Le Canadien affrontait la pire équipe de la LNH lundi à Columbus. Et la pire équipe de la Ligue l’a planté 5-2. Je sais : les Blue Jackets ont marqué leur 4e but dans un filet et leur 5e dans une cause perdue d’avance pour le Tricolore.
Mais quand même.
Ce n’étaient pas les Caps de Washington ou les Hawks de Chicago qui se dressaient devant le Canadien lundi soir. C’étaient les Blue Jackets de Columbus. La pire équipe de la LNH. Comme le confirment leur 30e rang du circuit et leur récolte timide de 41 points en 50 matchs.
En plus, les Jackets avaient leur 4e gardien devant le filet. Leur meilleur attaquant Ryan Johansen défend les couleurs des Predators de Nashville depuis huit matchs. Leur entraîneur-chef John Tortorella n’était pas derrière le banc en raison de la blessure subie après la mise en échec que lui a servie Rene Bourque. Remarquez que ce dernier point est peut-être à l’avantage des Jackets et non de leurs adversaires.
Mais peu importe, devant la pire équipe de la LNH, dans le cadre du premier de deux matchs de suite que le Canadien devait absolument gagner pour bâtir sur sa courte victoire de samedi à Toronto afin de maintenir, du moins un peu, ses chances de retourner parmi les clubs invités en séries éliminatoires, le Tricolore n’a rien fait de bon.
Au lieu de profiter du fait qu’il affrontait la pire équipe de la LNH, le Canadien a joué comme la pire équipe de la LNH. C’est aussi simple que ça. Et cette performance, ou contre-performance puisque c’est exactement de cette façon qu’on doit qualifier la sortie du Canadien à Columbus, explique pourquoi depuis le 3 décembre dernier c’est le Canadien et non les Blue Jackets qui forme la pire équipe de la Ligue.
Loin derrière Buffalo et Winnipeg
Ne riez pas ! Car les statistiques n’ont rien pour faire sourire le Tricolore et ses partisans : avec sa défaite de lundi, le Canadien affiche une récolte de 11 points (5-17-1) à ses 23 dernières rencontres. Ces 11 points représentent un manque à gagner de huit derrière les Sabres de Buffalo (9-14-1) et les Jets de Winnipeg (9-12-1) qui sont 29e et 28e au classement général de la LNH depuis le 3 décembre dernier. Qui sont les meilleurs au cours de la même période ? Les Blackhawks qui affichent une récolte de 41 points (20-6-1) en 27 rencontres.
Ça veut dire que ceux qui, comme moi, classaient les duels contre Columbus dans la colonne des matchs faciles pour le Canadien avaient l’index enfoncé très loin dans l’œil droit. Ou celui de gauche, comme vous le voudrez.
Ça veut dire aussi que le match de mardi soir, au Centre Bell, devant des partisans qui seront très certainement impatients à l’endroit de leurs favoris n’aura rien de facile non plus alors que les Jackets – qui se savent éliminés de la course aux séries – débarqueront à Montréal sans la moindre pression devrait être plus facile pour les Jackets que pour le Canadien.
Ça veut dire en fait que peu importe le résultat de la rencontre de ce soir, le Canadien ne peut plus se permettre de considérer les matchs qui l’attendent comme des matchs faciles puisque c’est lui, et lui seulement, qui est dernier, et de loin, au classement général de la LNH depuis le 3 décembre dernier.
Pas surprenant alors que le Canadien n’ait pas collé deux gains consécutifs depuis les 25 et 27 novembre dernier. Et qu’il devra patienter au moins une autre semaine avant d’y arriver…
Impossible de défendre l’indéfendable
Michel Therrien, qui a plusieurs fois et sans doute un peu trop à mon goût défendu ses joueurs depuis le début de leur plongeon tête première au classement, ne pouvait défendre l’indéfendable après cette autre défaite de son équipe.
En deux petits bouts de phrases, l’entraîneur-chef du Canadien a vertement rabroué ses joueurs et confirmé à quel point la situation actuelle est insupportable.
Michel Therrien n’a pas levé le ton. Il a acquis expérience et sagesse au fil des dernières années. De plus, une crise aurait miné la portée des propos qu’il a tenus après la défaite.
Calmement, mais avec une conviction que ses joueurs n’affichent pas ou pas assez sur la patinoire, Michel Therrien a ajouté «encore une fois» lorsqu’il a imputé à la multiplications des revirements dont ses joueurs se sont rendus coupables trois, voire quatre, des buts de Columbus.
Tomas Plekanec et Max Pacioretty ont joué mollement pour permettre à Cam Atkinson de niveler les chances en fin de première période.
Plekanec, Pacioretty, Gallagher, Emelin et Petry ont joué très mollement sur le but qui a permis à Atkinson de donner les devants aux Jackets en début de période médiane.
Mike Condon n’aurait jamais dû accorder ce but sur un tir du revers qui semblait anodin. J’en conviens. Et on peut blâmer le gardien du Tricolore tant qu’on voudra. On peut ajouter aussi que Carey Price aurait effectué l’arrêt sur le même jeu. Ce qui est sans doute vrai.
Mais l’erreur la plus grossière sur ce but ce n’est pas Condon qui l’a commise, ce sont ses cinq coéquipiers. Non seulement l’un des joueurs du Canadien aurait dû s’emparer de la rondelle derrière le but, mais les cinq n’avaient qu’un coup de patin à donner pour intercepter Atkinson avant qu’il ne décoche un tir qu’il n’aurait jamais dû décocher. Au lieu de donner ne serait que la moitié d’un début de commencement d’effort, les cinq patineurs se sont contentés de regarder Atkinson se frayer un chemin au milieu d’eux. Ensuite, ils ont regardé au ciel ou ils ont baissé le regard tant ils avaient raison d’avoir honte de leur performance.
Joonas Korpisalo a donné la chance au Canadien de revenir dans le match en offrant à P.K. Subban un but facile sur un tir décoché en zone neutre. C’était la deuxième chance accordée au Tricolore puisque Brendan Gallagher a marqué le premier but du match en effectuant une passe qui a dévié deux fois avant de déjouer le gardien des Jackets qui se défendaient alors à trois contre cinq.
Mais non! Le Canadien a trouvé une autre façon de tout bousiller. Cette fois, c’est Petry qui a perdu une rondelle en zone défensive et après un bel échange des Jackets Brandon Saad a marqué dans un filet déserté par Condon qui, comme ses coéquipiers, étaient une fois encore dépassé par les événements.
Condon était au banc du CH lors du 4e but de Columbus et sur le 5e, qui a permis à Cam Atkinson de réaliser son 3e tour du chapeau en carrière, il était déjà dans l’avion. Comme le reste de l’équipe.
Jeff Petry a connu une soirée misérable lundi comme le confirme son différentiel de moins-3. Sa série de mauvais match commence à s’allonger dangereusement.
Le premier trio n’a pas été meilleur. Une fois encore lundi, ce premier trio a été outrageusement dominé par le premier trio de l’adversaire. Ça commence à être gênant.
Pacioretty a bousillé une échappée en début de rencontre. Il a aussi obtenu une bonne occasion sur une poussée effectuée en fin de match. Entre les deux : rien. Ah oui, une pénalité.
On peut accepter que Plekanec connaisse un passage à vide qui s’éternise à l’attaque. Dans ces circonstances, il se doit d’être impeccable et combatif en défensive. Ce qu’il n’a pas été encore hier. Loin de là même.
Et Gallagher? Il y a des limites à ce qu’un gars peut faire tout seul…
Trop confortable
«Je suis déçu de la performance de mon équipe ce soir. Je m’attendais à plus», a admis Michel Therrien qui a aussi mentionné qu’il trouvait que ses joueurs semblaient bien trop confortables sur la patinoire du Nationwide Arena. À moins qu’il ne parlait des joueurs des Jackets qui ont eu la vie facile distribuant 30 mises en échec au cours du match, 19 de plus que le Canadien, en s’emparant de 10 rondelles libres contre deux seulement pour le Canadien, en bloquant 17 tirs contre 12 pour le Canadien.
Lorsque le collègue Guillaume Lefrançois – je crois que la question est venue de sa bouche – a demandé à Michel Therrien d’élaborer un brin ou deux sur le confort de ses joueurs ou de leurs adversaires lors du match qui venait de se terminer sur une autre défaite de son équipe, le coach a simplement répondu : «Je vais m’en tenir à ça.»
Une remarque qui en dit long sur son appréciation de la défaite de lundi et de bien d’autres qu’il a encaissées sans broncher depuis près de deux mois.
Mais après le match laborieux et inacceptable que lui a offert son équipe, Michel Therrien ne pouvait encaisser sans rien dire. Il ne pouvait défendre l’indéfendable.
Avec un club aussi démuni sur le plan de la confiance et aussi du talent, il faut l’admettre, Michel Therrien ne peut clouer au banc des joueurs qui mériteraient l’être. Pourquoi ? Parce que derrière des leaders qui ne produisent pas assez – P.K. Subban a été le meilleur de son camp malgré un virus qui menaçait de le garder hors de la formation et Lars Eller a été peut-être le meilleur attaquant – les autres n’offrent pas vraiment de solutions de rechange.
Ceux qui pourraient peut-être y arriver, Paul Byron et Daniel Carr qui effectue son deuxième séjour à Montréal sont blessés.
Quand c’est rendu que tu dois compter sur un gars acquis par le biais du ballottage en début de saison et sur un de tes jeunes du club-école pour relancer ton équipe, c’est que ça va vraiment, mais vraiment, mal.
Ne vous demandez pas pourquoi le Canadien est bon dernier dans la LNH depuis le 3 décembre. Et pourquoi ses chances d’accéder aux séries, des chances qui étaient assurées le 3 décembre alors que le Canadien trônait au premier rang du classement général, sont maintenant timides et qu’elles deviendront simplement théoriques si la glissade se poursuit encore une semaine ou deux.
À moins qu’il ne soit déjà trop tard.