe, la saison dernière. Et encore plus sur son habileté à pouvoir gérer une situation de crise.
Bergevin avait accompli des choses intéressantes après avoir succédé à l’ineffable Pierre Gauthier. L’équipe avait régulièrement changé de visage, pas nécessairement en vertu de gestes spectaculaires, mais Bergevin laissait entrevoir qu’il était constamment à la recherche de solutions.
Quand Carey Price a subi une blessure grave, qui a limité sa saison à 12 matchs, deux facteurs en sont ressortis. Le leadership dans l’équipe, c’était lui qui l’exerçait. Le caractère du Canadien qu’on croyait fort était également le sien. Il faussait la réalité par des performances qui donnaient l’impression que l’équipe était supérieure à ce qu’elle était. Sans Price et sans cette boule d’énergie qu’est Brendan Gallagher, qui s’est absenté durant 29 matchs, le Canadien est passé du meilleur début de saison de son histoire à une formation qui pouvait facilement être battue.

Bergevin n’a pas su trouver des solutions pour stopper l’hémorragie. Peut-être avait-il commis l’erreur de surévaluer les forces de sa troupe? Peut-être s’est-il ouvert les yeux sur ses véritables besoins? Il a su avant tout le monde que la blessure de Price était sérieuse. Pourtant, sa première décision a été d’acquérir un gardien de la Ligue américaine, Ben Scrivens,  qui n’a pas mis de temps à y retourner. Scrivens avait l’unique avantage de ne pas coûter cher. Il a été obtenu une dizaine de jours après que Bergevin eut échangé Dustin Tokarksi aux Ducks d’Anaheim en croyant avoir trouvé en Mike Condon le parfait numéro deux, derrière Price. Condon a été un très bon dépanneur dans les circonstances, mais le Canadien aurait eu besoin d’une injection de talent supérieure au petit Américain dans les circonstances.
La saison s’est avérée un cafouillis complet durant lequel on a incité les amateurs à une certaine patience en leur servant des amuse-gueules comme Mark Barberio, Daniel Carr, Jacob de la Rose, Phillip Danault, Stefan Matteau, Lucas Lessio, Charlie Lindgren, Joel Hanley, Michael McCarron et même le gros et sympathique John Scott. Tous ces changements mineurs ont tenu les médias occupés sans pouvoir faire une grande différence.
Autant Bergevin a paru désorganisé, autant il a donné l’impression d’être capable de se retourner sur une pièce de 10 cents durant l’été. Il a frappé fort avec Shea Weber, Alexander Radulov, Andrew Shaw et Al Montoya. Il a aussi fait la démonstration qu’il était vraiment prêt à tout pour refaire du Canadien une organisation crédible en ouvrant la porte à un jeune attaquant, Arttturi Lehkonen, dont le talent offensif est évident. Si on n’était pas en train d’amorcer un tournant majeur pour tenter de gagner à court ou à moyen terme, on lui aurait sans doute recommandé de passer une autre saison en Suède.
Que d’émotivité!
Une bonne partie du public a crié haut et fort son mécontentement en apprenant que P.K. Subban avait été échangé. Il s’est aussi demandé si le risque de 5,75 millions $ n’était pas trop élevé dans le cas du controversé Alexander Radulov. On avait réagi plus fortement encore quand Jaroslav Halak avait été sacrifié au profit de Carey Price et quand on avait laissé partir Alexei Kovalev à Ottawa sans rien n’obtenir en retour.
On avait marché devant le Centre Bell dans un élan majeur de protestation destiné à ramener Halak. Pourtant, il y avait des signes tellement évidents qui plaidaient en faveur de Price. Dans une ère où les gardiens de grande stature étaient recherchés, Halak était le plus petit gardien numéro un de la ligue à cinq pieds et 11 pouces. En outre, de quoi le Canadien aurait-il eu l’air aux quatre coins de la ligue s’il avait échangé une cinquième choix de repêchage pour confier son avenir à un 271e choix? Même si le public a mal réagi, on sait tous que cette décision a été la bonne.
De son côté, Kovalev était un joueur de classe mondiale qui irritait coéquipiers et partisans en se présentant un soir sur trois. Après l’avoir vu répéter le même manège à Ottawa durant deux saisons, les amateurs montréalais n’ont plus jamais crié au scandale au sujet de son départ.
Par ailleurs, c’était évident qu’on monterait aux barricades et qu’on menacerait de pendre Bergevin en effigie à la suite du départ surprise de Subban. Une réaction compréhensible de la part d’un public qui ignorait les facteurs ayant motivé cette transaction. Subban était plus jeune. Il était étourdissant sur les patins et dans le vestiaire, mais il savait animer un spectacle mieux que personne. Il avait déjà un trophée Norris en banque et on lui en prédisait d’autres. Seul le temps pouvait permettre à Bergevin de justifier cette décision et de la faire mieux passer dans le coeur d’une clientèle désabusée à la suite des insuccès de l’an dernier. Le jour n’est peut-être pas si loin où ce sera chose faite.
Subban connait un bon début de saison et personne ne doute qu’il aidera les Predators à devenir une puissance dans l’Ouest. Weber, lui, a déjà fait du Canadien une équipe supérieure, simplement par son attitude générale, par la présence qu’il exerce dans le vestiaire et par l’exemple qu’il prêche devant ses nouveaux coéquipiers.
Ce qui s’est passé dans le cas de Kovalev, de Halak et de Subban est typique du très fort climat d’émotivité dans lequel le Canadien évolue année après année. On rêve à la coupe quand tout va bien et on menace d’ébranler les colonnes du temple quand on prend des décisions qui impliquent des joueurs adulés.
Il faudra se méfier de ce type de réaction quand Radulov connaîtra une baisse de régime. Il est peut-être fort comme un boeuf, mais il ne pourra pas toujours se comporter comme il le fait en ce moment. Le calendrier de 82 matchs est trop exigeant pour en espérer autant de la part de la nouvelle vedette du Centre Bell.
Certains mentionnent déjà que Radulov est le plus beau talent offensif à se produire dans cet uniforme depuis les beaux jours de Guy Lafleur. Souvenez-vous qu’on avait dit la même chose au sujet de Kovalev. Faudrait se garder une petite gêne quand même. Lafleur n’a jamais été remplacé, ce qui ne veut pas dire qu’on ne s’entichera pas de Radulov au point d’implorer Bergevin de nous le ramener l’an prochain.
J’aime beaucoup ce qu’on voit du Canadien en ce début de saison, mais la prudence est de mise. Une autre blessure à Price nous ferait réaliser que l’équipe est encore loin de posséder tous les éléments pour gagner le gros trophée. Néanmoins, même si l’avenir est directement rattaché à l’état de santé de son gardien, l’ambiance est propice au succès.
Après la victoire de lundi contre les Flyers, il n’y a pas eu de pitreries autour de Price, pas de grandes démonstrations inutiles comme on en voyait dans le passé. On défilait calmement devant le gardien pour le remercier d’avoir tenu le fort encore une fois. À ses côtés, le général Weber, pour qui ce n’était qu’une simple partie en octobre, félicitait ses coéquipiers un à un avec la mine ténébreuse qu’on lui connaît.
Il faudra peut-être attendre que le Canadien gagne la coupe Stanley pour lui voir les dents, celui-là.



Shea Weber : dominant sur tous les fronts

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Canadiens 3 - Islanders 2

J’espère que ceux et celles qui comprenaient mal, voire pas du tout, pourquoi le Canadien a accepté d’échanger un joueur aussi adulé que P.K. Subban afin de mettre la main sur Shea Weber commencent à voir clair.
Avec son troisième but de la saison, son deuxième en avantage numérique et son deuxième filet gagnant, avec sa sixième passe récoltée, avec ses trois mises en échec et quatre tirs bloqués qui font largement contrepoids au revirement qui lui a été attribué, Weber, le joueur le plus utilisé des deux équipes encore hier avec ses 27 présences totalisant 24 min 30 s de temps d’utilisation, a une fois encore joué un rôle de premier plan dans la victoire du Canadien.

Puissance et précisionUne victoire de 3-2 aux dépens des Islanders de New York. Une sixième victoire en sept matchs. Une victoire qui place le Canadien tout en haut du classement général de la LNH alors qu’il est toujours le seul club du circuit à ne pas déplorer de défaite en temps réglementaireAvec ses 169 buts marqués depuis son entrée dans la LNH, dont 82 en avantage numérique, Weber affiche le plus haut total de buts enfilés parmi tous les défenseurs du circuit depuis le début de la saison 2005-200Avec la puissance et la précision de son tir frappé, Weber nous rappelle les meilleurs moments de Sheldon Souray dans l’uniforme du Tricolore.
Il est difficile de croire que Weber pourra maintenir le rythme effréné qu’il impose jusqu’ici toute la saison. Mais de la façon dont il est parti, il pourrait certainement menacer le record du Canadien et de la LNH que Souray a établi en 2006-2007 lorsqu’il a inscrit 19 buts en avantage numérique.
Il pourrait aussi s’approcher des 26 buts marqués par Souray lors de cette saison de rêve. Peut-être même des 28 buts marqués par Guy Lapointe en 1974-1975. Vingt-huit buts qui représentent toujours le record chez le Canadien pour un défenseur.
Promesses tenues
En plus de confirmer toutes les prétentions associées au fait qu’il soit un défenseur redoutable à l’attaque, Shea Weber démontre match après match qu’il l’est tout autant en défensive. De fait, Weber est dominant dans toutes les facettes du jeu.
Débarqué à Montréal avec le double défi de faire gagner sa nouvelle équipe tout en trouvant une façon de faire un peu oublier P.K. Subban qu’il est venu remplacer, Shea Weber est en train de relever les deux défis.

Loin de se préoccuper des comparaisons normales qui seront dressées tout au long de la saison entre lui et l’ancienne grande vedette du Canadien, Shea Weber se contente de jouer au hockey. De bien jouer au hockey. En fait, de très bien jouer au hockey.
Avec un troisième but marqué et un neuvième point récolté, Weber a non seulement accentué son avance au premier rang des marqueurs du Canadien, il s’est aussi hissé parmi les meilleurs marqueurs de la LNH au grand complet.
Son différentiel de plus-12 est le meilleur de la LNH. Et attention, trois des neuf points récoltés par Weber jusqu’ici cette saison ne sont pas pris en considération dans le calcul du différentiel puisqu’ils ont été obtenus lors d’attaque massive du Canadien. Ça démontre un peu plus la très grande valeur offensive et défensive du nouveau pilier du Tricolore.
Au-delà des statistiques
Et on ne parlera jamais assez du leadership et de la stabilité qu’il apporte. Du respect qu’il impose autant dans son vestiaire devant ses coéquipiers qu’une fois sur la glace devant des adversaires qui sont prêts à se rendre coupable de hors-jeu afin d’éviter les contrecoups d’une entrée mal orchestrée en zone du Canadien. D’une entrée susceptible de se terminer avec un face-à-face avec Shea Weber. Le genre de face-à-face qu’une grande majorité de joueurs de la LNH tiennent à éviter.Tout fonctionne pour Michel TherrienEn plus de mousser des statistiques avancées ou non qui disent ce qu’elles veulent dire, Shea Weber se distingue par la très grande quantité et la très grande qualité des facettes plus obscures de ce qu’il accomplit sur une patinoire et au sein d’une équipe. Le genre de « petites choses » impossibles à classer dans un chiffrier, mais qui séparent les bons joueurs, des très bons joueurs, et aussi des excellents.Plusieurs savaient depuis longtemps déjà que Shea Weber occupait une place de choix parmi les excellents défenseurs de la LNH. D’autres se joignent au groupe maintenant qu’ils ont la chance – et j’ajouterais le plaisir – de le voir jouer sous leurs yeux ou presque. Quant à ceux qui doutent encore, peut-être comprendront-ils un jour? À moins qu’ils refusent simplement d’y croire laissant les émotions avoir le dessus sur la raison.