Qu’ils soient très stricts ou plus libéraux, les officiels ne devraient jamais influencer le cours d’un match de hockey, de base-ball, de football, de basket ou de quelque sport que ce soit.
Du moins en théorie.
En pratique, c’est rarement le cas. Car une décision sévère qui ouvre la porte à un but en avantage numérique ici et une infraction non signalée là ont invariablement une incidence sur le cours d’un match.
Il est toutefois bien plus rare de voir un officiel jouer un rôle d’impact sur un but comme cela est arrivé en début de troisième période.
Bien malgré lui, le juge de ligne Michel Cormier a contribué au but de David Desharnais. Un très beau but du petit joueur de centre qui a enfilé son 4e de la saison en soulevant la rondelle au-dessus de Jaroslav Halak pour briser une égalité de 1-1 qui semblait vouloir se prolonger indéfiniment. Avant d’obtenir la complicité de Tomas Fleischmann qui l’a rejoint dans l’enclave avec une passe savante pour lui offrir cette occasion en or de marquer, Desharnais et le Canadien au grand complet ont obtenu la complicité du juge de lignes qui a fait dévier la rondelle sur la lame du bâton de l’ailier gauche.
En 800 matchs dans la LNH, le juge de lignes québécois n’avait jamais été victime d’un jeu semblable. Bien en place à la ligne bleue des Islanders, Cormier a été atteint par une rondelle que le défenseur Johnny Boychuk a initialement fait dévier en plongeant pour intercepter une longue passe décochée par Nathan Beaulieu en direction de Fleischmann. N’eût été du plongeon de Boychuk et de la redirection involontaire de la rondelle par le juge de lignes, Fleischmann n’aurait jamais hérité de la rondelle et n’aurait pas été en mesure d’orchestrer le jeu qui a mené au but gagnant.
Mais le règlement est clair : comme les tiges reliant les baies vitrées, les portes donnant accès aux bancs des joueurs, aux cachots ou celles donnant accès aux «Zambonis», les officiels font partie du jeu. Si la rondelle les frappe et dévie ensuite de sa course, le jeu se poursuit comme si de rien n’était.
Deux exceptions : si la rondelle frappe un officiel et dévie directement dans le filet, le but est refusé. Si, après avoir frappé un officiel, la rondelle quitte la zone et provoque un hors-jeu, le jeu doit être interrompu.
Dans tous les autres cas, le jeu suit son cours avec les conséquences que cela a eu sur le match Canadien-Islanders jeudi.
«C’est poche», a simplement répondu Johnny Boychuk après la défaite de son équipe. Le défenseur avait retrouvé son calme dans le vestiaire après qu’il eut vertement enguirlandé le juge de lignes après le but décisif. Son entraîneur-chef Jack Capuano s’est plaint aussi après le but. Mais en vain. Les arbitres n’ont pas bronché. Avec raison.
Si les Islanders ont perdu aux mains du Canadien jeudi, ce n’est pas uniquement en raison du mauvais bond dont ils ont été victimes. Ou du bon bond si on se place dans le camp du Tricolore. Que non !
Comme les Jets de Winnipeg dimanche, les Islanders n’ont pas été en mesure de freiner les élans du Canadien. Oui ils ont asséné 42 mises en échec, mais ils ont laissé Dale Weise seul dans l’enclave pour lui permettre de marquer le premier but du match en première période. Un but en avantage numérique. Ils ont aussi oublié Brendan Gallagher seul devant Jaroslav Halak. Une grave erreur quand on connaît la combativité du petit attaquant et sa capacité de transformer des rebonds en but ou de faire dévier la rondelle derrière les gardiens adverses. Ce qu’il a fait avec brio 90 secondes après le but de Desharnais.
Les Islanders n’ont surtout pas été en mesure de percer la défensive du Tricolore qui les a limités à 18 tirs. Leur plus bas total cette saison alors qu’ils affichaient avant le match une moyenne de 30,2 par rencontre. De retour après une absence de trois rencontres en raison d’une grippe qui l’a cloué au lit, John Tavares s’est signalé avec trois bonnes occasions de marquer. Mais un manque aussi normal qu’évident d’énergie l’a empêché d’être incisif qu’il en est capable sur chacune de ces occasions. Des occasions dont il n’a pu profiter.
«À cinq contre cinq, le match a été bien partagé au chapitre des tirs et des occasions. Il n’y avait pas beaucoup d’espace sur la glace. Les deux équipes jouaient bien défensivement. Leur attaque à cinq a marqué et nous n’avons pas été en mesure de profiter d’un quatre contre trois. Cela a changé le cours du match. Tout comme le mauvais bond sur le juge de lignes. Ce que je trouve dommage, c’est que nos efforts n’ont pas été récompensés ce soir», a indiqué l’entraîneur-chef des Islanders après une quatrième défaite en temps réglementaire (7-4-3) en 14 rencontres cette saison.
Pour être bien franc, je m’attendais à plus de la part des Islanders. Je m’attendais à un match plus physique, plus intense de leur part. Mais le match n’a jamais vraiment levé. La poussée de trois buts au dernier tiers dont le troisième déjà cette saison de Tomas Plekanec dans un filet désert – il domine la LNH à ce chapitre – a fait plaisir aux partisans. Grand bien leur fasse. Mais les deux premières périodes n’ont pas offert du jeu enlevant. Vraiment pas. C’était même vraiment moche.
De fait, le Canadien et ses adversaires avaient maintenu une moyenne de 60,8 tirs par rencontre depuis le début de la saison. Jeudi, le Canadien et les Islanders se sont contentés d’un grand total de 42. Une statistique qui donne une idée de la timidité des deux offensives lors de la partie.
«C’est difficile de jouer contre Montréal en raison de leur discipline. Ils ont un plan précis et ils n’en dérogent pas. Ça minimise le nombre d’erreurs qu’ils commettent. Le hockey étant un jeu d’erreurs, si ton adversaire en commet peu, il ne t’offre pas la chance de te mettre en marche, de générer de l’attaque. Dix-huit tirs, c’est hors norme pour un club comme le nôtre. Je veux bien leur donner le crédit qu’il mérite, mais il faudra trouver un moyen de générer davantage la prochaine fois qu’on les croisera», a conclu Johnny Boychuk qui a récolté une passe – tout comme Jaroslav Halak – sur le but de Kyle Okposo, le seul des Islanders jeudi.
Boychuk, Halak – il a encaissé un deuxième revers de suite face au Canadien depuis qu’il défend la cage des Islanders – et leurs coéquipiers n’auront pas à attendre très longtemps avant de retrouver le Tricolore. Les deux équipes se croiseront dans une série aller-retour les 20 et 22 novembre prochain.