CHICAGO - Le plan de match des Blackhawks était simple : bombarder Ben Bishop autant que lors du troisième match tout en convergeant davantage vers son filet pour lui compliquer la vie et profiter du fait qu’il soit amoindri par les contrecoups d’une ou de plusieurs blessures.
Malgré la victoire cruciale qui permet aux Hawks de niveler les chances 2-2 dans cette série qui se prolongera au grand plaisir des amateurs de hockey qui sont gâtés par les deux équipes, ce plan de match est tombé à l’eau.
D’abord parce que Ben Bishop ne s’est jamais présenté sur la patinoire du United Center. À la surprise générale, Bishop a été remplacé par son jeune auxiliaire Andrei Vasilevskiy et c’est Kristers Gudlevskis qui était assis au bout du banc au cas où. « Nous avons eu écho du changement de gardien pendant le trajet en autobus entre l’hôtel et l’aréna », a indiqué le capitaine Steven Stamkos après la rencontre.
Les joueurs des Hawks ont aussi miné le plan de match de leur entraîneur-chef en étant incapables de générer quoi que ce soit en attaque.
Après leur barrage de 19 tirs sur Ben Bishop au cours de la seule première période lundi, les Hawks n’ont tiré que deux fois sur Andrei Vasilevskiy. Et encore. Plus jeune gardien (20 ans et 10 mois) à prendre part à un match en finale de la coupe Stanley depuis Patrick Roy en 1986, Vasilevskiy a eu la vie facile. Patrick Sharp a obtenu le premier tir des siens – un tir frappé de plus de 40 pieds – après plus de huit minutes d’attente. Le seul autre est venu de la lame du bâton de Duncan Keith sur un tir des poignets décoché une fois encore de très loin.
De fait, c’est à court d’un homme que les Hawks ont le mieux joué en première écoulant les trois attaques massives offertes au Lightning. Ce travail efficace a d’ailleurs donné aux fans des Hawks leurs seuls moments de réjouissance du premier tiers.
Toews sonne la charge
Au lieu de profiter de l’inexpérience du jeune gardien russe pour le déstabiliser avec des assauts répétés, les Hawks ont fait tout le contraire. À mi-chemin dans le match, Chicago n’avait tiré que trois fois. On était loin du plan concocté par Joel Quenneville.
« Nous n’étions pas assez rapides en première période. Le fait que la moitié de la période ait été l’affaire des unités spéciales n’a certainement pas aidé. Mais nous avons passé trop de temps dans notre zone sans être capables d’amorcer de bonnes attaques », a convenu l’entraîneur-chef des Hawks.
Même si les tirs se faisaient attendre – Patrick Sharp au terme d’une échappée et Marcus Kruger sur un tir dévié ont frappé des poteaux – la deuxième a été meilleure pour la troupe de Quenneville.
Sensationnel dans toutes les facettes du jeu hier soir alors qu’il a disputé à mes yeux son meilleur match jusqu’ici en finale, Jonathan Toews a lancé son équipe en avant. Il a complété une belle poussée orchestrée par Marian Hossa et Patrick Sharp. Ce n’est pas le talent brut de Toews qui lui a permis de marquer son premier but de la finale, son 10e des séries, un nouveau sommet personnel en carrière pour le capitaine des Hawks. C’est sa détermination et sa façon de batailler devant le filet.
Crawford résiste
Pour une rare fois en finale, les Hawks profitaient d’une avance. Une avance qui n’a pas duré. Contrairement à lundi, le Lightning a eu besoin de plus de 13 secondes pour niveler les chances, mais tout juste cinq minutes après le but de Toews, Alex Killorn calmait les ardeurs des fans des Hawks.
Oublié devant le filet de Corey Crawford, le Montréalais a reçu une passe sensationnelle de Valtteri Filppula qui était derrière le but du gardien des Hawks lorsqu’il a ramené la rondelle derrière lui pour rejoindre Killorn qui a tiré dans un filet désert.
Ce but de Killorn n’a toutefois pas déstabilisé Crawford devenu le souffre-douleur des partisans des Hawks et de plusieurs journalistes de Chicago et d’ailleurs autour de la LNH.
S’il est vrai que Crawford est capable du meilleur comme du pire – il l’a prouvé avec des cadeaux offerts au Lightning dans les défaites encaissées lors des matchs deux et trois – le gardien de Châteauguay s’est contenté du meilleur mercredi.
Après avoir accordé le but égalisateur à Killorn, Crawford a résisté aux autres assauts du Lightning pour garder son équipe dans le coup.
En troisième, après que Brandon Saad eut redonné l’avance à son équipe, Crawford s’est vraiment distingué. Il s’est d’abord imposé devant Tyler Johnson avant de multiplier les arrêts en fin de rencontre alors que le Lightning avait rapatrié Vasilevskiy au banc.
Steven Stamkos a raté deux occasions en or. Il a été stoppé par Crawford sur l’une d’elles alors que sur l’autre, Brent Seabrook a fait dévier un tir de Stamkos qui aurait autrement créé l’égalité.
Non seulement le défenseur Victor Hedman a levé les bras en l’air croyant que son capitaine venait de marquer, mais le défenseur Niklas Hjalmarsson en était lui aussi convaincu. « Je ne suis pas fâché de m’être trompé », a-t-il reconnu après la victoire de 2-1 des Hawks.
Une autre victoire par un but. Une quatrième de suite dans cette finale très relevée.
Visiblement épuisé après la rencontre, Corey Crawford a admis avoir eu chaud dans les derniers moments de la partie. « Pour dire la vérité, je ne sais plus trop comment tout s’est déroulé. L’important c’est d’avoir gagné. Il y a un monde de différence entre niveler les chances 2-2 et se retrouver en arrière 1-3. Nous étions confiants ce matin, mais cette victoire nous permet de l’être davantage », a souligné le gardien québécois.
Quand on lui a demandé d’expliquer pourquoi lui et ses coéquipiers avaient autant de difficulté à maintenir des avances aux dépens du Lightning, Crawford a tenu à rendre crédit à ses adversaires. « Vous semblez oublier qu’ils forment une très bonne équipe. Qu’ils jouent du très gros hockey. »
Ancien du Lightning avec qui il a gagné la coupe Stanley en 2004, Brad Richards a même assuré que Tampa formait la meilleure équipe défensive affrontée par les Hawks depuis le début des séries.
Richards, comme son capitaine Jonathan Toews et l’entraîneur-chef Joel Quenneville, s’est aussi assuré de rendre hommage à son gardien Corey Crawford.
« En tant qu’équipe, nous n’avons pas disputé notre meilleure partie ce soir et il est clair que « Crow » a été notre meilleur joueur. Ce sont des matchs difficiles. Un autre qui se décide par un seul but. Ce n’est pas facile pour les gardiens de jouer dans ce genre de partie », a mentionné Richards.
« Je vais vous laisser faire vos propres commentaires sur le travail de Corey, mais au sein de notre équipe on sait tous ce qu’il est capable de faire. Quand on perd, c’est lui qui absorbe les défaites même si on ne joue pas bien devant lui. C’est injuste », a renchéri Toews.
Après avoir qualifié de simplement correcte la performance de son gardien après la défaite de lundi, Joel Quenneville s’est montré plus positif à l’égard de Crawford. « Il a été sensationnel ce soir. Cette victoire est une victoire de gardien. J’ai beaucoup aimé la façon dont il s’est battu ce soir. Il l’a démontré en se dressant devant son but comme il l’a fait en fin de rencontre alors que nous étions attaqués de partout. Il a joué un gros match. Il a bien répondu. »
Bishop au repos
Le mystère demeure entier quant à l’état de santé réel du gardien Ben Bishop. Profitant d’une avance de 2-1 dans la série et considérant que le prochain match ne sera disputé que samedi, le Lightning pouvait se permettre d’afficher la carte de la prudence à l’endroit de son gardien un brin ou deux mal en point. Le congé d’hier combiné aux deux jours de traitements et de repos qui l’attendent devrait grandement l’aider.
Jon Cooper s’est toutefois bien gardé de lever le voile sur quoi que ce soit concernant son gardien. « Bishop n’a pas joué ce soir parce qu’il ne pouvait pas jouer. Je suis convaincu qu’il disputera une autre rencontre dans cette série finale, mais je ne peux pas vous dire si ce sera lors de la prochaine partie ou plus tard », a indiqué le coach du Lightning.
Cooper était aussi ravi de la performance de son jeune gardien venu en relève après une performance de deux buts accordés sur les 19 tirs des Hawks. « Il a fait du gros boulot en limitant Chicago à seulement deux buts. Nous gagnons bien plus de matchs que nous en perdons lorsque nous n’accordons que deux buts. L’ennui ce soir, c’est que nous n’en avons marqué qu’un. Mais Andrei a fait tout ce que nous lui avions demandé de faire. Il nous a donné une chance réelle de gagner. Dans les faits, sa performance n’a rien de surprenant. Elle n’a fait que confirmer ce que nous vous disons depuis le début de la saison. Que nous avons pleinement confiance en lui et que nous n’avons aucune inquiétude à faire appel à ses services, peu importe les circonstances. »
Quant au principal intéressé, il était très heureux de son baptême en finale de la coupe Stanley malgré le résultat final de la rencontre.
« J’étais un peu nerveux avant la rencontre, mais surtout très excité de prendre part à un match en finale de la coupe Stanley. J’ai réalisé un rêve. Je peux jouer mieux que je l’ai fait ce soir, mais considérant que c’était un premier départ en près de deux mois, je crois que j’ai été assez bon. »
Les Hawks et le Lightning ont congé d’entraînement jeudi.