La dernière fois que le Canadien a encaissé six défaites de suite, c’était en octobre 2011. Histoire de fouetter son équipe et de servir un avertissement à son entraîneur-chef, Pierre Gauthier, alors directeur général du Tricolore, avait congédié Perry Pearn, l’un des adjoints de Jacques Martin quelques heures avant un affrontement contre les Flyers qui étaient de passage au Centre Bell.
Monsieur Gauthier, qui avait pris cette décision à l’insu de son entraîneur-chef, avait obtenu une victoire quelques heures plus tard alors que le Canadien avait rossé Philadelphie 5-1.
C’était le 26 octobre.
Moins de deux mois plus tard, Jacques Martin était limogé à son tour et Pierre Gauthier nommait Randy Cunneyworth dans le cadre d’un des pires vaudevilles de l’histoire du Canadien qui allait rater les séries le printemps suivant.
La dernière fois que le Canadien a encaissé 10 revers en 11 matchs, c’était en novembre 2000. Alain Vigneault n’avait pas survécu à cette glissade alors que le jeune entraîneur-chef - et son patron de l’époque Réjean Houle - avaient été limogés à la faveur d’André Savard à titre de directeur général et de... Michel Therrien qui était jusque là le coach du club-école.
Dans un match au cours duquel le Canadien a encore accordé le premier but, a multiplié les revirements coûteux, a perdu plus de batailles individuelles le long des bandes, a perdu plus de courses pour des rondelles libres qu’il en a gagnées et s’est surtout contenté de marquer un seul but pour une troisième rencontre consécutive, la troupe de Michel Therrien a perdu 3-1 à Washington samedi.
Ça lui fait six revers de suite, comme en octobre 2011. Ça lui fait 10 revers en 11 matchs comme en novembre 2000. Est-ce à dire que Michel Therrien est menacé de perdre son poste?
Je ne crois toujours pas.
Bon! Il faudra que cette séquence cesse un moment donné. Ce qui est loin d’être acquis quand on considère que le Lightning et les Panthers que le Canadien croisera lundi et mardi en Floride traversent des séquences diamétralement opposées à celle du Tricolore en fait de succès sur la patinoire. Cela dit, tous les clubs représentent de gros défis en ce moment tant le Canadien est à plat offensivement et émotivement. Presque amorphe en dépit des commentaires des joueurs et d’un entraîneur-chef qui tente visiblement de contenir son calme pour éviter d’envenimer les choses.
Michel Therrien est certainement dans une position inconfortable. Il pourrait même être en danger un moment donné.
Mais tant que Carey Price manquera à l’appel et que Brendan Gallagher ne sera pas de retour pour donner un survoltage à une attaque qui en a grand besoin, je crois qu’il profitera d’un sursis.
Remarquez que ce sursis dépend uniquement du niveau de patience du directeur général Marc Bergevin et peut-être aussi un peu de celui du propriétaire qui, sans se mêler des opérations hockey, pourrait peut-être commencer à poser des questions qui attiseraient l’impatience de son DG. Mais le conditionnel est de mise ici, car Geoff Molson se tient loin des affaires quotidiennes de son équipe de hockey.
Ce qui est loin d’être le cas de Marc Bergevin qui a le nez collé aux opérations quotidiennes, qui est très présent dans le vestiaire, qui a des liens étroits avec les joueurs. Avec ce que cela apporte de bon et de moins bon pour son coach.
Transactions imminentes?
Si je considère qu’il soit prématuré de croire que Marc Bergevin limogera son coach, je crois qu’il est plus que temps de secouer l’équipe avec une ou des transactions.
Le Canadien et les 29 autres équipes de la LNH pourront recommencer à transiger à minuit le 27 ou dès la première minute du 28 décembre selon l’échéance que vous préférez.
Ça ne veut pas dire que Bergevin et ses homologues n’ont pas négocié au cours du gel imposé par la LNH pour la pause de Noël. À ce titre, je ne serais pas surpris qu’on nous annonce pas longtemps après le dégel que Zach Kassian tentera de revenir dans la LNH au sein d’une autre organisation. Ou que le calvaire de Jarred Tinordi à Montréal est enfin terminé.
Mais ce n’est pas en obtenant des considérations futures pour Kassian ou un choix de deuxième ronde pour Tinordi que Marc Bergevin offrira à son coach des munitions pour l’aider à survivre en attendant les retours de Gallagher - autour du premier janvier - et de Price qui devrait en avoir pour encore une quinzaine de jours selon les évaluations les plus optimistes.
Est-ce que Bergevin pourrait se montrer moins patient à l’égard de certains joueurs vedettes qu’il semble prêt à l’être avec son coach?
La question mérite considération.
Plusieurs rumeurs - certaines sérieuses - laissent entendre que le Canadien s’intéresse vraiment à l’attaquant de puissance Wayne Simmonds des Flyers de Philadelphie.
Rien de plus normal. De fait, tous les clubs devraient s’intéresser à lui en raison de sa taille, de ce qu’il amène sur le plan robustesse, du fait qu’il est en mesure de marquer entre 25 et 30 buts par année et surtout qu’il est sous contrat jusqu’en 2019 à un prix très raisonnable puisque Simmonds ampute la masse salariale de seulement 3,975 millions $ par saison.
Des vérifications effectuées par mon collègue Mathieu Darche du côté de Philadelphie permettent de croire que les Flyers sont loin de vouloir se départir de Simmonds. Malgré le fait qu’il ne revendique que neuf buts, et 19 points en 34 matchs, l’ailier droit de 27 ans est l’un des catalyseurs des Flyers qui sont en ascension au classement.
Il faudrait donc faire une offre plus qu’intéressante pour faire réfléchir les Flyers, voire les convaincre. Marc Bergevin serait-il prêt à sacrifier un défenseur comme Nathan Beaulieu, voire un attaquant comme Alex Galchenyuk pour obtenir Simmonds et son contrat avantageux à long terme?
Sur les médias sociaux samedi, plusieurs partisans outrés ont répondu un non catégorique à cette question. Je veux bien. Mais si le Canadien veut obtenir Wayne Simmonds, ou un joueur de son envergure, quel que soit son nom, il faudra donner plus que Tinordi, Kassian, Andrighetto, Emelin, voire Eller en retour.
Je déteste me laisser bercer par les vagues de rumeurs qui sont toujours dangereuses et rarement véridiques, mais dans la situation actuelle il est clair que le Canadien doit bouger. Il est presque évident que le Canadien bougera. Dans quelle direction et surtout en utilisant quel(s) joueur(s) comme appât(s)?Je n’ai pas d’informations assez solides en mains pour vous guider vers un ou des scénarios probables. Je sais toutefois une chose : je serais prêt à donner beaucoup pour mettre la main sur Wayne Simmonds et son contrat ou pour tout autre joueur de la trempe de Simmonds. Surtout s’il est ailier droit, s’il a sa stature et sa capacité de marquer des buts et s’il est sous contrat à si juste prix pour une longue période.
Est-ce que j’irais jusqu’à placer le nom de Galchenyuk dans l’équation? Oui! Mais je m’arrangerais pour maximiser ce que j’obtiendrais en retour.
On verra ce que Marc Bergevin fera...
Car il semble évident qu’il doit faire quelque chose, qu’il ne peut regarder son équipe plonger comme elle le fait au classement en se disant simplement qu’un jour ou l’autre Brendan Gallagher et Carey Price viendront redresser la situation.
Condon a acheté du temps
Parce que Mike Condon a excellé devant le filet du Canadien samedi à Washington, le gardien pointé du doigt la semaine dernière par Michel Therrien - il a aussi pointé du doigt Dustin Tokarski - et les partisans ne peut être blâmé dans le dernier revers du Canadien.
Il a même évité à ses coéquipiers l’affront de la dégelée qui les guettait malgré le fait que les Capitals semblaient jouer au ralenti à leur retour du congé de Noël.
Condon a effectué beaucoup plus de gros arrêts que Braden Holtby a eu à en faire samedi. Selon mon évaluation personnelle - donc très subjective - j’ai donné au Tricolore six ou sept bonnes occasions de marquer. Les Caps en ont obtenu plus du double.
Pas surprenant alors que le Canadien ait accordé le premier but dans un sixième match de suite (six revers) et que dans ces six matchs, il ait accusé des déficits de 0-4, 0-3 (trois fois) et 0-2 (deux fois) avant de marquer son premier but. Quand il en a marqué un.
Dans sa séquence de 10 revers en 11 matchs, le Canadien a enfilé le premier but à trois reprises seulement. Une fois il a gagné (3-1 contre Ottawa), mais deux fois il a perdu : 3-2 contre la Caroline, 3-1 contre Boston.
Dans sa séquence actuelle de six revers, le Canadien s’est contenté de marquer six buts seulement. Il en a marqué 13 lors de ses 10 dernières défaites et s’est contenté de 18 buts dans les 12 matchs disputés (moyenne de 1,5 par partie) depuis le début du mois de décembre.
Seul marqueur pour le Tricolore samedi, Daniel Carr avec ses quatre buts est le meilleur franc-tireur du club en décembre devant Paul Byron (3), Sven Andrighetto (2 en 8 matchs), Brian Flynn (2) et Max Pacioretty (2).
Ça vous donne une idée de l’envergure des ennuis qui minent le Canadien en ce moment.
Ça ouvre aussi toute grande la porte aux questions : combien de temps encore le directeur général Marc Bergevin sera-t-il patient? Combien de temps encore acceptera-t-il de voir son équipe offrir des performances qui sont du pareil au même, défaite après défaite?
En attendant les réponses, bon dimanche!