Guy Boucher a fait ce qu’il devait faire lorsque Steve Yzerman l’a congédié après 31 matchs en 2012-2013 pour confier le Lightning de Tampa Bay à Jon Cooper : il est demeuré dans le hockey.
Contrairement à Alain Vigneault qui est retourné dans les rangs juniors avant de diriger le club-école des Canucks à Winnipeg et d’être promu à Vancouver, ou Michel Therrien qui est allé dans la Ligue américaine avant de revenir dans la LNH à Pittsburgh, Guy Boucher a choisi l’Europe. Ou c’est l’Europe qui l’a choisi.
Mais peu importe le scénario, Boucher devait demeurer dans le hockey afin de maintenir la cote de jeune entraîneur prometteur qui était associée à son nom. Il l’a fait en s’exilant à Berne où jusqu’à mercredi, il dirigeait le club local.
Il est toujours préférable de quitter volontairement son emploi que de se faire montrer la porte. C’est évident. Mais dans la situation de Boucher, ce congédiement ne devrait pas compromettre ses chances de se trouver de l’emploi en Amérique du Nord.
Au contraire!
Lié au Club de hockey de Berne par un contrat rigide qui l’empêchait d’écouter – lire négocier – avec une organisation de la LNH pendant la saison, Guy Boucher minait ses chances de revenir dans la grande ligue.
Vrai qu’il était libre de parler avec qui il voulait au cours de la saison morte. Ce qu’il a fait de façon active l’été dernier alors qu’il y avait des postes d’entraîneur-chef disponibles aux quatre coins du circuit. Mais au-delà sa réputation enviable, Boucher pouvait difficilement faire compétition aux Mike Babcock, Todd McLellan, Dan Bylsma et Peter DeBoer qui étaient eux aussi disponibles.
De fait, Boucher a perdu ses chances de diriger les Maple Leafs de Toronto lorsque Babcock a fait faux bond aux Sabres de Buffalo pour finalement prendre Toronto d’assaut.
Comme Babcock, McLellan (Edmonton), Bylsma (Buffalo) et Deboer (San Jose) ont vite trouvé de l’emploi. Au New Jersey, Ray Shero qui venait d’hériter des Devils après s’être fait congédier à Pittsburgh a fait confiance à l’ancien coach de son club-école à Scranton Wilkes-Barre. Une décision normale considérant la situation.
Ken Holland avait hâte de faire monter en grade Jeff Blashill qui s’est retrouvé à Detroit.
Il ne restait que les Flyers qui ont décidé de donner une première chance à Dave Hakstol que Ron Hextall a sorti des rangs universitaires américains.
Avec tous les changements effectués sous son nez l’été dernier, Boucher était condamné à attendre le déroulement de la saison pour obtenir une autre chance. Une chance dont il ne pouvait toutefois pas profiter en raison de son contrat en vigueur.
Les Blue Jackets auraient peut-être préféré Boucher à John Tortorella si le Québécois exilé en Suisse – il y a pire place sur la planète hockey où s’exiler – avait pu boucler ses valises et celles de sa famille en moins de temps qu’il n’en fait pour dire : comment se fait-il qu’on donne une autre chance à Tortorella?
Maintenant qu’il est «libéré» du contrat qui le liait au Club de hockey de Berne, Boucher peut maintenant être considéré par le ou les directeurs généraux qui se posent des questions sur l’avenir de leur coach respectif. Ou qui s’en poseront bientôt…
Ça ne veut pas dire que Boucher a maintenant un accès direct à la Ligue nationale. Ça non! Mais il pourra être considéré. Ce qui est déjà un grand pas en avant en comparaison de sa situation hier encore.
Avec leur saison en dents de scie, les Bruins ne font rien pour sécuriser le job de Claude Julien. Mais dans l’entourage des Bruins, c’est le nom de Bruce Cassidy, l’actuel entraîneur-chef des Bruins de Providence, qui circule à titre de candidat de Cam Neely. Et si Neely tient à Cassidy, il semble acquis que le d.-g. Don Sweeney respectera les volontés de son président.
Avec le léger redressement de situation à Anaheim, on peut croire que Bob Murray patientera un brin ou deux encore avant de statuer sur le sort de Bruce Boudreau. À Calgary? Bob Hartley est encore sur la vague de son trophée Jack Adams. S’il avait au moins un semblant de gardien devant son but, on pourrait peut-être se dire qu’il sera en danger un moment donné. Mais dans la situation actuelle, je ne peux croire une seconde qu’il soit en danger.
Patrick Roy au Colorado? À moins qu’il ne remplace un moment donné Joe Sakic et décide de laisser la job de coaching, Patrick n’a rien à craindre. Rien de rien…
En Caroline? Bill Peters écoule sa deuxième année. Il dirige un club ordinaire, qui évolue dans un marché plus ordinaire encore. Pas sûr que les Canes aient les moyens financiers pour se permettre de payer un coach congédié à ne rien faire.
Cela dit, si Peter Karmanos décidait de relocaliser son club – un scénario loin d’être actuellement envisageable – Boucher deviendrait un candidat plus que logique dans l’éventualité d’un déménagement vers Québec. Mais bon! Ça n’arrivera pas en cours de saison. C’est certain. On peut donc écarter Raleigh, ou Québec, comme destination à court terme.
Winnipeg? Les Jets ne jouent pas à la hauteur des attentes. C’est évident. Paul Maurice, justement revenu dans la LNH après un exil en Europe lui aussi, mais dans la KHL, a fait du bon travail depuis qu’on lui a confié cette équipe qui a accédé aux séries le printemps dernier. J’imagine que Maurice aura le privilège de se rendre aux séries – ou de les rater – avant de voir l’état-major se pencher sur son avenir.
On verra.
Mais peu importe qu’un poste se libère dans deux jours, deux semaines ou deux mois, où que ce soit dans la LNH ou même dans la Ligue américaine – qui ne serait pas une mauvaise destination non plus soit dit en passant – Guy Boucher pourra maintenant être considéré, être rejoint et être courtisé.
Et ça, c’est certainement une très bonne nouvelle pour lui. Une très bonne nouvelle qui pèse selon moi bien plus lourd dans la balance que celle qui a confirmé son congédiement mercredi matin. Un congédiement qui était envisageable depuis qu’il avait signifié à ses patrons son intention de quitter Berne à la fin de la présente saison.