Le Canadien, comme toutes les autres formations du circuit, entreprend le dernier droit de son camp d’entraînement. Avec encore trois matchs préparatoires à disputer, des évaluations à compléter et des blessures qui pourraient bien sûr chambarder les plans, l’état-major du Tricolore peut patienter avant de dresser la liste finale des 23 joueurs qui amorceront la saison avec le grand club.
Il est toutefois évident que plusieurs de ces décisions ont déjà été prises. Vrai qu’il est prématuré et qu’il pourrait aussi être périlleux de sauter trop vite aux conclusions, mais voilà le jeu auquel je suis prêt à me livrer tout de go.
Alors voici.
Parce que c’est avec Tomas Plekanec et Brendan Gallagher qu’il a connu le plus de succès en saison régulière l’an dernier, il me semble acquis que Max Pacioretty reviendra avec ces deux joueurs dès le début de la saison.
Pacioretty est toujours ennuyé par les conséquences d’une blessure au genou subie l’été dernier. Il n’a pas encore disputé un seul match préparatoire et le Canadien n’a pas encore confirmé qu’il sera de la formation lors du premier match de la saison : le mercredi 7 octobre prochain à Toronto.
Mais si vous avez vu les images de Pacioretty patinant à fond la caisse aux bulletins Sports 30 au cours de la fin de semaine, on peut présumer qu’il est sur le point d’obtenir le feu vert et d’enfin jouer du vrai hockey.
Aux fins de l’exercice, disons qu’il sera là et qu’il complètera avec Plekanec et Gallagher le premier trio du Canadien.
Derrière eux, on peut avancer sans risque de se tromper qu’Alex Galchenyuk pivotera un deuxième trio complété à gauche par Lars Eller et à droite par Alexander Semin.
Combien de temps ce trio sera maintenu ?
Les performances de Semin et la capacité de Galchenyuk de bien remplir son nouveau rôle dicteront les décisions. Semin doit marquer des buts. C’est clair. Il devra aussi être un brin efficace en défensive tout en comptant sur l’appui de Lars Eller qui sera la valve de sécurité au sein de ce trio.
Quant à Galchenyuk, on sait tous qu’il a la vitesse et le talent pour assumer le rôle qui l’attendait lorsque le Canadien l’a sélectionné au troisième rang de la première ronde en 2012. Il ne lui reste qu’à prouver qu’il a l’attitude et la volonté d’y demeurer. On l’a vu s’escrimer verbalement à plusieurs reprises avec des juges de lignes qui l’ont chassé du cercle des mises en jeu en raison de ses faux départs. Il devra se calmer un peu, réaliser qu’il est un blanc bec à ce chapitre et qu’il serait bien mieux mettre les juges de lignes de son côté plutôt que de se les mettre à dos.
Ça viendra avec l’expérience.
Desharnais mieux campé 
Maintenant qu’il a obtenu l’assurance qu’il jouera au centre, David Desharnais acceptera plus facilement de se retrouver au sein d’un troisième trio après deux saisons passées au sein des premières unités.
Cette rétrogradation lui sera d’ailleurs bénéfique. Il échappera ainsi à la couverture serrée des meilleurs joueurs défensifs des équipes adverses.
C’est aussi ce qui semble expliquer le fait que le Canadien misera sur les duos Plekanec-Pacioretty et Galchenyuk-Semin du moins en début de saison. Et équilibrant les forces au sein de ses deux premiers trios – Michel Therrien aurait pu placer Galchenyuk entre Pacioretty et Gallagher – l’entraîneur-chef donnera à son jeune centre la possibilité d’échapper à une couverture réservée au centre d’un premier trio. Le genre de couverture dont Plekanec, grâce à son expérience, devrait arriver à mieux contrôler.
Revenons à Desharnais : déjà qu’il est l’un des bons centres du Canadien lorsque vient le temps de disputer des mises en jeu, il est aussi un passeur de premier plan. Défensivement, il n’a pas l’étoffe ou la taille d’un troisième joueur de centre. Mais parce que Tomas Fleischmann est un joueur complet, rapide, capable de marquer des buts et responsable défensivement, et que de l’autre côté Dale Weise a démontré l’an dernier qu’il était plus qu’un simple spécialiste des replis défensifs et de l’échec avant, ce trio pourra – du moins devrait – contribuer offensivement.
Fleischmann : pas juste par défaut
Je sais que Fleischmann n’a pas encore de contrat. Du moins pas officiellement. Mais à mes yeux, il est clair qu’il a déjà sa place au sein de la formation. Non seulement l’a-t-il prouvé avec ses performances soutenues à l’entraînement et surtout lors des matchs préparatoires qu’il a disputés, mais autour de lui, personne ne s’impose pour lui compliquer la tâche.
Jacob De La Rose, qui a disputé 45 matchs l’an dernier avec le grand club joue comme s’il était un vétéran comptant dix saisons et qu’il était assuré de son poste. Ses performances aussi désolantes que décevantes devraient lui valoir une rétrogradation avec le club-école s’il ne se réveille pas d’ici la fin du camp.
Mais peu importe que De La Rose se réveille ou non, il me semble que le Canadien devrait maintenir sa position avec Fleischmann et lui offrir un contrat de courte durée pour pas trop cher. Parce qu’il a fait sauter la banque en Floride – il vient de compléter un contrat de quatre ans d’une valeur de 18 millions $ --, il me semble que Fleischmann devrait se montrer moins gourmand histoire de prouver qu’en dépit du fait qu’il ait dû attendre une invitation du Canadien pour se trouver un camp d’entraînement, il est encore en mesure de s’imposer dans la LNH.
Quatre joueurs de soutien
Derrière ces trois trios, on pourrait y aller avec un peu de poids et pas beaucoup de talent avec Devante Smith-Pelley d’un côté, Zach Kassian de l’autre et un gars comme Torrey Mitchell au centre.
Vous aimez mieux Brian Flynn ? Je vous laisse le soin de l’insérer à la place de Mitchell. Ces joueurs seront de toute façon interchangeables et je m’attends à ce que ça bouge pas mal au sein de ce quatrième trio.
Nikita Sherbak et Michael Bournival étant blessés, ils n’ont pas été en mesure de se faire valoir. Dommage pour Sherbak dont j’aurais aimé voir la progression. Mais à moins d’une progression mirobolante, j’aurais été surpris de le voir se tailler une place avec le grand club dès cette année.
Pour Bournival, ça commence à se compliquer puisque sa fenêtre d’opportunité se referme lentement.
Charles Hudon ? C’est à n’en pas douter un vrai joueur de hockey. La vision, le talent, le sens du hockey sont tous au rendez-vous. On devra toutefois encore patienter avant de déterminer quelle niche il occupera un jour chez le Canadien et surtout quand il l’occupera, voire s’il l’occupera.
Andrighetto ? S’il a convaincu quelques-uns d’entre vous du bien-fondé de le garder à Montréal, permettez-moi de ne pas être d’accord avec vous.
Parce que je crois que le Canadien devra amorcer la saison avec huit défenseurs – pour éviter de perdre Tinordi au ballottage – j’ai l’impression qu’un seul extra attaquant amorcera l’année à Montréal.
D’où ma prétention selon laquelle – et c’est mon choix de toute façon – que De La Rose devra découvrir les charmes de Terre-Neuve avec les autres membres de la relève du Tricolore.
Pas de place pour Gilbert
À la ligne bleue, le Canadien comptera sur quatre défenseurs solides au sein de ses deux premiers duos. Je crois qu’en raison de son développement, on peut maintenant placer le nom de Nathan Beaulieu au sein des défenseurs solides.
Oui, Beaulieu a encore tendance à vouloir tricher un brin ou deux en attaque. Ça lui vaudra d’ailleurs des remontrances de la part de Jean-Jacques Daigneault et/ou de Michel Therrien. Mais je crois tout de même qu’il affiche aujourd’hui l’aplomb nécessaire pour compléter le deuxième duo avec Jeff Petry.
Lorsqu’il prendra plus d’expérience encore il pourrait se retrouver avec P.K. Subban afin de permettre à Markov de souffler un peu à la gauche de Petry. Ce qui serait souhaitable pour le vétéran défenseur et pour le Canadien aussi. Mais d’ici à ce que Beaulieu prouve qu’il est en mesure d’assumer ce rôle, c’est Markov qui devra le remplir.
Je n’ai jamais aimé Alexei Emelin. En fait non. Je ne le déteste pas, mais je le trouve surévalué et surtout bien trop cher payé. Le flanc gauche du troisième duo lui ira à ravir, car c’est à mes yeux un cinquième ou sixième défenseur lorsqu’il se sert bien de sa seule arme redoutable : ses épaules.
Avec qui jouera-t-il ?
Au risque de me faire des ennemis, je considère que Tom Gilbert n’a pas vraiment sa place au sein du groupe de défenseurs du Canadien. Je lui préférerais sans la moindre hésitation Greg Pateryn qui me semble un défenseur beaucoup moins dangereux dans l’ensemble de son œuvre.
Gilbert a plus d’expérience. Je veux bien. Mais à un moment donné il faut permettre à la relève de venir en relève. Et il me semble que Pateryn a prouvé être en mesure de le faire. Du moins au sein d’un troisième duo.
Je suis loin d’être convaincu que l’état-major du Canadien sera en accord avec moi, mais avec le peu d’efficacité démontrée par Gilbert l’an dernier, je donnerais également un coup de barre en gardant Mark Barberio avec le grand club. Il a déjà rempli un rôle de septième défenseur avec le Lightning de Tampa Bay et pourrait très bien le remplir à nouveau avec le Canadien.
Il n’est pas spectaculaire et ne fera pas lever les amateurs de leur siège. Peut-être quelques fois avec de solides coups d’épaule. Mais à l’image de Francis Bouillon qui vient de prendre sa retraite, Barberio joue du hockey efficace. Et s’il ne fait pas lever les spectateurs, il ne fera pas rager ses coachs. Ce qui est primordial pour un défenseur de soutien.
Qu’arrivera-t-il à Jarred Tinordi ?
C’est la question à un million $. Sans être mauvais, il n’a rien cassé depuis le début du camp. Je me demande sérieusement s’il jouera un jour régulièrement avec le Canadien, ou s’il sera échangé avant d’y arriver.
Je miserais sur la deuxième possibilité.
Mais parce qu’il devra être soumis au ballottage en cas d’un renvoi dans les mineures, le Canadien hésitera sans doute de suivre ce scénario. Car il ne fait aucun doute que Tinordi, malgré le fait qu’il ne soit pas encore en mesure de répondre aux attentes associées à son titre de choix de première ronde, sera réclamé par plusieurs équipes si son nom se retrouve au ballottage. Aucun doute.
Pour cette raison, je crois qu’il amorcera la saison à Montréal. À moins que d’ici dix jours, Marc Bergevin ne conclue une transaction qui chambarderait sa formation et éventuellement la mienne…
On verra.
Condon devant Tokarski
En ce qui a trait aux gardiens, je me suis déjà commis. Si vous ne l’avez pas déjà lu, je préfère, et de beaucoup, Mike Condon à Dustin Tokarski. Condon n’a pas une feuille de route aussi bien remplie que celle de Tokarski. Il est malgré tout un bien meilleur gardien.
Commencera-t-il l’année à Montréal ?
Je ne crois pas. Tokarski aura la chance de se pendre une fois encore avant qu’une décision finale soit prise. Mais je suis convaincu que Condon sera l’adjoint de Carey Price avant longtemps.
Cela dit, on sera tous d’accord pour dire que Carey Price devra rester en santé pour que le Canadien mousse ses chances de succès encore cette année.
Et vous : votre Canadien ressemble à quoi ?