Quand tu affrontes les champions en titre de la coupe Stanley, des champions qui semblent meilleurs encore cette année qu’ils ne l’étaient l’an dernier, des champions qui surfent en plus sur une vague de succès alors qu’ils sont en quête d’une 11e victoire de suite, tu n’as pas droit à l’erreur.
Si tu veux gagner, bien sûr.
Je ne doute pas une seconde que le Canadien voulait gagner. Mais avec les erreurs qu’il a multipliées du début à la fin de cette partie, le Tricolore n’a jamais pris les moyens pour gagner. Au contraire, il a multiplié les moyens pour perdre. Et il a perdu. Encore. Il a perdu 5-2. Un score final qui, malgré le but marqué dans un filet désert en fin de rencontre, donne une très bonne idée de l’allure de la partie.
On est rendu à combien de défaites depuis le début de la glissade qui ressemble bien plus à un plongeon à bien y penser? On est rendu à 16 revers en 20 parties disputées depuis le début de ce calvaire amorcé avec une défaite de 3-2, au Centre Bell, contre Braden Holtby et ses Capitals de Washington. En passant, c’est le 3 décembre que la débarque a commencé... Comme le Canadien n’a trouvé le moyen que de sauver un seul petit point dans ses 16 défaites, il n’a récolté que neuf points sur les 40 disponibles au cours de cette triste séquence.
Est-ce que je vous entends crier au gaspillage?
Et attention! Vos favoris – s’ils le sont encore – perdront encore mardi à son retour au Centre Bell s’ils multiplient contre les Bruins les erreurs qu’ils ont multipliées dimanche à Chicago. Il perdra encore samedi, il perdra encore souvent. Trop souvent pour demeurer parmi les huit clubs invités à prendre part aux séries éliminatoires.
Le Canadien n’a pas la puissance offensive pour se remettre des cadeaux offerts à ses adversaires match, après match, après match. Vrai que Carey Price peut racheter plus que sa part des erreurs de ses coéquipiers dans un match, ce que Mike Condon ou Ben Scrivens ne peuvent faire sur une base régulière, mais quand même.
Même l’état-major doit plaider coupable
Comment peut-on se remettre d’une décision aussi bête que celle de Nathan Beaulieu qui a décidé de laisser Patrick Kane fin seul dans l’enclave d’où il a pu compter mille et un, mille et deux, mille et trois, mille et quatre avant de décocher le tir qui lui a permis de marquer le quatrième but des Hawks, son 29e de la saison? Un but marqué 71 secondes après que le Canadien eut donné l’impression de pouvoir amorcer une remontée en resserrant le score 3-2 en milieu de troisième période.
Comment peut-on se remettre du mauvais jeu de Torrey Mitchell – il a disputé un rare match affreux cette année, mais celui de dimanche était plus qu’affreux – qui passe dans le vide en voulant dégager son territoire, une bévue qui a permis à Jonathan Toews de redonner les devants (2-1) à son équipe en période médiane?
Comment peut-on se remettre du fait que Jeff Petry, Brendan Gallagher et Ben Scrivens ont cessé de jouer croyant que les juges de lignes siffleraient un dégagement refusé? Une décision qui a ouvert la voie à Jonathan Toews qui ne demandait pas tant de générosité de la part du Canadien pour marquer le troisième but de son équipe, son 19e de la saison.
Et non seulement les joueurs ont été mauvais sur la patinoire en se lançant dans un concours visant à couronner celui qui commettrait le plus d’erreurs avec une mention honorable à celui qui commettrait la plus juteuse, mais les membres de l’état-major ont décidé de prendre part au jeu eux aussi.
Et vous savez quoi? Ils méritent une mention honorable.
Car sur le deuxième but des Blackhawks, Jonathan Toews était hors-jeu sur la séquence qui a mené au but. Du banc des joueurs, ce n’était sans doute pas évident de percevoir cette erreur du juge de lignes. Mais du haut de la patinoire, dans la loge occupée par Marc Bergevin, ses adjoints et les adjoints de Michel Therrien, ce l’était. En plus, les reprises étaient concluantes.
C’est d’ailleurs de cette loge occupée par l’état-major du Canadien que vient généralement la décision d’interjeter appel ou de ne pas prendre le risque de perdre son temps d’arrêt à la suite d’une contestation erronée. Comme c’est d’ailleurs arrivé samedi à Saint Louis alors que le Canadien a prétendu, sans fondement, que Mike Condon avait été bousculé sur le premier but des Blues.
Dimanche soir, sur le premier but de Jonathan Toews, il n’y avait pas de jugement à mettre en doute avant d’interjeter l’appel. Rien qu’à voir, on voyait bien que le capitaine était hors-jeu.
Mais la demande d’appel n’a jamais été relayée au banc. D’appel, il n’y a donc pas eu. Et les Hawks ont pris les devants 2-1 dans le match. Ils n’ont ensuite jamais perdu l’avance.
Et le hors-jeu que le Canadien espérait, le hors-jeu qui n’a pas été sifflé et qui a finalement coûté un but. Le troisième des Hawks?
C’était serré. Les juges de lignes auraient pu siffler ou laisser aller comme ils l’ont fait. Ça n’excuse pas le fait que les joueurs du Canadien ont cessé de jouer alors que ceux des Hawks n’ont pris aucune chance eux…
Et comme l’a déclaré Brendan Gallagher après le match : « Ce n’est pas à cause d’un hors-jeu qu’on a perdu ce soir. On a perdu parce qu’on a moins bien joué que nos adversaires. »
C’est si simple le hockey.
Quand ton adversaire est meilleur que toi, eh oui les Blackhawks sont bien meilleurs que le Canadien, tes chances de gagner sont minces en partant. Elles deviennent nulles quand tu joues moins bien que ton adversaire qui est déjà meilleur... ou bien meilleur.
Et dimanche au United Center, le Canadien a joué beaucoup, mais beaucoup plus mal que les Hawks. Pas besoin de se poser mille et une autres questions afin de déterminer pourquoi il a perdu.
Comédie d’excuses
Et de grâce : lâchez-moi avec les excuses.
Oui le Canadien jouait un 2e match en deux soirs alors que les Hawks étaient reposés après leur congé de samedi. Raison de plus pour jouer un match serré, étanche, et de réduire au minimum les erreurs atroces et les cadeaux offerts à cet adversaire qui saura en profiter.
Raison de plus pour maximiser tes occasions en attaque au lieu de rater le filet comme le Canadien l’a raté hier. Vous souvenez-vous de la poussée d’Alex Galchenyuk qui, du milieu de l’enclave, sans la moindre opposition autour de lui pour décocher un bon tir a tiré loin à gauche du filet au lieu d’obliger Corey Crawford à effectuer un arrêt à ses dépens?
Le Canadien a raté la cible à 34 reprises dimanche. Vingt fois sur des tirs bloqués ou déviés, 14 fois avec des rondelles qui n’ont pas touché la cible.
Les Hawks eux n’ont gaspillé que 19 cartouches. Onze de leurs tirs ont été bloqués ou déviés et huit seulement n’ont pas été cadrés.
Oui les Blackhawks sont forts, rapides, puissants talentueux. Mais ce sont là encore des excuses. Au lieu de les encenser après le match, le Canadien aurait dû lui offrir plus d’opposition en cours de partie. Sinon il fallait simplement leur donner les deux points et aller vite se reposer à la maison.
Remarquez que cela ressemblait pas mal à ça par moment...
Quand le Canadien gagnait plus souvent qu’il ne perdait en début de saison, il ne se plaignait pas des deux matchs en deux soirs. Et surtout, il ne minimisait pas le poids de ses victoires quand c’était son adversaire qui occupait cette situation moins confortable il est vrai.
Alors les excuses...
Surtout que pour un club dont la devise écrite en grosses lettres dans le vestiaire est « No Excuses » l’entraîneur-chef Michel Therrien et ses joueurs devraient se garder une petite gêne lorsqu’ils se mettent à défiler des excuses pour expliquer, ou tenter de le faire, pourquoi ils ont encore perdu.
Mais bon, après 16 défaites en 20 matchs, il faut bien admettre qu’ils sont à court de mots et que les excuses sont bien faciles à lancer.
Et Michel Therrien dans tout ça?
C’est bien évident qu’il est en danger. Mais je ne crois pas qu’il a dirigé son dernier match à la barre du Canadien. Du moins pas encore...
Je vais développer sur cette question plus tard lundi.