L’épisode de violence conjugale impliquant Alex Galchenyuk relève de sa vie privée. On sera tous d’accord. Du moins, je l’espère.
Si Galchenyuk avait donné les baffes plutôt que les avoir encaissées, ce serait une autre histoire. Si c’est lui qui avait passé la nuit en prison et qui faisait l’objet d’une enquête afin de déterminer le bien-fondé, ou non, de déposer des accusations criminelles contre lui, ce serait bien sûr une tout autre histoire. L’incident aurait déjà pris des proportions bien plus grandes. Sur toutes les tribunes, on parlerait de l’affaire Galchenyuk et le logo du Canadien serait entaché.
Mais on n’en est pas là.
Le fait que Galchenyuk soit la « victime » dans cette affaire fera simplement du jeune attaquant une cible de choix pour ses adversaires qui trouveront bien une façon de lui rappeler l’incident survenu dans la nuit de samedi à dimanche afin de le déconcentrer sur la patinoire. Comme s’il avait besoin de ça pour rendre plus difficile encore une saison qui l’est déjà pas mal.
Pourquoi alors se pencher sur ce triste épisode de la vie privée de Galchenyuk?
Parce que cet incident hors glace – un appel d’urgence a quand même été logé au service 9-1-1 obligeant ainsi une intervention policière au domicile de Galchenyuk – est le troisième à chambouler la vie privée des joueurs du Canadien cette saison.
Un épisode, c’est un accident de parcours. Deux : c’est un avertissement. Trois : c’est un signal qu’il faudrait peut-être se pencher plus sérieusement sur ce qui se passe dans l’entourage du Canadien.
Zack Kassian avait un passé associé à des ennuis de surconsommation de drogues et/ou de stupéfiants. Et comme il a embouti un arbre avec la camionnette qu’il occupait et qu’il a subi une fracture à une cheville, il lui a été impossible d’échapper à l’attention médiatique. Suspendu illico par la Ligue, il s’est retrouvé en cure et le Canadien l’a échangé dès qu’il est revenu dans l’entourage de l’équipe.
Il y a ensuite eu Nathan Beaulieu et Christian Thomas qui ont entaché leur image personnelle et celle du Canadien en même temps en étant les « vedettes » d’une vidéo compromettante tournée dans un bar d’abord et ensuite dans un appartement. Parce qu’il n’y avait que peu de place, ou pas de place du tout, pour Thomas dans le futur du Canadien, il a vite été échangé.
Mais comme Beaulieu est plus qu’un simple pion dans l’avenir du Canadien à la ligne bleue, il était impossible de le larguer vite fait sans prendre les risques de ne rien obtenir en retour.
Et voilà que c’est au tour de Galchenyuk – qui était accompagné de Devante Smith-Pelly – de se retrouver dans une situation délicate.
Encore une fois très tard dans la nuit. Encore une fois dans des circonstances qui sont loin de favoriser les critères de bonnes formes physiques essentielles – du moins, il me semble – pour maximiser les chances de réussite sur des patinoires de la LNH.
Pour toutes ces raisons, la question qui suit mérite d’être posée : le Canadien est-il miné par des ennuis hors patinoire impliquant un ou des joueurs? Si oui, le problème est-il répandu? Si oui, quels sont les moyens qui doivent être pris, et pris rapidement, pour éviter que ce problème, s’il en est un, s’ajoute à la perte de Carey Price et à la panne offensive de l’équipe et contribue à plonger le Canadien plus creux au classement?
Ces réponses viendront du bureau de Marc Bergevin.
À titre de directeur général, c’est lui qui doit faire le tour de son vestiaire. Il doit obtenir les informations qui lui permettront de brosser le véritable portrait de la situation. Il devra ensuite prendre les moyens nécessaires pour corriger une situation qui semble exiger correction. Tout ça, bien sûr, avec la complicité de son propriétaire Geoff Molson qui, au-delà les mots réconfortants qu’il lance à l’endroit de ses joueurs et de son état-major, pourrait commencer à exiger un retour positif sur l’investissement qu’il verse en salaire. Un retour positif sur la patinoire bien sûr, mais aussi à l’extérieur.
Les joueurs du Canadien, comme ceux des 29 autres équipes de la LNH, deviennent des super-étoiles de plus en plus jeunes. Ces jeunes sont riches. Non... très riches. Ils sont adulés. Ils sont vénérés.
Mais ils sont aussi payés pour jouer au hockey. Pour bien jouer au hockey et contribuer aux succès de leur équipe.
Si le Canadien gagnait en ce moment comme il le faisait en octobre dernier et que Galchenyuk était en voie de connaître une saison du tonnerre, le genre de saison que tous attendent, mais qui ne semble pas vouloir se montrer le bout du nez, le dernier incident n’attirerait pas l’attention. Ou bien peu.
Mais voilà! Non seulement le Canadien perd, perd souvent, perd trop souvent, mais l’équipe ne joue pas à la hauteur des attentes. Et plusieurs joueurs, dont Galchenyuk, sont loin d’offrir le rendement exigé de leur part.
D’où l’importance accrue accordée à la nouvelle entourant la rixe qui a mis fin à une soirée à son domicile et qui a nécessité l’intervention des policiers.
Quand le Canadien, sous Jean Perron, était sans gouvernail autant sur la patinoire qu’à l’extérieur de la glace, le grand Serge Savard a donné le coup de barre qui s’imposait. Il s’est tourné vers Pat Burns pour remplacer Jean Perron. L’ancien policier qui était aussi tout un coach de hockey a mis ses connaissances et ses qualités au service de Savard et du Canadien pour rétablir l’ordre autant dans le vestiaire que sur la patinoire.
Marc Bergevin doit imiter Savard.
Non! Il n’a pas à congédier Michel Therrien sur-le-champ et à se chercher un nouveau Pat Burns. Mais il doit faire équipe avec son coach afin que l’état-major reprenne un contrôle qui semble faire défaut en ce moment. Autant sur la patinoire qu’à l’extérieur.
Avec l’équilibre qui règne autour de la LNH depuis quelques années, il est impensable qu’une équipe qui ne peut compter sur l’implication totale de tous ses joueurs – que ce soit en raison des blessures, de cas de mauvaises attitudes ou encore de mauvaises habitudes à l’extérieur de la patinoire – puisse croire en ses chances de gagner plus souvent qu’elle ne perd.
Bergevin a rencontré Galchenyuk et Smith-Pelly après l’entraînement mardi. Que fera-t-il ensuite pour aider la cause de son équipe? Accentuera-t-il ses efforts pour conclure une transaction significative? Se débarrassera-t-il plus simplement d’un joueur marginal comme l’est DSP simplement pour servir un autre avertissement à ses joueurs? Prendra-t-il des mesures disciplinaires plus sévères pour s’assurer d’être pris au sérieux dans le vestiaire?
Marc Bergevin a refusé de répondre aux questions des journalistes aujourd’hui. Son entraîneur-chef Michel Therrien ne parlera que mercredi à la veille du match contre les Blackhawks de Chicago. Il faudra donc attendre avant d’obtenir une réponse ou à tout le moins une idée des plans de l’état-major.
Cela dit, les actions du Canadien, autant sur la patinoire qu’à l’extérieur de la glace, devraient nous guider vers des formes de réponses au cours des prochains jours.
Et je ne parle pas ici du retour sur patins de Carey Price. Un retour qui est la première vraie bonne nouvelle dans ce dossier depuis un très long moment.
Combien de temps faudra-t-il à Price pour être prêt à revenir devant son but? Je ne le sais pas. Et comme je vous l’ai déjà soumis, cette réponse ne me préoccupe pas trop. Ce n’est pas la date du retour au jeu de Price qui me préoccupe, c’est de savoir si ce retour au jeu sera le bon. S’il pourra garder le filet pour amener le Canadien le plus loin possible en séries au lieu de redonner à Mike Condon et Ben Scrivens le mandat bien ingrat de le remplacer.
Dans ce cas-ci également, les prochains jours devraient nous amener des réponses.