Après sa défaite plus qu’honorable encaissée jeudi aux mains des Capitals de Washington, le Canadien a perdu pour vrai samedi. Parce qu’il a perdu contre l’un des pires clubs de la Ligue, il est impossible de parler de victoire morale comme c’était le cas après le revers contre les Caps et Braden Holtby qui forment l’une des puissances de la Ligue.
Samedi en Caroline, le Canadien ne l’avait pas. Pas du tout. S’il n’a pas été déclassé, s’il s’est incliné seulement par un but (3-2) c’est parce que les Hurricanes sont vraiment mauvais comme le confirme le fait qu’ils sont derniers dans l’Est et qu’ils partagent le dernier rang du classement général avec les Flames et les Oilers. Parce que les Canes sont derniers dans l’Est et avant-derniers dans la LNH avec 54 buts marqués ; un de plus que les Ducks d’Anaheim qui les dépasseront bientôt, si ce n’est pas très bientôt.
Michel Therrien, qui ne pouvait quand même pas tomber à bras raccourci sur le dos de ses joueurs après la 6e défaite en temps réglementaire – 19-6-3 – de son équipe après 28 matchs cette saison a parlé d’une «partie difficile». Il a imputé une partie du revers au fait qu’il était difficile de retrouver le même niveau d’intensité que celui atteint jeudi face aux Caps dans le cadre d’un match beaucoup plus attendu que celui de samedi qui ne devait être qu’une formalité.
Manque d’intensité
L’entraîneur-chef du Canadien avait raison de souligner ce manque d’intensité. Car il était clair que son équipe n’était pas l’ombre d’elle même samedi; que cette équipe, après avoir perdu deux points qu’elle méritait aux mains des Capitals, pensait qu’elle n’aurait qu’à faire acte de présence pour les retrouver.
Mais ce n’est pas arrivé.
Les Hurricanes sont peut-être moribonds sur la patinoire. Derrière leur capitaine Eric Staal qui a beaucoup ralenti, devant Cam Ward qui nous fait oublier qu’il a déjà été un très solide gardien – trophée Conn Smythe en 2006 – les Canes jouent sans grandes convictions. Ils évoluent peut-être dans le pire marché de la LNH, dans une indifférence complète parce que leurs insuccès sur la glace au fil des dernières années – une seule présence en séries (2009) depuis leur conquête de la coupe Stanley en 2006 – les plongent plus loin derrière le basket-ball universitaire, le football, autant celui de la NFL que de la NCAA, et les courses de stock-car ce qui complique leur quête d’intensité, de respectabilité.
Mais si une équipe leur ouvre la porte en les prenant à la légère, les Hurricanes sont encore capables d’en profiter… du moins de temps en temps. Et c’est exactement ce qui est arrivé samedi.
Après avoir pris rapidement les devants dans le match – Daniel Carr a inscrit son premier but en carrière, sur son premier tir, dès sa première présence – le Canadien s’est dit qu’il avait bien raison de croire que le match était gagné d’avance.
Cela a rapidement paru dans sa façon de jouer.
Les petits nouveaux laissés à eux-mêmes
Les petits nouveaux ont bien fait. Ils ont travaillé. Le quatrième trio a fait sa part. Sven Andrighetto aussi. Le petit joueur rapide et combatif a continué à prendre les moyens pour convaincre la direction de l’équipe de le garder à Montréal même lorsque les Gallagher, Mitchell, Smith-Pelly et Semin seront prêts à revenir au jeu. Et j’ai bien l’impression qu’il est en voie de convaincre tout le monde.
Mais les autres, les gros joueurs des gros trios, les gros défenseurs, les membres de la force d’élite déployée en avantage numérique ne se sont pas présentés. Ou pas assez. L’attaque à cinq a été blanchie en quatre occasions. Elle a obtenu cinq tirs, c’est vrai. Je me trompe peut-être, mais il me semble qu’aucun de ces tirs n’était vraiment dangereux.
C’était ça le problème samedi en Caroline. Le Canadien n’a jamais, ou rarement, été vraiment dangereux. Et ça explique pourquoi il a perdu. Ça explique la déclaration de David Desharnais qui a qualifié de «pire match de la saison» sa sortie et celle de ses coéquipiers.
Pas question de paniquer.
Pas question de réclamer l’embauche rapide d’un gardien pour seconder Mike Condon dans son rôle de second de Carey Price.
Oui Condon a une fois encore été généreux dans les retours qu’il a accordés aux Canes samedi soir.
Oui il a été plus généreux encore dans les remises de rondelles effectuées lors de ses sorties. C’est d’ailleurs lui qui a effectué la première passe sur le but qui a finalement été refusé aux Hurricanes après qu’Eric Staal lui soit tombé sur le dos pour l’empêcher de réparer son erreur.
Oui Condon qui était si stable et posé devant son filet en début de saison semblait parfois dépasser par les événements en se sortant de position avec des glissades et des gestes exagérés devant son but.
Oui avec un peu de chance – Justin Faulk a touché la barre horizontale à deux reprises sur une même séquence et Eric Staal a raté une cage déserte entre les deux tirs de son coéquipier défenseur – et un peu plus de talent offensif, les Hurricanes auraient facilement marqué quelques buts de plus. Des buts qui auraient fait davantage mal paraître le Canadien et son gardien auxiliaire.
Dure semaine en proue
Condon et ses coéquipiers ont évité le pire.
Bienfait du calendrier, ils ont trois jours pour le réaliser et pour se préparer à des matchs qui devraient être pas mal plus difficiles à compter de mercredi.Prochains adversaires du Canadien – mercredi, au Centre Bell – les Bruins de Boston ont blanchi les Canucks 4-0 samedi soir à Vancouver. Vrai que les Canucks patinent en plein marasme en ce moment, mais les Hurricanes étaient dans la même situation et ça ne les a pas empêchés de surprendre le Canadien.
Avec ce gain, les Bruins ont maintenant six victoires en huit matchs et ils ont prolongé à huit leur séquence de parties sans défaite en temps réglementaire (6-0-1-1). Depuis leur revers de 4-2 lors de leur dernière escale à Montréal, les Bruins présentent un dossier de 8-2-1-1.
Jeudi, le Canadien rendra visite à des Red Wings qui seront bien reposés et qui sont sur une lancée. Après avoir comblé deux fois des reculs de trois buts, les Wings ont battu Nashville 5-4 samedi. C’était leur troisième victoire de suite. Ils n’ont pas de revers en temps réglementaire (7-0-3) à leurs 10 derniers matchs. Fait à souligner, huit de ces 10 matchs se sont décidés en prolongation (4 victoires, 3 revers) ou en tirs de barrage (1 victoire).
Samedi prochain, le Canadien retrouvera les Sénateurs au Centre Bell. Les Sénateurs sont eux aussi revenus de l’arrière pour gagner samedi. Ils ont transformé un déficit de 0-2 en victoire de 3-2 aux dépens des Islanders de New York.
C’était la deuxième victoire de suite des Sens. Une deuxième de suite en prolongation. Erik Karlsson qui décriait le jeu à trois contre trois plus tôt cette année, a marqué le but gagnant samedi après avoir préparé le but de la victoire jeudi.
Depuis la dernière partie contre le Canadien (victoire de 2-1 en prolongation au Centre Bell le 3 novembre dernier) les Sénateurs n’ont encaissé que trois revers en temps réglementaire (9-3-3) en 15 matchs.
Comme quoi les trois prochaines parties qui attendent le Canadien devraient plus difficiles que celle qu’il a perdue samedi en Caroline.
Remarquez que c’est peut-être un mal pour un bien alors que le Tricolore devrait être en mesure de plus facilement se motiver.