Au hockey comme dans la vie, il y a des séparations qui sont parfois salutaires. Les succès de David Desharnais et du trio qu’il pilote le prouvent d’une manière éloquente.
Avec sa récolte de trois points dimanche soir, David Desharnais n’a pas seulement contribué à la victoire de 5-1 du Canadien aux dépens des Jets de Winnipeg, il a maintenu son début de saison impressionnant en enfilant son troisième but et en récoltant ses huitième et neuvième passes de l’année. Avec ses 12 points et un différentiel de +12, Desharnais a rejoint Tomas Plekanec, P.K. Subban et Andrei Markov au premier rang des marqueurs du Tricolore.
Son ailier gauche Tomas Fleischmann suit pas très loin derrière avec quatre buts et 10 points. Sans oublier le surprenant Dale Weise avec ses neuf points, dont six buts.
Maintenant séparé de Max Pacioretty qui insistait pour jouer à ses côtés depuis que les deux joueurs se sont retrouvés dans la LNH après qu’ils eurent connu beaucoup de succès en évoluant ensemble à Hamilton dans la Ligue américaine, David Desharnais renverse les tendances des dernières années avec un début de saison productif. Presque explosif.
L’an dernier, le petit joueur de centre a dû patienter jusqu’à son 31e match avant d’enfiler son troisième but de la saison. Il a atteint le plateau des 12 points à sa 24e partie. Ses pannes offensives lui ont d’ailleurs valu un petit séjour à l’aile droite lorsque le Canadien a décidé d’offrir quelques matchs à Alex Galchenyuk au centre. Une expérience dont Desharnais est sorti grandi puisqu’il a produit sur le flanc gauche du « troisième trio » avant de reprendre sa place au centre.
Il y a deux ans? Desharnais a marqué son 3e but après 29 rencontres et récolté son 12e point après 36 parties. Son lent début de saison l’avait même chassé de la formation à deux reprises.
Détracteurs muselés
Évoluant au sein de ce qui devait être le premier trio en compagnie de son complice de toujours Max Pacioretty, David Desharnais était l’objet de vives critiques. Des critiques parfois exagérées il est vrai, mais des critiques qu’il devait assumer en raison du rôle de premier centre qui lui était confié. Un rôle que le petit joueur de centre tentait tant bien que mal de remplir. Mais un rôle qui était démesuré, cela dit, sans vouloir diminuer le talent et les grandes qualités du Québécois.
Cette année, il faudrait vraiment être malhonnête pour critiquer Desharnais et le travail qu’il accomplit. Bon! Il s’est attiré les foudres de ses détracteurs jeudi dernier en se rendant coupable d’une perte de rondelle qui a conduit au but gagnant marqué par les Oilers en toute fin de match. Desharnais méritait le blâme sur ce but. Il l’a d’ailleurs reconnu et a assumé sa part de responsabilité.
Heureux de pouvoir enfin le recouvrir de critiques, ses détracteurs sont ensuite retombés dans leur mutisme complet et ils ont passé sous silence les performances de Desharnais et des membres de son trio à Calgary vendredi et au Centre Bell dimanche, où le petit joueur de centre a grandement racheté sa bévue de jeudi dernier.
Ces détracteurs referont surface dès que Desharnais connaitra une baisse de régime. Ce n’est pas toujours juste, même que c’est souvent injuste, mais c’est comme ça.
D’ici là, il est nécessaire de reconnaître le travail de qualité abattu par Desharnais et les membres de son trio. Du travail qui a grandement contribué au fait que le Canadien a atteint, dimanche, les 50 buts marqués dès son 13e match alors qu’il avait dû patienter jusqu’au 21e l’an dernier pour atteindre ce plateau.
Un rôle à sa mesure
David Desharnais n’est pas plus gros ou plus rapide qu’il ne l’était l’an dernier et les années d’avant. Il a toujours les mêmes mains sûres, capables de multiplier les passes savantes et précises et une vision exceptionnelle.
Mais maintenant qu’il évolue au sein d’un « troisième trio », Desharnais n’a plus à composer avec le meilleur centre défensif et le meilleur duo de défenseurs de l’équipe adverse. Pendant que cette attention est consacrée à Max Pacioretty, Tomas Plekanec et Brendan Gallagher, Desharnais et les membres de son trio dominent leurs couvreurs, multiplient les buts et mettent des points en banque. Tout ça en jouant moins souvent que les membres des deux premiers trios que ce soit à forces égales ou au sein des unités spéciales.
Ce n’est pas rien!
« On forme un bon trio. On se complète bien et c’est clair que nous avons trouvé un synchronisme et une chimie dès qu’on a commencé à jouer ensemble au camp d’entraînement. Mais c’est clair que le fait d’échapper aux meilleurs joueurs défensifs de l’autre bord nous aide également », a convenu David Desharnais à son retour au vestiaire après la victoire aux dépens de Jets et son tour de piste à titre de première étoile de la rencontre.
Si le fait de ne plus évoluer avec Max Pacioretty lui est salutaire, David Desharnais tire aussi profit du fait de passer moins de minutes sur la patinoire. « Peut-être que ça nous permet de jouer avec plus d’énergie chaque fois qu’on saute sur la glace. On n’a pas à économiser nos forces, je ne sais pas trop. Ce que je sais par exemple, c’est qu’une fois sur la glace on arrive vraiment à maximiser nos présences », a poursuivi Desharnais.
Le fait de jouer au sein d’un trio moins en vue et de passer moins de minutes sur la patinoire pourrait être interprété par certains comme une sanction.
Rien ne serait plus faux. Car lorsque Michel Therrien a jonglé avec ses trios dans le cadre de sa préparation en vue de la saison 2015-2016, il cherchait justement à équilibrer ses forces en attaque. À obtenir une contribution élargie de ses quatre trios.
Des trios que Therrien refuse d’ailleurs toujours d’identifier par des numéros servant de baromètres pour leur hiérarchie sur le tableau accroché près du bureau du coach et dans le vestiaire. Quand les journalistes lui posent des questions sur ses premier, deuxième, troisième et quatrième trios, Therrien répond en parlant des trios de Tomas Plekanec, Alex Galchenyuk, Desharnais et Torrey Mitchell.
De prime abord, cette façon de faire pourrait sembler simplement cosmétique. Mais dans les faits, les trios de Desharnais et Mitchell lui donnent grandement raison puisque leurs contributions sont égales, voire supérieures, à celles des deux premiers trios ou des trios de Plekanec et Galchenyuk si vous préférez.
De fait, le brio des trios de Desharnais et de Mitchell, le brio de l’attaque massive qui a marqué neuf buts lors des 26 occasions (34,6 %) obtenues lors des huit derniers matchs après s’être contentée de deux buts en 21 occasions (9,5 %) lors des cinq premiers matchs, le brio de Carey Price et de Mike Condon les quatre fois qu’il lui est venu en relève, le brio du duo Markov-Subban sans oublier celui de Jeff Petry qui offre du hockey sensationnel malgré sa discrétion et surtout les 11 victoires célébrées en 13 rencontres permettent de museler des questions qui autrement seraient sur toutes les lèvres.
Quelles sont ces questions?
Que se passe-t-il donc avec Max Pacioretty qui a été très discret, voire timide, lors de la virée du Canadien dans l’Ouest et encore dimanche soir lors de son retour devant ses partisans?
Combien de temps Alexander Semin passera-t-il sur la galerie de presse avant d’être réintégré au sein de la formation ou soumis au ballottage pour s’en débarrasser et trouver un remplaçant capable de vraiment aider Alex Galchenyuk et Lars Eller? À moins que l’état-major soit convaincu que Devante Smith-Pelley soit un candidat adéquat.
Combien de temps le Canadien gardera-t-il sur la touche Jarred Tinordi et Greg Pateryn avant de leur donner du travail à la ligne bleue ou de les échanger?
Des questions importantes, mais qui, pour l’instant, sont balayées par une fiche et une production offensive qui dépassent un brin ou deux les projections les plus optimistes établies en début de saison.