samedi 25 juin 2016

Le choix du CH Mikhail Sergachev ne manque pas de caractère

http://www.rds.ca/hockey/lnh/repechage/

Une soirée chargée pour le CH

ÉRIC LEBLANC
VENDREDI, 24 JUIN 2016. 20:12 (MISE À JOUR : VENDREDI, 24 JUIN 2016. 22:36)

BUFFALO – Lorsque Gary Bettman a annoncé que le Canadien avait procédé à une transaction, immédiatement après la première sélection de la soirée, les amateurs montréalais ont retenu leur souffle pensant que l’organisation venait de frapper un coup de circuit.
Il s'agissait plutôt d'une balle courbe qui a été lancée par le directeur général. En effet, Marc Bergevin a acquis les services d'Andrew Shaw en retour de ses deux choix de deuxième ronde cette année (39e et 45e échelons). Dans la même lignée, il a cédé Lars Eller aux Capitals de Washington pour remettre la main sur des choix de deuxième tour en 2017 et 2018.
C'est donc dire que ce mouvement ne servait pas à se départir de P.K. Subban ou bien à s’approprier les services très convoités de Pierre-Luc Dubois qui s’est levé de son siège dès la troisième sélection.
« J’étais peut-être un peu surpris, mais pas à tomber en bas de ma chaise. On avait identifié la possibilité que ça arrive », a reconnu Bergevin sur la décision des Blue Jackets de miser sur Dubois.
L’attente des partisans a pris fin, au neuvième rang, quand le Tricolore s’est amené sur la scène de l’aréna des Sabres. Quand Trevor Timmins, le grand manitou du repêchage pour le Canadien, a annoncé qu’il pigeait chez les Spitfires de Windsor, le nom de l’imposant attaquant Logan Brown semblait plausible.
Cependant, le Canadien a choisi de se tourner vers le prometteur défenseur russe Mikhail Sergachev qui se classait parmi les trois meilleurs espoirs à la ligne bleue – avec Olli Juolevi et Jakob Chychrun – dans la cuvée 2016.
« On préférait le défenseur », a brièvement justifié Bergevin qui ne voulait pas s’étendre sur ce sujet.
Quant à Sergachev, il avait hâte d’entendre la fin de la phrase de Timmins.
« Je me suis mis à écouter attentivement, je pensais que ce serait peut-être plus lui avant moi », a reconnu Sergachev en parlant de son bon ami.
Bergevin et son entourage n’avaient pas un penchant envers Sergachev pour rien. À vrai dire, ils ont déjà un plan en tête pour l’arrière dont le caractère ne fait aucun doute. En raison de sa nationalité et de sa fluidité sur patins, Sergachev a parfois été associé à Andrei Markov. Ça tombe bien puisque l’état-major le voit justement comme un digne successeur au numéro 79.
« Notre projection sur lui, c’est qu’il pourra éventuellement le remplacer même si Andrei nous rend encore de précieux services. On était très heureux de faire son acquisition, on parle d’un gros bonhomme qui peut jouer à gauche et à droite. Il est solide, il est épais, c’est un beau joueur de hockey », a décrit Bergevin en réalisant qu’il n’avait pas choisi la meilleure traduction.
« Quand je dis épais, je ne le dis pas dans ce sens-là. C’est plus costaud », a précisé Bergevin qui ne pouvait guère s’empêcher de rire après une soirée fort chargée.  
De son côté, inutile de dire que Sergachev était flatté par le compliment autour de Markov.  
« C’est vraiment cool! C’est l’un des meilleurs défenseurs de la planète », a réagi le grand défenseur.
Sergachev devra continuer sa tangente de développement s’il veut avoir la chance de jouer quelques matchs avec Markov. À 37 ans, le vétéran du Canadien finira par accrocher ses patins. 

« J’aimerais ça, il est mature et il connaît tout du hockey. »
Bon joueur de poker, Bergevin a assuré que la sélection de Sergachev était celle désirée quand ce fut le temps de passer à l’action.
« Après les quatre ou cinq premiers choix, on se dirait qu’il pouvait partir à n’importe quel moment. Quand notre tour est arrivé, c’était unanime qu’on le prenait », a noté le DG qui aime le fait que Sergachev n’a pas froid aux yeux.
Affichant un grand sourire avec son chandail bleu-blanc-rouge sur le dos, Sergachev était emballé d’avoir été recruté par le Canadien.
« C’est très spécial, c’est le plus beau des sentiments. Montréal est une grande ville de hockey. Je ne pourrais pas demander mieux », a révélé le patineur qui fêtera son 18e anniversaire samedi.
Quand un confrère lui a demandé ce qui lui venait en tête en songeant au Canadien, il a répondu ceci.  
« Je sais que c’est une grande organisation avec beaucoup de partisans. J’ai entendu que c’était une bonne ville », a indiqué le gaucher qui sera maintenant bien connu au Québec.
C’est donc dire que, pour une deuxième année de suite, le Canadien a repêché un défenseur à son premier tour de parole. Noah Juulsen avait été choisi au 26e rang en 2015.
Sergachev n’a pas retenu l’attention de Timmins et ses collègues pour rien. Charismatique comme Nikita Scherbak, le premier choix du CH en 2014, a démontré une impressionnante progression à sa première saison en Amérique du Nord avec les Spitfires.
« Je suis un défenseur complet qui patine bien et qui possède un bon lancer. J’aime aussi jouer dans toutes les situations. J’aimerais jouer dans la LNH le plus tôt possible, je voudrais utiliser la chance dès l’an prochain si on me la confie », a proposé l’auteur de 17 buts et 40 aides en 67 parties.
« Je dois progresser encore défensivement, je veux dire par là de jouer avec plus d’ardeur dans la zone défensive et devant le filet », a-t-il admis. 
Comme l’a raconté Nicolas Landry dans son profil sur Sergachev, le défenseur de six pieds trois pouces et 206 livres a progressé tout aussi rapidement sur la glace qu’à l’extérieur.
Il a notamment appris l’anglais à une vitesse fulgurante. Ainsi, sa facilité avec les langues pourrait l’aider à se débrouiller en français sans trop tarder.
« Mon père m’a dit que je devais apprendre deux langues, l’anglais et le français », a répliqué Sergachev quand l’auteur de ces lignes lui a proposé ce scénario.
« J’aime également l’espagnol », s’est-il empressé d’ajouter.
Doughty comme inspiration, Markov comme mentor ?
Si Sergachev a été élogieux envers Markov, son compatriote plus âgé, il s’inspire d’un autre défenseur et pas le moindre.
« Drew Doughty parce qu’il est le meilleur et je veux devenir le meilleur », a conclu, avec assurance, Sergachev qui se voit comme un meneur dans une équipe.
Les mauvaises langues diront qu’il n’a pas nommé P.K. Subban comme meilleur défenseur, mais on ne pourrait pas le blâmer pour ça.
Parlant de Subban, Bergevin n’a pas pu échapper à une question sur le sujet.
« Jeudi, j’ai répondu à autour de 19 questions sur ce dossier, je ne veux pas parler d’une transaction qui n’existe pas », a éteint le dirigeant.   
En terminant, petite note sur les insuccès du Canadien en première ronde lors des deux autres repêchages tenus à Buffalo. En 1998, Éric Chouinard avait été sélectionné par Montréal tandis que Brent Bilodeau avait été l’élu du CH en 1991.

Lars Eller et Andrew Shaw : deux problèmes réglés

http://www.rds.ca/hockey/lnh/

Une soirée chargée pour le CH

FRANÇOIS GAGNON
SAMEDI, 25 JUIN 2016. 01:18

BUFFALO - On ne sait pas encore si Alex Galchenyuk sera, ou non, en mesure d’assumer le rôle de premier centre qui fait si cruellement défaut depuis des années chez le Canadien de Montréal.
Mais peu importe la réponse, il y en avait trop derrière lui avec Tomas Plekanec, David Desharnais, Lars Eller, Philip Danault qui est arrivé en fin de saison sans oublier Torrey Mitchell et Brian Flynn. C’est la raison pour laquelle le Canadien a décidé d’accepter l’offre des Capitals de Washington qui ont offert deux choix de deuxième ronde pour obtenir Lars Eller.

Eller se voyait pivoter l’un des deux premiers trios du Canadien. Il a finalement trouvé une niche à l’aile d’un troisième trio l’an dernier. On sentait qu’il n’était pas heureux dans ce rôle, mais l’état-major du Tricolore semblait vouloir le confiner dans un rôle de soutien. Il était donc facile de le laisser partir.
Les détracteurs de David Desharnais soutiendront avec ferveur que le Canadien aurait dû lui préférer Lars Eller.
Desharnais, malgré ses défauts, a plus d’habiletés offensives qu’Eller. Il a surtout une bien meilleure vision du jeu et est un meilleur passeur. Mais il devra produire sur une base plus régulière qu’il ne l’a fait au cours des dernières saisons s’il veut éviter que le départ d’Eller n’ajoute au lot de critiques dont il fait l’objet.
L’avenir nous le dira.
Les Caps qui suivaient Eller avec attention depuis un an voient en lui un centre de troisième trio. Eller sera donc à moitié satisfait s’il retrouve au moins sa position naturelle.
Si le départ de Lars Eller règle une petite partie des ennuis du Canadien au centre, l’arrivée d’Andrew Shaw des Blackhawks de Chicago règle un autre problème : le manque d’agressivité du Tricolore.
Andrew Shaw est un agitateur. Mais il sait aussi jouer au hockey. Il jouera dans le sillon de Brendan Gallagher qui est un joueur semblable sans être identiques. Des joueurs qui affichent ténacité et pugnacité sur la patinoire. Ils ne sont pas très gros, mais jouent plus gros que leur taille. Des fois trop…
Shaw peut jouer sur l’un ou l’autre des quatre trios du Canadien. Il jouait avec Jonathan Toews avant que les Hawks ne fassent l’acquisition d’Andrew Ladd à la date limite des transactions l’an dernier. Malgré un rôle moins important sur un des trios de soutien, il a ensuite été un valeureux guerrier pour les Hawks.
«Je connais bien Shaw pour l’avoir vu grandir dans l’organisation des Hawks. Il est courageux, tenace, combatif. Il a beaucoup de caractère et sera un atout au chapitre du leadership dans notre vestiaire. Nous avions besoin d’un gars comme lui», a indiqué Marc Bergevin.
Je suis d’accord avec le point de vue du d.-g. du Tricolore. Parce que Shaw est joueur autonome sans restriction et qu’il semblait difficile pour les Hawks de le mettre sous contrat, je trouve que le Canadien a payé cher en donnant deux choix de repêchage.
Mais bon! Quand on regarde de plus loin, ça donne une transaction Shaw pour Eller. Avec Shaw on sait ce qu’on lui demandera d’accomplir. Avec Eller, ce n’était pas clair. Si Shaw répond à la commande, le Canadien sera heureux.
Mais attention, il faudra d’abord le mettre sous contrat. Ce qui ne sera pas facile. Le fait que Marc Bergevin soit un bon ami de Pat Brisson, l’agent de Shaw, va certainement aider. Car comme on l’a déjà vu dans le passé avec des joueurs comme Alex Galchenyuk et David Desharnais, Brisson a été en mesure de faire comprendre la réelle valeur de ces joueurs. Arrivera-t-il à le faire avec Shaw.
On peut croire que oui.
Marc Bergevin a obtenu la permission de son ancien patron (le d.-g. des Hawks Stan Bowman) d’amorcer des discussions avec l’agent Pat Brisson avant que la transaction soit complétée. On doit s’attendre à ce que le nouveau joueur du Canadien signe un contrat de cinq ou six ans qui devrait lui rapporter, en moyenne, un peu moins de quatre millions $ par saison.
Ça le placerait sensiblement au niveau salarial de Lars Eller. Comme quoi, quand on veut obtenir un contrat dans la LNH d’aujourd’hui on doit se départir d’un autre de même valeur pour lui faire de la place.
Mikhail Sergachev dans tout ça?
Oui c’est un défenseur. Un autre défenseur. Encore un défenseur.
Mais comme on l’a vu l’an dernier, le Canadien a beau avoir plein de défenseurs, il n’y en a pas beaucoup qui sont en mesure de faire le saut au sein du premier duo. Ce que Sergachev devrait être en mesure de faire s’il maintient son développement.
Pour le moment, il devient de dauphin d’Andrei Markov. Un rôle de Nathan Beaulieu ne semble pas en mesure de remplir malgré ses quelques saisons d’expérience dans la LNH.
Beaulieu pourrait toujours progresser et y arriver. C’est vrai. Et rien ne dit que Sergachev y arrivera lui.
Mais avec sa 9e sélection, le Canadien pouvait difficile prendre une chance sur Julien Gauthier qui a d’ailleurs dû patienter jusqu’à la 21e sélection avant d’entre les Hurricanes de la Caroline prononcer son nom.
Même si Andrew Shaw et Mikhail Sergachev donnent au Canadien ce qu’ils ont à offrir, il faudra encore que Marc Bergevin trouve du renfort au sein de ses deux premiers trios. Du renfort capable de marquer des buts et de faire de l’attaque massive qui sera orchestrée par Kirk Muller l’an prochain, autre chose que l’attaque passive qu’on a vu au cours des deux dernières années.
À moins qu’il ne complète une très grosse transaction, ce n’est pas aujourd’hui que Marc Bergevin réussira ce coup attendu par les partisans de son équipe.
Privé d’un choix de 2e ronde qu’il est, Bergevin devra se rabattre sur les troisième à septième rondes pour trouver cette perle rare. Un gros défi.
Remarquez qu’il est toujours possible que Bergevin utilise ses deux choix de 2e ronde de l’an prochain et ses trois choix de 2e ronde dans deux ans pour effectuer une sélection en deuxième ronde samedi. Mais à moins d’un miracle, ça ne donnera pas dès l’an prochain le gros attaquant qu’on attend depuis très longtemps. Depuis trop longtemps…