PEBBLE BEACH - Pendant que les revenus de la LNH grimpent et qu’ils pourraient entraîner une hausse de quelque 3 millions $ du plafond salarial l’an prochain, les projets d’expansion vers Québec et Las Vegas demeurent au neutre.
Étudiés en profondeur pendant près de trois heures en comité exécutif* en matinée lundi, les dossiers de Québec et Vegas ont simplement été présentés aux 20 autres formations au cours de l’après-midi. « Ils nous ont résumé les discussions de ce matin. On dirait que ça fait deux ans (sic) qu’on parle des mêmes affaires. Garry fait beaucoup de travail, mais on n’est pas rendu au point ou il va y avoir une décision tout de suite », a indiqué Luc Robitaille à sa sortie de la salle de réunion.
On a ensuite demandé au président des affaires corporatives et gouverneur associé des Kings de Los Angeles s’il croyait que les 30 équipes voteraient bientôt sur les projets d’expansion. Luc Robitaille a alors esquissé quelques moues avant de répondre : « Je ne pense pas ».
Il serait donc surprenant que les gouverneurs tiennent un scrutin dès leur prochaine rencontre, lors du Match des étoiles qui se tiendra à Nashville, à la fin du mois de janvier. Pour que Québec et/ou Las Vegas puissent effectuer leur retour ou leur entrée dans la LNH en 2017-2018, il faudrait alors que les gouverneurs approuvent les projets lors de la réunion de juin prochain, à Las Vegas, dans le cadre des remises annuelles des trophées et autres honneurs individuels.
Là encore, rien ne semble acquis.
Est-ce là une très mauvaise nouvelle pour Québec et Las Vegas?La réponse est non. Vrai que la patience des amateurs de Québec et de Vegas est mise à rude épreuve, mais comme il l’a fait à plusieurs reprises au cours des derniers mois, Gary Bettman a spécifié que la date la plus hâtive pour une éventuelle expansion était 2017. Ça ne veut toutefois pas dire qu’elle ne pourrait pas être retardée d’une, voire deux saisons.
Car au-delà du temps nécessaire pour permettre à Québec et Las Vegas d’établir les cadres de leur organisation, autant sur le plan sportif qu’administratif, il faut aussi penser aux équipes actuelles. La LNH doit donner assez de temps aux 30 clubs pour qu’ils puissent planifier leurs stratégies en fonction d’un éventuel repêchage d’expansion. Des stratégies qui varieront beaucoup selon que la LNH donne son aval à une ou à deux nouvelles équipes.
À titre d’exemple, au lieu de conclure une ou des transactions pour se départir de jeunes joueurs qui n’ont pas d’avenir ou de vétérans qui n’ont plus d’avenir au sein de leurs organisations, le Canadien comme les 29 autres formations pourraient décider de les garder afin de les offrir dans le cadre d’un éventuel repêchage d’expansion. Une stratégie qui leur permettrait d’éviter de perdre des joueurs auxquels ces équipes tiennent vraiment.
Questionné à savoir si la présentation des candidatures de Québec et de Las Vegas avait soulevé de l’enthousiasme de la part des gouverneurs ou qu’elles avaient au contraire suscité des réactions négatives, Geoff Molson a tranché en qualifiant de « neutre » l’accueil des propriétaires.
« C’est une réaction normale considérant l’état des dossiers. Nous n’avons pas débattu du projet d’expansion. On nous a présenté les dossiers. On nous a fourni des données sur les deux villes, sur les marchés. On nous a informés », a ajouté le propriétaire du Canadien de Montréal.
Bettman garde le cap
Commissaire de la LNH, Gary Bettman a maintenu le cap adopté depuis un an déjà alors qu’il a ouvert la porte à la possibilité d’étendre les cadres de son circuit vers Québec et Las Vegas.
« Le dossier suit son cours. Nous avons une décision d’affaire à prendre. Une décision importante. Et nous devons prendre le temps nécessaire pour analyser tous les détails. C’est long, mais nous ne sommes pas pressés. Nous n’avons pas encore déterminé si une expansion à une ou deux équipes est vraiment souhaitable », a répété Gary Bettman.
À un collègue venu de Las Vegas qui a demandé au commissaire de la LNH quel message il lançait aux quelque 14 000 amateurs de hockey qui ont signé des promesses d’achat de billets de saison dans le cadre de la campagne promotionnelle lancée par Bill Foley, Gary Bettman a répondu : « D’être patients! »
En passant, l’amphithéâtre de Las Vegas ouvrira ses portes le 6 avril prochain. Une dizaine de jours avant la date initialement prévue. À l’image du Centre Vidéotron, le Las Vegas Arena – il sera certainement bientôt rebaptisé au nom d’une riche compagnie qui paiera le gros prix – aura été construit en respectant non seulement l’échéancier, mais aussi le budget prévu. C’est le groupe rock « The Killers », un groupe originaire justement de Las Vegas, qui procédera à l’ouverture officielle de l’amphithéâtre.
S’il est demeuré très vague dans ses commentaires reliés à l’évolution et à un possible échéancier à respecter, Gary Bettman a toutefois indiqué qu’il était en contact avec les responsables des deux projets d’expansion.
« Ils ne sont pas impliqués dans les discussions, mais nous les gardons informés. Nous avons en main toutes les informations nécessaires pour effectuer notre travail, nos analyses. Il faut simplement nous donner le temps d’étudier le dossier. »
Gary Bettman s’est toutefois montré très ferme pour démentir des rumeurs selon lesquelles la lenteur du processus en cours servait la cause de la LNH afin d’ajouter d’autres candidatures.
« C’est catégoriquement faux. Le projet d’expansion à l’étude présentement concerne uniquement Québec et Las Vegas. Si jamais d’autres villes posent leur candidature, cela se déroulera dans un tout nouveau processus. »
Plafond à 74 millions $
Bien que très réservés dans leurs commentaires reliés au projet d’expansion, le commissaire et ses patrons – les 30 propriétaires – souriaient d’aise en convenant que les revenus de la LNH étaient toujours à la hausse en dépit des fluctuations à la baisse du dollar canadien.
« Sur ce point, les nouvelles sont très bonnes », a d’ailleurs convenu le propriétaire du Canadien Geoff Molson.
La possibilité que le plafond puisse passer de 71,4 millions $ qu’il est actuellement à 74,4 millions $ l’an prochain réjouissait aussi le propriétaire du Tricolore.
« Je ne sais pas si ce chiffre est déjà confirmé, mais si cela se concrétise, ça fera l’affaire du Canadien de Montréal.»
Dans son point de presse, Gary Bettman ne pouvait assurer que le plafond grimpera de 3 millions $ l’an prochain. Il a toutefois convenu que c’était une possibilité.
« Vous êtes nombreux à croire que la baisse du dollar canadien a des répercussions très négatives sur nos revenus. Oui le dollar baisse, mais les conséquences sont beaucoup moins néfastes que plusieurs le croient. Cela démontre d’ailleurs la santé financière de notre ligue. Les chiffres sont encore très provisoires. Mais à la lumière des analyses préliminaires que nous sommes en mesure de faire, on peut prévoir que le plafond restera où il est actuellement ou grimpera de quelque 3 millions $, peut-être un peu plus, l’an prochain. »
Gary Bettman a assuré que les 30 gouverneurs avaient applaudi les améliorations apportées cette saison par la prolongation à trois contre trois et les contestations accordées aux entraîneurs-chefs dans le cadre de buts litigieux.
La question des commotions cérébrales et du protocole mis de l’avant en début de saison pour mieux les détecter lors des matchs sera abordée mardi seulement. Tout comme les compensations accordées aux équipes qui obtiennent un choix au repêchage lorsqu’un club adversaire embauche un entraîneur ou membre de l’état-major après qu’il eut été congédié.
Ces compensations n’ont jamais été prisées par le commissaire et plusieurs croient que Gary Bettman pourrait carrément les abolir dans le cadre de la réunion qui se terminera sur l’heure du lunch mardi.
« On doit vous garder des sujets de discussion pour demain », a lancé Bettman en guise de conclusion de son point de presse.
* Les dix équipes siégeant au comité exécutif de la LNH sont Anaheim, Boston – Jeremy Jacobs est d’ailleurs le président du comité – Calgary, Caroline, Chicago, Minnesota, Philadelphie, Tampa Bay, Toronto et Washington. Le propriétaire et gouverneur des Flyers, Ed Snider n’est pas à Pebble Beach cette semaine en raison de problèmes de santé selon notre collègue Pierre LeBrun de TSN.