MONTRÉAL – Dans le monde du sport, lorsqu’une équipe savoure une séquence victorieuse à l’image de celle du Canadien, les entraîneurs raffolent d’une performance décevante pour ramener leurs ouailles à l’ordre.
Michel Therrien ne le décrira peut-être pas ainsi, mais c’est exactement ce que le gain contre les Maple Leafs de Toronto lui a fourni comme munitions.
En dépit du triomphe de 5 à 3, le neuvième en neuf tentatives, le Tricolore n’a pas joué à la hauteur de ses standards. Therrien pourra donc utiliser ces arguments pour serrer la vis auprès de ses joueurs.
« Les Leafs avaient beaucoup d’énergie contrairement à nous.Mentalement, on n’était pas alerte et on a commis des erreurs qu’on ne fait pas normalement avec et sans la rondelle », a déclaré Therrien qui a senti des signes précurseurs tôt dans la rencontre.
De manière plus spécifique, le Canadien a concédé pas moins de 52 lancers aux Maple Leafs après des récoltes de 36 pour les Sabres vendredi et 38 pour les Blues mardi. Therrien a donc été le premier à admettre qu’un resserrement s’impose.
« Aucun doute, mais il faut qu’on réalise qu’on sera confronté au meilleur hockey de tous nos adversaires. Ils veulent nous battre et c’est un énorme défi mental d’être au sommet de notre jeu à ce moment de l’année », a développé Therrien.
Ce n’est pas tout, le Tricolore a également sombré dans l’indiscipline durant cette rencontre en offrant quatre occasions en supériorité numérique aux hommes de Mike Babcock.
« Je n’ai pas aimé notre discipline ce qui n’arrive pas souvent, mais c’était définitivement un mauvais match. On a mal joué et on a écopé de mauvaises punitions. Ce n’est pas notre façon de faire », a déploré le pilote d’expérience.
À ce propos Dale Weise a sans doute représenté l’exception alors qu’il n’a pas répliqué à une attaque sans équivoque de Dion Phaneuf qu’il venait « d’étamper » dans le coin de la patinoire.
« Il m’a heurté sur le bras, les côtes et il m’a asséné un uppercut. Mais ça prend une telle discipline pour gagner des matchs », a insisté l’ailier.
Déçu du rendement de sa troupe, Therrien peut se réconforter puisque ses joueurs semblaient tout autant mécontents dans le vestiaire.
« On savait que le match serait éprouvant en ayant joué la veille. Ce n’est pas une excuse, mais il faut leur donner du crédit parce qu’ils ont attaqué notre filet dans ce match. Ils ont cru qu’on serait fatigué et ils ont poussé le rythme pour avoir le dessus. C’est la façon de faire quand une équipe a joué la veille », a révélé P.K. Subban.
« Clairement, ils étaient plus frais et dispos que nous. C’est une bonne équipe qui impose beaucoup de pression et ils n’ont pas lâché le morceau », a admis Carey Price.
De son côté, Lars Eller a critiqué l’insouciance des joueurs avec la rondelle et le niveau insuffisant d’effort.
Un jeu de puissance plus convaincant
C’est toujours un peu étrange de constater un bilan aussi négatif à la suite d’une victoire, mais le rendement en supériorité numérique est venu sauver la mise.
Le soulagement est perceptible autant chez les joueurs que les entraîneurs alors que le Canadien a généré 8 en 35 (23%) occasions cette saison. Il a donc fallu essayer de comprendre les raisons de ce redressement.
« On compte des buts ! », a expliqué Therrien en riant.
« Plus sérieusement, on déplace davantage la rondelle et on se rend au filet avec plus d’agressivité. Ça nous procure des chances de marquer », a-t-il souligné.
Max Pacioretty a remarqué des choses similaires à son patron tout en vantant la contribution plus répartie.
« On distribue beaucoup plus rapidement la rondelle alors qu’on essayait trop de créer un jeu pour un joueur en particulier auparavant. Présentement, on utilise bien tous les joueurs », a soulevé le capitaine.
« Tout le monde touche la rondelle et parvient à contribuer, ça se voit dans les statistiques. On se sent bien présentement, on a confiance en nos moyens », a enchaîné le 67.
Notamment grâce au jeu de puissance, le Canadien a amassé plus de buts lors des derniers matchs. Pour être plus précis, le CH a compté 19 fois en quatre rencontres dont 12 fois en deux sorties en 24 heures.
Le Tricolore n’était pas reconnu pour une telle production l’an passé et il sera intéressant de surveiller si cette tendance peut se maintenir.
« Je ne sais pas si ça va continuer ainsi, mais on se procure plus de chances de marquer en jouant bien. Dans ce match, les occasions sont surtout venues du jeu de puissance et les unités spéciales ont permis d’arracher cette victoire. C’est une grosse différence depuis la saison dernière et tout le monde s’en réjouit », a fait remarquer Subban.
Sur le même souffle, le défenseur a repris un ton plus négatif.
« En tant qu’équipe, on n’est pas satisfait du rendement général. On a juste accompli un bon départ, c’est tout. On a encore une tonne de hockey à jouer », a rappelé l’auteur d’un but et neuf aides en autant de parties.
Subban n’est pas le seul à avoir atteint le plateau des 10 pointsPacioretty (7 buts, 4 aides), Tomas Plekanec (5 buts, 5 aides) et Andrei Markov (1 but, 9 aides) font aussi partie de ce groupe.