PITTSBURGH - La dernière fois que le Canadien a amorcé sa saison avec quatre victoires consécutives, aucun joueur de l’édition actuelle n’était né ; pas même Andrei Markov l’aîné du groupe a bientôt 37 ans.
Il faut remonter jusqu’en début de saison 1977-1978 pour retracer le dernier exploit du genre. Un exploit que la troupe de Michel Therrien a égalé en renversant les Penguins 3-2 à Pittsburgh. Si le Tricolore gagne jeudi, alors que les Rangers de New York feront escale au Centre Bell, il passera à l’histoire avec une séquence de cinq gains de suite pour lancer la saison.
Quant aux Penguins, ils connaissent un début de saison aux antipodes de celui du Tricolore alors que leur défaite aux mains du Canadien était leur troisième de suite cette année. Ce revers, un premier encaissé devant des partisans qui se sont impatientés à quelques reprises mardi soir, a laissé des traces dans le vestiaire. Victime de trois buts dont deux l’ont fait mal paraître, Marc-André Fleury qui a amorcé sa première réponse avec un juron bien gras commençant par la lettre O avant de s’excuser! «On est meilleur que ça. C’est très frustrant. C’est dur à accepter», a lancé Fleury, victime de trois buts sur les 30 tirs du Tricolore.
Si aucun joueur du Canadien n’était né en 1977 lorsque le Tricolore a ouvert sa saison avec quatre victoires de suite, Sidney Crosby donnait ses premiers coups de patin dans la LNH lorsque les Penguins ont amorcé pour la dernière fois une saison avec trois défaites consécutives ; donc en octobre 2005 au retour du lock-out qui avait paralysé la LNH pendant une saison complète.
«Il y a quand même du positif à tirer malgré la défaite, mais on doit être meilleurs. On doit profiter de nos chances de marquer», a indiqué Sidney Crosby dans un autre coin du vestiaire.
Blanchi de la feuille de pointage pour une troisième partie de suite cette saison, Sidney Crosby a au moins obtenu quatre tirs sur la cage défendue par Carey Price. C’était ses premiers cette saison. De fait, le capitaine des Penguins a mis fin à une disette de 47 min 7 s lorsqu’il a tiré sur le gardien du Canadien en fin de première période.
Le trio de Crosby –flanqué de Chris Kunitz et Philk Kessel – a connu quelques bons moments mardi. Surtout en fin de rencontre. Mais le trio du capitaine des Penguins a été neutralisé à quelques reprises par le quatrième trio du Tricolore.
Vrai que Torrey Mitchel, Brian Flynn et Devante Smith-Pelly jouent du hockey inspiré et efficace depuis le début de l’année, mais il est quand même un brin surprenant de les voir museler un trio qui devrait être l’un des plus redoutables de la LNH.
Au-delà quelques poussées du trio de Crosby, c’est le troisième trio pivoté par Nick Bonino et complété par Sergei Pletnikov et Beau Bennett qui a été le meilleur et/ou le plus constant des Penguins.
Ça vous donne une idée…
Sur les talons
Crosby et ses coéquipiers ont très mal amorcé le match. Sur les talons, ils ont regardé le Canadien prendre possession de la patinoire et y régner en maître.
Suivant à la lettre le mot d’ordre qui était de tirer haut pour maximiser leurs chances de déjouer Carey Price, les joueurs des Penguins ont tiré trop haut ratant la cible à plusieurs reprises au cours du premier tiers. Quatre fois seulement, les Penguins ont obligé Carey Price à réaliser des arrêts. Et lorsqu’ils se sont mis à jouer un peu plus et un peu mieux, les Penguins se sont butés à un Price très solide.
Le gardien du Canadien s’est peut-être montré généreux sur le but de Bennett qui a nivelé les chances 1-1 en début de deuxième. Certains diront qu’il aurait aussi pu stopper la frappe de Kristopher Letang qui a nivelé les chances 2-2 moins de cinq minutes plus tard. Mais après avoir accordé deux buts sur 15 tirs en période médiane, Price a stoppé les 14 tirs qu’il a affrontés en troisième pour protéger la quatrième victoire de son club. Sa troisième cette saison.
Le gardien du Tricolore a réalisé son plus bel arrêt aux dépens de Sidney Crosby en toute fin de rencontre en effectuant une glissade du désespoir sur sa gauche. «Je savais qu’il était là, mais j’étais un peu en retard. Après le premier arrêt, je ne savais plus vraiment où était la rondelle. Il faut être chanceux parfois pour être bon», que le gardien du Canadien a lancé en analysant l’arrêt du match.
On lui a vite répliqué qu’il faut aussi être bon pour s’assurer que la chance vienne de son côté de temps en temps…
«Deux joueurs d’élite se sont affrontés en duel sur ce jeu et c’est Carey qui a eu le dessus», a indiqué un Michel Therrien fort satisfait du travail de son équipe. Avec raison. Car si on peut reprocher un manque d’intensité au Penguins en début de rencontre et un manque de cohésion évident du début à la fin de la rencontre, il est impératif d’ajouter que le Canadien a grandement compliqué la tâche de ses adversaires.
Rôles compris et acceptés
Pour un troisième match de suite – le premier match à Toronto mercredi dernier était beaucoup moins convaincant – tous les joueurs du Canadien ont répondu à l’appel.
«La saison est jeune, mais il est clair que tous les gars dans le vestiaire connaissent le rôle qui leur est donné. Ils l’acceptent. Ils le remplissent. Quand tu regardes le match de ce soir, il est clair que chaque trio a gagné le duel qu’il avait à livrer contre ses adversaires. Quand tu gagnes ces défis et que tu as la chance d’avoir un gardien comme Carey devant ton but, tes chances de victoires sont bien plus imposantes», assurait le capitaine Max Pacioretty après le match.
Un match qu’il a auréolé de deux buts pour porter sa récolte à quatre depuis le début de la saison. Pacioretty a surpris Fleury avec un tir sur réception pour marquer le premier but de la rencontre. Si on ne peut passer sous silence la qualité du tir de Pacioretty, il est plus important encore de souligner la grande qualité du travail accompli en zone offensive par Brendan Gallagher qui a mis la table à son capitaine en lui servant une passe parfaite.
Pacioretty a vu la rondelle dévier sur le bâton d’un défenseur sur son deuxième but. Un but marqué en avantage numérique. Le deuxième seulement du Tricolore en 16 occasions depuis le début de la saison. Mais un but important marqué tout juste trois minutes après que les Penguins eurent créé l’égalité et fait tourner le momentum de leur côté.
Questionné sur les chances qu’il accordait à son équipe d’amorcer la saison avec quatre gains de suite sur la route, Michel Therrien a répondu à la blague. «Les chances semblaient tellement minces que j’aurais fait beaucoup d’argent si j’avais parié. Mais on est fier de notre équipe. Nos gars jouent bien. On affrontait un gros club ce soir. Le défi était imposant. Mais nos gars ont pris les moyens pour gagner», a conclu Michel Therrien avant de quitter Pittsburgh pour une courte envolée vers Montréal.