mercredi 29 juin 2016

Le Canadien est mieux de gagner

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P.K. Subban
P.K. Subban (Source d'image:Getty)
BERTRAND RAYMOND
MERCREDI, 29 JUIN 2016. 19:40

P.K. Subban, on le sait tous, n'était pas l'un des favoris de Michel Therrien. Habituellement, ceux qui ne cadrent dans sa façon de faire ne font pas long feu avec le Canadien.
Mais ne rejetons pas toute la responsabilité de cette transaction sur les épaules de l'entraîneur. Si Marc Bergevin avait aimé ce qu'il voyait de Subban sur la glace, dans le vestiaire et à l'extérieur de la patinoire, cette transaction n'aurait jamais eu lieu. Il ne l'avouera jamais, mais il est bien possible que Subban lui tombait sur les nerfs certains jours. Il a probablement réglé un cas qui a beaucoup aiguisé sa patience.
Il y a autant de points positifs que négatifs à cette transaction. Les inconditionnels de Subban, qui payaient très cher pour le voir évoluer au Centre Bell (certains achetaient leurs billets précisément pour lui), et une très bonne partie du public en général n'ont pas fini de sonner les cloches de Bergevin. Le hockey, qui est avant tout un spectacle, vient de sacrifier celui qui pouvait l'animer mieux que personne.

Subban n'a pas été échangé pour un pied de céleri. Shea Weber est un athlète de premier ordre à qui les Prédators de Nashville avaient accordé un mirobolant contrat de 14 ans et de 110 millions pour égaler une offre hostile des Flyers de Philadelphie. Un contrat plus long que celui de Subban et que le Canadien pourrait trouver très lourd à supporter quand Weber approchera la quarantaine. Mais bon, peut-être que Bergevin ne sera plus là à ce moment-là. Pourquoi s'arrêterait-il sur un détail comme celui-là?
On parle de l'athlète possédant le tir le plus puissant de la ligue. On obtient un capitaine, un athlète sérieux, discipliné qui ne sera pas celui qui parlera le plus fort dans le vestiaire, mais qui ne placera pas souvent son équipe dans le pétrin sur la glace. Il va stabiliser la défense du Canadien. Le nouveau général à la ligne bleue, c'est lui, dorénavant.
On a souvent pensé que si le Canadien échangeait Subban un jour, la monnaie d'échange serait le gros attaquant capable de solutionner le problème majeur de l'organisation. Toutefois, dans une transaction un pour un, il fallait que l'équivalent, ou l'élément supérieur, soit un défenseur.
Andreï Markov devrait être là pour une saison encore. Essayons juste d'imaginer de quoi l'équipe aurait eu l'air sans Markov et Subban dans deux ans. La misère aurait été au bout de la route. Avec Weber, les prochaines saisons offrent une très belle garantie.
Des irritants
Il y avait des irritants dans le cas de Subban. C'est devenu très évident dans les derniers moments de la saison quand Subban, qu'on disait prêt à retourner au jeu après avoir soigné une blessure au cou, est néanmoins resté sur les lignes de côté.
On a prétendu qu'il avait plutôt mal encaissé le fait que ses coéquipiers l'aient massivement boudé à titre de candidat au trophée King Clancy attribué à l'athlète qui a un grand rayonnement sur le plan humanitaire dans sa communauté. Quand on s'engage à verser 10 millions $ à un hôpital pour enfants, un geste sans précédent dans le hockey, et qu'on a droit à une telle rebuffade de ses partenaires de jeu, on doit s'interroger sur le degré de respect qu'ils nous attribuent dans la chambre.
À partir de ce moment, Subban n'a jamais cessé de prétendre qu'il était toujours ennuyé par sa blessure même s'il patinait à vive allure durant les entraînements. Il a donc laissé la saison s'éteindre sans reprendre ses patins les soirs de matchs. Si tout cela est vrai, on pourrait facilement comprendre le duo Bergevin-Therrien de l'avoir très mal pris. Aucun athlète en santé ne peut faire faux bond à ses coéquipiers quand ils ont besoin d'aide.
Je pense que si on procédait à un sondage secret parmi les joueurs du Canadien, la majorité approuverait la décision de leur directeur général. Malgré le spectacle pas très crédible que Subban et Max Pacioretty nous ont offert quand on leur a reproché d'être en brouille, on n'arrivait pas à dissiper ce malaise autour de l'équipe. Je crois que le capitaine, qui voit arriver un autre capitaine aguerri et crédible, a probablement ouvert une bonne bouteille de rouge pour souligner le geste radical posé par son patron.
Bergevin affirme qu'il n'a jamais eu de problèmes avec Subban, mais il y a sûrement une raison pour passer aux actes quand une organisation qui vient de connaître une saison désastreuse laisse partir sa meilleure carte de marketing et un joueur extrêmement populaire.
Il n'y a pas de doute que le Canadien, en vertu de cette transaction, présentera une image différente sur la glace. Le vestiaire aura dorénavant une personnalité davantage propice aux choses sérieuses.
Les amateurs sont furieux de voir partir Subban. Certains soirs, quand on assistera à un match terne et sans histoire, on va beaucoup s'ennuyer de lui. Des athlètes aussi spectaculaires que Subban ne courent pas les rues. Ce sont des vendeurs nés. Toutefois, pour tous les autres qui occupent le vestiaire, cela n'a pas la moindre importance. Les sources de distraction dérangeront toujours ceux pour qui le succès prime sur tout le reste.
Talent pour talent, cette transaction est facilement justifiable. Le Canadien, qui obtient un chef de file, a toutefois sacrifié de l'amour. Beaucoup d'amour. Et cela, ça ne s'achète pas.
La troupe de Bergevin est mieux de gagner rapidement pour faire digérer celle-là à sa clientèle.

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