SHAWINIGAN, Qc - Lorsqu'il enfilera le chandail d'une équipe professionnelle au prochain repêchage de la LNH, Samuel Girard aura une petite pensée pour tous ceux qui lui ont déjà dit qu'il était trop petit pour percer.
Et ça ne date pas d'hier. Depuis son stage au niveau bantam, le défenseur des Cataractes de Shawinigan entend toutes sortes de commentaires à son sujet. Du haut de ses cinq pieds neuf pouces, le Robervalois n'y prête guère attention et se sert plutôt de son talent pour répliquer.
« Je trouve ça drôle, a lancé l'arrière de 17 ans après une victoire de 8-2 des siens face aux Remparts de Québec, vendredi. J'ai juste envie de les faire mentir et de pouvoir réaliser mon rêve. Tout ce que je peux faire, c'est de leur prouver que je suis capable de me rendre là. Après ça, ils vont peut-être se la fermer. »
Girard est devenu un spécialiste dans l'art de prouver à ses détracteurs qu'ils ont tort. Sa capacité d'adaptation, sa vision du jeu et son intelligence sur la patinoire lui ont permis d'afficher une progression constante malgré le fait qu'il affronte des joueurs plus costauds d'année en année.
À sa deuxième saison dans la LHJMQ, celui qui a remporté le titre de recrue défensive de l'année en 2014-2015 domine les défenseurs du circuit avec une récolte de 30 points en 22 rencontres. Son différentiel de plus-15 le place aussi parmi les meilleurs arrières de la Ligue.
« Je crois que ce que les têtes de hockey veulent voir de Samuel, c'est de la constance, a expliqué son entraîneur chez les Cataractes, Martin Bernard. Je pense que plutôt que de lui coller l'étiquette de défenseur offensif ou défensif, ils veulent lui coller celle de défenseur efficace.
« Ils sont tous conscients qu'offensivement, il va faire des choses extraordinaires. Défensivement, il démontre avec son différentiel qu'il est capable de bien gérer. »
Situation gagnante
En sélectionnant Girard au troisième échelon du repêchage presque deux ans jour pour jour après leur conquête de la coupe Memorial, les Cataractes savaient exactement ce qu'ils faisaient. Ils avaient besoin d'un quart-arrière en défense pour compléter le processus de reconstruction et le Robervalois était le joueur tout désigné.
Dès son arrivée dans la ville de l'énergie, le no 94 a été utilisé à toutes les sauces par Bernard et ses adjoints, comme ils l'avaient fait avec Anthony Beauvillier, un choix de première ronde des Islanders de New York en 2015.
« Je suis arrivé pendant la reconstruction et ça m'a beaucoup aidé, a fait valoir le protégé du réputé agent de joueurs Pat Brisson. On me fait beaucoup confiance et on me donne beaucoup de temps de glace, mais je pense que c'est du donnant-donnant. »
Bernard savait évidemment que certains soirs seraient plus longs que d'autres, mais il était prêt à tenter l'expérience au profit du développement de son poulain.
« Oui, il y a eu des erreurs, a reconnu le pilote de la plus puissante attaque du circuit Courteau. Il y a des soirs où ça nous a peut-être coûté des points au classement. On voulait lui donner la chance de progresser plus vite pour qu'il arrive à maturité en même temps que notre groupe de joueurs, et c'est ce qui se produit.
« C'est bien beau le plan de l'entraîneur, mais la plus grosse partie revient au joueur. Samuel est un gars qui a beaucoup de caractère et qui est ultra-passionné par le hockey. Quand il se présente à l'aréna, il travaille extrêmement fort et dans ce temps-là, ça donne des résultats comme on voit cette année. »