Carey Price sera de retour devant le filet du Canadien vendredi soir, à Brooklyn, face aux Islanders. Il était tout sourire lorsque je l’ai croisé sous les gradins du Centre Bell avant qu’il rejoigne ses coéquipiers pour effectuer l’envolée vers New York.
Si Carey Price revient au jeu, c’est qu’il est prêt. Qu’il est complètement remis de la blessure – je crois que c’est au genou droit – qu’il s’est infligée à Edmonton le 29 octobre dernier.
Ce retour fera du bien. Beaucoup de bien au Tricolore et au gardien Mike Condon qui affichait des signes de fatigue – autant mentale que physique – depuis quelques matchs. Pas question d’imputer à Condon le poids de la défaite de jeudi aux mains des Coyotes. Oui, il a fait cadeau du deuxième but. Oui, il était loin d’afficher l’aplomb qui l’a caractérisé dès sa première sortie au camp d’entraînement. Un aplomb qui lui a permis de chasser Dustin Tokarski du vestiaire. Un aplomb qui lui a permis de remporter ses quatre premiers départs et de soutirer des points dans sept des neuf matchs (5-2-2) qu’il a disputés après que Price soit tombé au combat. Une fiche qui a dépassé largement les projections les plus optimistes lorsque le Canadien a annoncé que Price raterait une semaine d’activité, puis une deuxième et peut-être même une troisième.
Mais voilà Price de retour. Voilà que le sauveur revient à la rescousse de son équipe qui n’a gagné qu’un seul de ses quatre derniers matchs (1-2-1).
Trois fois des reculs de trois buts
Cette très bonne nouvelle devrait aider les partisans à composer avec le revers de 3-2 encaissé jeudi aux mains des Coyotes de l’Arizona. Un revers gênant considérant que le Canadien, pour un troisième match de suite, et les trois fois au Centre Bell, a permis à ses adversaires de prendre les devants 3-0 avant de se mettre à jouer pour vrai.
Et si les Canucks, incapables de composer avec la vitesse du Canadien lorsqu’il s’est finalement décidé de jouer du vrai hockey lundi se sont écrasés en deuxième portion de match, les Coyotes ont su résister jeudi. Vrai que le Canadien est revenu de loin, qu’il s’est même approché à un petit but de sauver au moins un point et d’envoyer le match en prolongation. Mais contrairement à lundi, il n’a pu racheter son affreux début de rencontre.
Le Canadien n’a pas si mal joué. C’est vrai. Il ne patinait pas dans le sable comme il l’a fait lundi face aux Canucks. Il a même dominé les tirs 13-5 au premier tiers. Mais attention. Un peu à l’image du match de samedi alors que le Canadien affichait trois fois plus de tirs que l’Avalanche, les tirs du Tricolore n’étaient pas tous de grande qualité. Inversement, les occasions de marquer des Coyotes, bien que moins nombreuses, ont été de meilleure qualité.
Que dire de la vitesse déployée par Anthony Duclair et du contrôle de la rondelle dont il a fait preuve pour déborder la défensive du Canadien – Subban et Markov étaient alors sur la patinoire – contourner le filet et servir une passe parfaite à Martin Hanzal qui n’a eu qu’à tirer dans une cage déserte? Que le jeune joueur a affiché une maturité de vétéran sur cette séquence. Que même rendu dans la LNH, il est en mesure d’afficher la vitesse dominante qui le plaçait dans une classe à part lorsqu’il faisait la pluie et le beau temps dans l’uniforme des Remparts dans la LHJMQ. Une très bonne nouvelle pour le Québécois et aussi pour les Coyotes qui misent sur des jeunes de grand talent pour hisser leur club en séries sur une base régulière et non anecdotique.
Duclair a tellement endormi le Canadien sur le premier but, que j’ai peine à croire que Carey Price aurait pu priver Martin Hanzal de son quatrième but et 18e point (en 17 matchs) cette saison.
Il y a toutefois fort à parier que Price aurait empêché les Coyotes de doubler leur avance. Car sur le deuxième but, c’est Condon, en accordant un rebond trop généreux après qu’il eut frappé la rondelle avec sa mitaine au lieu de la capter, qui a ouvert la porte au 373e but en carrière de Shane Doan.
Oui, Tobias Reider et Mike Smith ont obtenu des passes sur le jeu. Mais la passe la plus importante, la passe de trop, c’est Condon qui l’a faite.
Parlant de Mike Smith, non seulement a-t-il récolté une passe sur le deuxième but, mais le gardien des Coyotes – un des meilleurs dans la LNH à ce chapitre – a pu distribuer la rondelle comme il l’a fait en première moitié de match, c’est que le Canadien n’était pas efficace dans sa manière de tirer la rondelle en fond de territoire des Coyotes. Mais aussi, mais surtout, parce que l’échec avant du Canadien n’était pas assez incisif pour empêcher Smith de quitter son but ou à tout le moins de l’obliger à précipiter ses gestes.
«On a été meilleur dans toutes les facettes du jeu alors que le match avançait. Mais on ne peut se permettre d’amorcer le match de façon aussi inefficace qu’on l’a fait encore ce soir», a plaidé Brendan Gallagher.
Michel Therrien, et c’est normal, a parlé avec raison d’un bon effort déployé par ses joueurs. Je ne suis pas d’accord avec le coach – en fait c’est lui qui n’est pas d’accord avec moi – sur le fait que les tirs du Canadien étaient majoritairement de qualité en première moitié de partie. De fait, je trouvais – et trouve encore – que le niveau d’exécution du CH à cinq contre cinq était au même niveau qu’en avantage numérique. Et le Canadien a été blanchi en cinq occasions hier soir. Ça lui fait une séquence de 0 en 13 lors de ses trois derniers matchs.
Une explication plus importante encore que la tenue de Mike Condon en marge des récents insuccès du Tricolore.
Pendant que le Canadien a bousillé les cinq attaques massives qu’il a reçues en cadeau, les Coyotes eux ont fait mouche une fois sur deux. Ils ont fait payer très cher à Lars Eller sa terrible pénalité écopée en deuxième période lorsqu’il a fermé la main tellement longtemps sur la rondelle qu’on a cru qu’elle était disparue dans son gant.
Misère…
Seize buts en quatre matchs
Carey Price sera devant le filet du Canadien vendredi. Et ce sera tant mieux. Il inspirera peut-être ses coéquipiers. C’est sans l’ombre d’un doute le souhait de Michel Therrien et des partisans qui n’ont pas de quoi paniquer cela dit malgré les mauvais débuts de rencontre lors des trois derniers matchs et les trois défaites lors des quatre derniers matchs. Ce n’est pas comme si le Canadien était sur le point d’être évincé des séries…
Mais Price devra compter sur une équipe plus impliquée s’il ne veut pas être obligé de gagner les parties à lui seul comme il l’a fait si souvent l’an dernier. Comme il n’a pas eu à le faire en début de saison.
Car si le Canadien a limité ses adversaires à 12 buts lors de sa séquence de neuf gains consécutifs en lever de rideau de la saison, c’est qu’il comptait oui sur un gardien solide – qu’il s’appelle Price ou Condon – mais aussi parce que ses défenseurs jouaient tous du bon hockey – le duo Markov et Subban n’est plus l’ombre de ce qu’il était en début de saison – et parce que les quatre trios étaient efficaces dans les deux sens de la patinoire.
Après avoir limité ses adversaires à 12 petits buts lors de ses neuf premiers matchs de la saison, le Canadien vient d’en accorder 16 lors de ses quatre derniers matchs. Mike Condon a certainement une part de responsabilité à assumer, mais il est loin d’être le seul responsable. Je ne peux croire une seconde que l’absence d’Alexeï Emelin soit responsable de pareil effondrement. Et comme il était de retour sur la galerie de presse jeudi, on ne peut imputer quelque blâme que ce soit à Alexander Semin…
En passant, il devrait être de retour au sein de la formation vendredi. Blessé en cours de partie, Torrey Mitchell n’a pas accompagné le Canadien à New York. Il ratera la rencontre. Et si le Tricolore a confirmé après le match avoir renvoyé Dustin Tokarski dans les mineures, il n’a pas été question d’un rappel d’un attaquant pour pallier la perte du joueur de centre qui a amorcé la partie de jeudi à la droite d’Alex Galchenyuk et Lars Eller. D’où la prétention que Semin sera de la rencontre.
Avec Carey Price de retour, le Canadien sera meilleur devant le filet. C’est clair. Mais il devra aussi s’améliorer à la ligne bleue, à l’attaque et au sein des unités spéciales s’il veut retrouver la qualité de hockey qui lui a permis de s’imposer comme il le faisait si bien en début de saison.