FOXBOROUGH - Il était clair que le retour en forme et en force de Brendan Gallagher aiderait le Canadien. Il ne restait qu’à déterminer à quel point « l’effet Gallagher » allait se faire sentir.
On le sait maintenant.
À son premier match après une absence de 17 rencontres, Gallagher a marqué un but, il a ajouté une passe, il a donné le ton chaque fois qu’il posait les patins sur la glace. Eh oui ! Son équipe a gagné. Limité à cinq petites victoires dans les 17 parties (5-11-1) disputées sans sa bougie d’allumage, le Canadien a battu les Bruins de Boston dans le cadre d’une Classique hivernale grandiose disputée dans des conditions parfaites.
Le Tricolore les a battus facilement comme l’indique le score final. De fait, il les a battus plus facilement encore que la marque de 5-1 le laisse entendre tant le Canadien a pris le plein contrôle du Gillette Stadium sous les yeux médusés des 67 246 amateurs de hockey présents au stade des Patriots.
Contrairement au Canadien sans vie, sans confiance et sans conviction qui sautait sur la patinoire au cours du mois de décembre, le Canadien de Brendan Gallagher affichait en ce premier jour de janvier toutes les qualités susceptibles de le mener à la victoire. Ou à tout le moins de lui donner des chances de gagner.
Outre l’électrochoc qu’il a servi à l’attaque du Canadien, Gallagher s’est aussi assuré de reprendre là où il avait laissé sur le plan de l’implication physique. On en a eu la preuve par 33 lorsque le petit attaquant s’est fait renverser à deux mains par le géant Zdeno Chara qui ne pouvait plus blairer la présence agaçante de Gallagher devant son gardien Tuukka Rask.
Journée parfaite
Au centre de l’action du début à la fin de la rencontre, Gallagher a récolté une première étoile qu’il méritait de plein droit.
« C’était un événement parfait. Une journée parfaite. Quoi demander de mieux. Je voulais disputer ce match, mais je voulais surtout aider mon équipe à gagner. C’était d’ailleurs l’attitude de toute l’équipe. On l’a senti dès l’entraînement d’hier (jeudi). On savait tous que l’événement était gigantesque. On voulait tous en profiter. Mais on ne voulait pas simplement y prendre part. On voulait gagner. Le mois de décembre a été difficile. Il est maintenant derrière nous et 2016 commence sur une très bonne note », a lancé un Gallagher toujours souriant.
Limité à un but et huit points au cours des 17 rencontres disputées sans Gallagher, Tomas Plekanec a récolté deux passes vendredi. Limité à quatre buts et neuf points au cours de la même séquence, Max Pacioretty a enfilé un but et s’est fait complice d’un autre donnant au premier trio une récolte de six points.
Rien de moins!
Seule ombre au tableau, l’attaque à cinq qui n’a fait mouche que cinq fois en 51 occasions durant l’absence de Gallagher a été blanchie en quatre occasions par les Bruins et leur gardien Tuukka Rask. Le Canadien a toutefois obtenu six tirs lors des ces quatre attaques massives. À n’en pas douter, l’effet Gallagher finira bien par secouer l’avantage numérique comme il a secoué le reste du club.
Au fait : comment expliquer au juste cet effet Gallagher ?
« Il travaille tellement fort que les autres n’ont pas le choix de suivre l’exemple qu’il donne. Regardez le but qu’il a marqué : il s’est rendu au filet, il a frappé une rondelle au vol pour nous donner une avance de trois buts. Il a montré tout son talent aussi pour compléter la passe qui a permis à Max (Pacioretty) de marquer plus tard dans la partie. Il donne le ton et on le suit », a simplement expliqué David Desharnais.
«Brendan représente un grand pan de notre attaque. Sa présence fait une grosse différence au sein de notre trio et au sein de l’équipe», a ajouté le capitaine Max Pacioretty.
Desharnais ouvre la marque
Comme Pacioretty et Plekanec, comme le reste de l’équipe en fait, David Desharnais a aussi profité de l’effet Gallagher pour sortir de sa guigne. Non! Gallagher n’a pas obtenu de passe sur le but – son premier depuis le 22 novembre – que Desharnais a inscrit dès la 74e seconde du match. Mais l’entrain qu’il génère au sein du vestiaire, la confiance qu’il a su réveiller en retrouvant ses coéquipiers a servi de tremplin à la victoire attendue, espérée et nécessaire aux dépens des Bruins.
C’est un peu tout ça l’effet Gallagher alors que même le quatrième trio, grâce aux deux buts de Paul Byron, et le troisième duo de défenseurs – Mark Barberio et Alexei Emelin ont récolté une passe chacun et affiché un différentiel de plus 3 – ont contribué au gain sans appel du Tricolore. Un gain qui hisse Montréal au premier rang de la division Atlantique un point devant les Panthers de la Floride et trois devants les Bruins. Les deux équipes ont toutefois trois matchs en mains.
Pendant que le Canadien sortait grandi du retour de son fougueux attaquant, les Bruins, privés qu’ils étaient de David Krejci et Brad Marchand, deux piliers de leur attaque, n’ont jamais été dans le coup.
Tuukka Rask, avec 13 arrêts, en première période a tenté de sauver son club. Devant lui, Matt Beleskey, avec deux buts – le premier a été refusé parce que les arbitres avaient sifflé un arrêt de jeu avant que la rondelle ne glisse derrière Mike Condon – et quelques solides mises en échec a été le seul à offrir un effort constant.
Pour le reste, les Bruins n’ont offert aucune résistance. Ils ont donné quelques très rares occasions à leurs fans de faire vibrer le Gillette Stadium comme le font si régulièrement les Patriots depuis plus de 15 ans. Seule consolation pour les Bruins, ils ont maintenu la fiche parfaite des Pats qui n’ont jamais été blanchis sur leur terrain.
Conditions parfaites
Les joueurs des deux équipes avaient hâte de prendre part à ce match particulier. Quelques-uns avaient déjà eu cette chance que ce soit avec les Bruins ou avec le Tricolore qui a disputé des Classiques héritages à Edmonton et Calgary.
Si les conditions étaient difficiles lors des deux événements en Alberta – températures très froides et glace qui s’effritait sous les patins – elles étaient parfaites vendredi. Le mercure oscillait autour des 5 degrés Celcius, le soleil était voilé par une couche de nuage ce qui rendait la vision plus facile et la glace était parfaite. Rien à avoir avec la patinoire plutôt molle sur laquelle les deux équipes se sont entraînées mercredi.
« Je ne sais pas qui a apporté les modifications, mais c’est l’une des meilleures glaces sur laquelle j’ai joué au cours de ma carrière. Elle était parfaite », assurait Max Pacioretty dans le vestiaire des vainqueurs.
Une fois l’issue de la partie scellée, Tomas Plekanec, qui a vécu de grands moments au cours de sa carrière, s’est assuré de goûter à l’événement. « Dans notre situation, nous devions nous concentrer d’abord et avant tout sur le match à disputer. Sur les deux points à aller chercher. Mais en fin de match, je dois admettre que je me suis permis de regarder autour du stade. J’ai vécu des Jeux olympiques, des matchs en séries à Montréal. Aujourd’hui c’était différent. C’est l’environnement qui rendait l’événement si spécial. »
Pas très loin de Plekanec, David Desharnais a admis avoir été incapable de résister à la tentation de regarder autour de lui. « C’était vraiment fantastique. Chaque fois que je rentrais au banc ou pendant les arrêts de jeu, je levais les yeux pour savourer le moment. C’était une journée exceptionnelle. J’avais aimé l’expérience à Calgary, mais les conditions étaient moins bonnes qu’aujourd’hui. En plus on avait perdu. Quand tu perds, tu accordes moins d’importance à ce qui t’entoure. La victoire nous permet de profiter encore plus de ce qu’on a vécu aujourd’hui. Et je t’assure que c’était vraiment spécial. »
Rentré à Montréal en soirée vendredi, le Canadien profitera d’un congé samedi. Il devrait reprendre l’entraînement dimanche à moins que Michel Therrien décide de prolonger la pause accordée à ses joueurs. Il pourrait leur fixer rendez-vous lundi à Brossard avant de mettre le cap sur Philadelphie où il affrontera les Flyers mardi. Il s’agira du premier duel entre les deux clubs cette saison.
En terminant, mon collègue Pierre Lebrun de TSN a indiqué vendredi que la Classique hivernale de 2017 pourrait être disputée à Toronto. Les Maple Leafs, qui célébreront leur centenaire la saison prochaine, pourraient recevoir les Rangers de New York au Stade BMO.