MONTRÉAL – La dernière fois, le sujet avait été balayé sous le tapis. Qui veut s’attarder sur ce qui ne tourne pas rond dans l’euphorie d’une victoire aussi spectaculaire qu’inespérée?
« Ce n’est pas comme si on le fait exprès », avait répété Lars Eller en haussant les épaules quand on lui avait fait remarquer que son équipe avait connu un autre début de match désastreux avant de revenir de l’arrière pour battre les Canucks de Vancouver.
Jeudi soir, le problème est réapparu et cette fois, il aurait été mal vu de s’en laver les mains.
Contre les Coyotes de l’Arizona, le Canadien a donné deux autres buts tôt en première période, s’obligeant à jouer du hockey de rattrapage dans un cinquième match de suite. Au cours de cette séquence, il a cédé dix fois au premier tiers.
C’est énorme quand on considère qu’il n’avait donné que trois buts avant le premier entracte à ses quinze parties précédentes.
« On ne peut plus continuer de prendre des retards de trois buts et espérer s’en tirer, constatait piteusement Brendan Gallagher. La force de caractère et l’effort sont toujours là, mais il faut absolument qu’on se place dans des meilleures situations. »
Gallagher, qui a récolté un point dans un sixième match de suite dans la défaite, a poussé un lourd soupir quand on lui a demandé à quoi il attribuait ces lents départs qui retardent son équipe depuis deux semaines.
« Je n’en suis pas trop sûr, pour être honnête, mais c’est quelque chose qu’il faut corriger au plus vite. Je ne crois pas qu’on puisse mettre le doigt sur une chose en particulier. C’est une accumulation de petits détails dans l’exécution. On partait du bon pied en début de saison et ça nous réussissait bien. Ça nous permettait d’utiliser tout notre monde et on était très difficile à battre. Mais quand on tire constamment de l’arrière, c’est simplement trop dur. Cette ligue est trop forte, c’est impossible de revenir de l’arrière à chaque soir. »
En scandant que les joueurs en bleu-blanc-rouge devaient prendre le blâme pour leur manque d’opportunisme, Gallagher affichait une lucidité qui ne faisait pas l’unanimité dans le vestiaire. En face de lui, Dale Weise n’était pas aussi dépité que son camarade.
« Ce n’est pas comme si on était mal préparés. On essaie de bien débuter nos matchs, mais pour une raison que je m’explique mal, la rondelle ne roule pas pour nous », expliquait sur un ton confiant celui qui venait de marquer son neuvième but de la saison.
Le retour de Price arrive à point
Mike Condon abondait dans le même sens. « On n’a pas toujours joué de chance, mais il ne faut pas se laisser abattre. »
La chance, c’est une chose, mais les récentes performances de Condon expliquent aussi, en partie, les pannes demomentum du Canadien. L’auxiliaire de Carey Price, qui reprendra sa place au bout du banc vendredi alors que le numéro un effectuera un retour au jeu, a commis des largesses au cours des trois derniers matchs. Il a donné à l’Avalanche, aux Canucks et aux Coyotes des petits cadeaux que ses coéquipiers n’ont pas reçus de ses vis-à-vis Reto Berra, Jacob Markstrom et Mike Smith.
Sans blâmer son gardien, Michel Therrien a noté que son équipe dominait 13-5 au chapitre des tirs malgré le déficit de deux buts qu’elle accusait après une période contre les Coyotes.
« On s’est retrouvés dans une position difficile même si on était l’équipe qui mettait de la pression », a fait remarquer le pilote.
« J’étais habitué de jouer plusieurs matchs en rang dans les mineures, a rappelé Condon, refusant de se cacher derrière des excuses pour expliquer son rendement inégal. Ce n’est pas différent ici, excepté que si je fais une erreur, l’adversaire va me le faire payer. Le deuxième but était ma faute et il est revenu me hanter parce qu’on a perdu par cet écart. »
Condon montrait un taux d’efficacité de ,944 et une moyenne de buts alloués de 1,67 après son troisième départ de la saison, son premier après la blessure subie par Price, contre les Flames de Calgary. En huit matchs depuis, il affiche une MBA de 2,44 et un pourcentage d’arrêts de ,898.