samedi 12 septembre 2015

Michel Therrien aura l’embarras du choix | Comment utiliser Galchenyuk et Semin?

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Publié le 12 septembre 2015 à 09:34 par

Nicolas Cloutier

Demandez à un amateur de hockey de composer les trios de son équipe. Vous noterez que, d’un partisan à l’autre, les stratégies ne changent pas: on place les meilleurs joueurs avec les meilleurs, on ne change pas leur position, on essaie de respecter les latéralités, de réunir les passeurs avec les tireurs et de ne pas briser certains duos.
Sur la première ligne, on met tous les oeufs dans le même panier. Sur les troisième et quatrième trios, on rassemble invariablement des joueurs à caractère défensif. Avec un bon gabarit, de préférence.
Il n’y a rien de mal à ça. Pourquoi le partisan moyen de la Flanelle se fendrait-il à évaluer toutes les variables jusqu’à la dernière virgule? Il effectue l’exercice sans prétention et, surtout, par plaisir.
Mais pour le bien de l’analyse, poussons l’exercice un peu plus loin. Parce qu’il y a tellement d’éléments qui entrent en ligne de compte dans la composition des trios, il est facile de s’y perdre.
La mutation d’Alex Galchenyuk au centre donne une dynamique différente et certainement, un look plus dangereux et mieux balancé aux lignes d’attaque. Par-dessus tout, la clé dans son adaptation sera la présence de Brendan Gallagher à sa droite. Ce dernier se veut un puissant stimulant pour tous les attaquants qu’il complète. Gallagher est talentueux, il est plus créatif qu’il en récolte le crédit, ses patrons de jeu sont faciles à piger, et, par le passé, sa présence seule a suffi pour donner un bon coup de barre à un trio en manque d’inspiration. Il est l’élément déclencheur de la plupart des jeux et son style casse-cou se prête parfaitement aux tactiques prônées par Michel Therrien, qui veut imposer une cadence de jeu inconfortable à l’adversaire dans le but de provoquer des revirements et faire mouche en contre-attaque.
Photo: Paul Chiasson, La Presse Canadienne
Photo: Paul Chiasson, La Presse Canadienne
Avec raison, vous pointerez que ces observations sont subjectives et personnelles à mon interprétation.
V’là donc des preuves.
Depuis son arrivée dans la LNH à 18 ans, Galchenyuk a régulièrement fait la paire avec le numéro 11, ayant disputé un total de 1115 minutes à ses côtés. Ensemble, Galchenyuk et Gallagher ont permis au Canadien d’inscrire 57% des buts pour et d’amasser 52.2% des tentatives de lancers lorsqu’ils étaient sur la glace. Sans son acolyte, l’Américain a vu l’équipe adverse enfiler 51% des buts pour et revendiquer 53% des tentatives de lancers. Par contre, si Gallagher montre pour sa part des statistiques plus reluisantes sans Chucky, c’est, car, règle générale, il patrouillait l’aile droite du premier trio lorsque le duo était séparé. Il avait ainsi la chance de jouer avec un sapré bon joueur de hockey, un certain Max Pacioretty.
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Source: Puckalytics

WOWY (With or Without You) de Gallagher et Galchenyuk. GF%= Pourcentage de buts pour, CF%= Pourcentage des tentatives de tirs.  
À la gauche de Galchenyuk et Gallagher, on peut glisser le centre qui, en vertu des circonstances, sera inévitablement tassé à l’aile. Lars Eller et David Desharnais défendront leur position naturelle au camp d’entrainement.
Il faut répondre aux interrogations suivantes.
– Lequel promet d’offrir le meilleur rendement à l’aile, relativement à ce qu’il offre au centre?
– Lequel promet d’améliorer l’équipe en acceptant ce transfert?
LARS ELLER À L’AILE
POUR
– De moins grandes responsabilités défensives sur ses épaules et la possibilité de combler le rôle d’attaquant de puissance. Nombreux l’ignorent, mais Eller possède un foudroyant lancer frappé sur réception. Or, il a rarement l’occasion de l’utiliser puisqu’il est naturellement placé dans la chaise de distributeur. À l’aile, Eller peut s’offrir comme option de tir, voiler la vue du gardien et saisir les rebonds.
– Une possible opportunité d’évoluer avec de meilleurs coéquipiers.
– En zone défensive, il peut faire valoir son gabarit et ses talents de récupération de rondelle le long des rampes.
CONTRE
– Le Danois ne sera plus aussi impliqué dans les sorties de zone – les centres sont appelés à descendre plus bas que les ailiers en territoire défensif pour appuyer les défenseurs. Si on avait à lui vanter une qualité, c’est son habileté à effectuer les sorties de zone en possession de la rondelle pour sortir l’équipe d’eaux troubles. En l’envoyant à l’aile, on s’en prive.
– Bergevin a été le premier à le faire remarquer aux journalistes: Michel Therrien aime utiliser Eller comme troisième centre défensif pour l’opposer au premier trio adverse. En gobant des minutes exigeantes, avec de faibles compagnons de trio et des tâches ingrates, il permet aux autres joueurs de centre de souffler et, même si ses statistiques personnelles en paient le prix, l’équipe y gagne au change. Sans Eller pour aspirer les minutes dures, Galchenyuk en aura-t-il trop sur les épaules?
– Le Canadien a tenté, durant tout l’été, d’alourdir sa ligne de centre. Déloger du centre un de ses joueurs les plus costauds parait donc illogique.
DAVID DESHARNAIS À L’AILE
POUR
– Moins de responsabilités pour un joueur qui n’est pas reconnu pour son travail en zone défensive.
– Desharnais est habile quand vient le temps de manoeuvrer en zone neutre dans un espace restreint. Dans le corridor gauche, son talent en entrée de zone fournit une jolie option de passe au défenseur ou au joueur de centre lors des situations de transition.
*ne pas confondre les sorties de zone et les entrées de zone
– Jouer à l’aile ne l’empêche pas de fabriquer les jeux. Cela ne le limite pas nécessairement à oeuvrer dans un corridor défini.  Il faut se défaire de cette vision! En zone défensive, les ailiers resteront campés dans leur flanc, mais ils ont assez de liberté lorsqu’ils pénètrent la zone d’attaque. Daniel Sedin, Henrik Zetterberg et Ondrej Palat sont trois exemples d’excellents fabricants de jeu connaissant du succès à l’aile gauche. La différence est que Desharnais sera plus souvent campé dans un rôle de finisseur que lorsqu’il jouait au centre et il jouira de moins de touches de rondelle. Le Québécois a un tir qui n’est pas piqué des vers. Il gagnera à être plus imprévisible.
CONTRE
– Le CH perd en efficacité le long des rampes et en échec avant.
– Desharnais doit développer une chimie avec un joueur autre que Pacioretty
– Desharnais demeure un passeur, de même qu’un centre naturel depuis le début de sa carrière. Il était aussi le centre du Canadien le plus efficace pour alimenter les joueurs dans l’enclave.
Lorsqu’on analyse le portrait dans son ensemble, muter Desharnais à l’aile s’offre comme la meilleure option. Au centre, Galchenyuk représente une double menace puisqu’il passe et tire avec une grande acuité technique. Il peut recevoir les relais de son ailier Desharnais ou alimenter ce dernier. Gallagher agit comme un bourreau de travail à la Alex Killorn en récupération de rondelle et il est lui aussi reconnu pour son habileté à traverser la zone neutre en possession du disque.
On peut ensuite définir l’identité de la première ligne: Pacioretty – Plekanec – Semin. Il y a beaucoup à dire sur le potentiel de cette combinaison. Pacioretty est un passeur sous-estimé, il est très difficile de lui ravir la rondelle et son tir d’élite le rend menaçant à multiples endroits dans le territoire offensif. Puis, il est avant tout, un excellent patineur. On peut en dire autant de Plekanec. Lui et Semin partagent une touche européenne, c’est-à-dire, une propension pour les patrons de jeu est-ouest. On a longtemps vanté le tir du russe comme l’un des meilleurs de la LNH, mais il ne faut pas oublier qu’il adore bricoler des jeux et il préférera la passe au tir si l’ouverture n’y est pas (parfois abusivement). Vous avez là trois attaquants dont la qualité du lancer se situe confortablement au-dessus de la moyenne du circuit, en plus d’être difficiles à anticiper.
Certains aimeraient voir Semin à l’aile gauche, puisque ce changement lui confère l’avantage de pouvoir converger au centre sur son côté fort (le « coup droit »). Le principal intéressé a été transformé en ailier droit par Bruce Boudreau avec les Capitals et il n’a jamais caché qu’il adorait jouer du côté opposé à sa latéralité. De plus, il a marqué la plupart de ses buts sur le côté gauche, lors des dernières années.
Cela laisse donc deux choix à Michel Therrien. Il peut placer Semin à gauche pour s’assurer qu’il soit constamment en position pour tirer, mais, du côté opposé à sa latéralité, il lui sera plus difficile de capter les passes lors des sorties de zone. Ou alors, il peut garder Semin à droite et lui laisser plus de latitude sur la glace, le permettant de suivre, à l’occasion, des trajets diagonaux du flanc droit au flanc gauche en prenant de la vitesse. En prime, cela peut avoir pour effet de prendre l’équipe adverse par surprise.  En ce sens, il semble plus bénéfique de l’utiliser comme ailier droit.
L’aile gauche du troisième trio est un poste intéressant à surveiller à l’approche du camp d’entrainement. Si on ne sort pas des sentiers battus, les options pour fournir du support offensif à Lars Eller sont minces. Jacob de la Rose manque de conviction à l’attaque (il n’a que 20 ans). Dale Weise et Devante Smith-Pelly ne seront pas aussi efficaces s’ils sont utilisés en tant qu’ailiers gauches. Michael Bournival est un cas plutôt incertain.
Charles Hudon, par son style de jeu et la façon dont il se comporte sur la glace, semble être l’espoir le plus propice à faire progresser l’équipe à court terme. S’il connait un bon camp d’entrainement, le jumeler au Danois ne serait pas une bête idée. Flanqué d’Hudon et de Kassian, Eller évoluera dans des conditions gagnantes pour contribuer offensivement et maintenir un sain niveau de confiance tout au long de la saison.
Il y aussi Daniel Carr, qui ne cesse d’impressionner dernièrement. Si un négligé devait percer la formation, je miserais sur lui. 
Pour se donner un avantage par rapport aux autres équipes, le Tricolore peut surprendre en déployant un quatrième trio très rapide formé de Bournival, Mitchell et Weise. Cela dit, on ne peut rayer de l’équation Devante Smith-Pelly après un été complet d’entrainement. Brian Flynn, pour sa part, fait figure d’oublié même s’il a somme toute de bonnes mains et il prend de bonnes décisions avec la rondelle. L’énergique Christian Thomas est une autre option, mais le flanc droit est déjà plein à craquer.
Bien que pareille configuration soit, à mon sens, intéressante, il faudrait un camp spectaculaire de Bournival pour qu’elle soit testée. Il est presque acquis que Smith-Pelly commencera la saison avec le Canadien et Bergevin pourrait être tenté de garder deux défenseurs réservistes dans la formation pour ne pas perdre Tinordi ou Barberio, qui sont tous les deux admissibles au ballotage.
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Je refuse de croire que le CH ne tente pas d’obtenir un retour décent pour les services de Tom Gilbert. Derrière Subban et Petry, Greg Pateryn semble prêt à assumer un rôle de soutien, et à plus faible coût. Bergevin fait de la flexibilité salariale une obsession et troquer Gilbert pour un choix au repêchage lui procurerait davantage de marge de manoeuvre en cas de besoin lors de la date limite des transactions. De plus, son départ permettrait de garder Tinordi et Barberio dans le giron du CH ou, du moins, de garder l’un d’eux en tant que réserviste si l’on opte pour une formation de sept arrières.
L’an prochain, le Canadien versera 6,9 millions à ce qui sera hypothétiquement sa troisième paire de défense!
En rafale– Le camp des Canucks est un peu trop intense…
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