MONTRÉAL – Les entraîneurs insistent constamment sur l’importance d’aborder les matchs un à la fois. Jeudi soir, après avoir vu son équipe débuter sa saison avec une cinquième victoire de suite, Michel Therrien avait l’impression d’en avoir sauté plusieurs dizaines d’un trait.  
« C’était un match du mois d’avril et on est seulement en octobre, a illustré l’entraîneur du Canadien pour dépeindre l’intensité qui avait caractérisé la première visite de la saison des Rangers de New York au Centre Bell. Les deux équipes ont très bien joué, les deux gardiens de but ont été extraordinaires. Ça a donné tout un spectacle. Je suis fier de mes joueurs. »
Guetté par la menace du relâchement typique qui accompagne habituellement le retour d’un long voyage, le Canadien a su combattre la complaisance en s’alimentant de l’énergie d’une foule gonflée à bloc. Après avoir survécu à guerre ouverte qui a mis à l’épreuve les deux gardiens en deuxième période, les locaux ont pris l’adversaire à la gorge en gardant le pied sur l’accélérateur au troisième vingt.
« On a vraiment continué à dicter le rythme, a apprécié Therrien. On ne voulait pas les regarder jouer, on voulait mettre la pression et attaquer. Même en fin de match, avec cinq minutes à faire, on ne voulait pas changer notre style. »
« On a joué avec l’avance dans chacun de nos matchs jusqu’ici et on sait maintenant comment gérer ce genre de situation, a souligné Max Pacioretty. Dans le passé, on avant tendance à jouer sur les talons, à s’asseoir sur nos avances. C’est peut-être une question de confiance ou d’expérience, mais on réalise maintenant qu’on doit continuer à pousser, à jouer dans la zone adverse pendant 60 minutes. Avec un noyau plus mature, on en réalise maintenant l’importance. »
« Vous pouvez vous attendre à ce qu’on garde cette mentalité pour le reste de l’année », a prévenu Carey Price, auteur de son 35e blanchissage en carrière.
« On ne peut pas relaxer »
À deux reprises, Therrien a noté la qualité du jeu de son club à 5 contre 5, une pointe peu subtile envoyée à l’inefficacité du jeu de puissance.
S’il faut chercher des poux, le Canadien a été parfois ordinaire, mais plus souvent qu’autrement horrible avec l’avantage d’un homme jeudi. Ses trois premiers avantages numériques ont pris fin avant leur échéance normale quand l’un de ses spécialistes offensifs s’est fait mettre au cachot.
Le Tricolore n’a réussi que cinq tirs au but et a été tenu en échec en cinq supériorités numériques. Il montre un rendement de 2-en-21 depuis le début de la saison.
« Notre avantage numérique doit être meilleur », a soulevé Andrei Markov, qui demeurait terre à terre malgré les succès précoces du Canadien en ce début de calendrier.
« On connaît un bon départ, mais il y a encore plusieurs aspects sur lesquels on doit travailler, a indiqué le vétéran défenseur. On ne peut pas relaxer. Il n’y aura jamais de match facile dans cette ligue. La prochaine partie est toujours plus difficile que la précédente et les autres équipes nous attendront de pied ferme maintenant. Il faudra être prêt. »
Semin saute son tour
Alexander Semin a dirigé deux tirs sur Henrik Lundqvist mercredi. C’est peu, mais c’est seulement un de moins que ce qu’il avait fait pendant tout le voyage qui a servi de tremplin à la saison.
Après cinq matchs, l’énigmatique attaquant russe compte cinq lancers au filet. C’est autant que Devante Smith-Pelly et Torrey Mitchell, qui bûchent sur le quatrième trio.
Comme il l’avait fait mardi à Pittsburgh, Therrien s’est permis de garder Semin sur le banc à quelques reprises contre les Rangers, insérant à sa place Devante Smith-Pelly à la droite d’Alex Galchenyuk et Lars Eller.
« Les raisons ne sont pas compliquées, a justifié le coach. Tu mènes par un but et tu as un gars comme Smith-Pelly qui est bon sur le bord des bandes, qui fait de bons jeux. Ce sont deux joueurs complètement différents. C’est la raison pour laquelle à quelques occasions, on a fait des changements. »