Max Pacioretty avait bien raison d’être en furie après la raclée encaissée à Dallas. Une défaite gênante de 6-2. Un septième revers pour le Canadien lors des huit derniers matchs. « Écoutez mes entrevues depuis 10 matchs et c’est toujours la même "fucking"d’histoire », que le capitaine a vociféré devant les journalistes venus le rencontrer après la partie.
Pacioretty s’est trompé. Depuis qu’il a amorcé sa séquence noire le 3 décembre dernier en s’inclinant 3-2 contre les Capitals de Washington, son équipe a très souvent bien joué dans la défaite. Elle a même perdu bien des matchs qu’elle aurait pu, voire dû, gagner.
Pas samedi! Vrai que le Canadien a une fois encore été incapable de générer assez d’offensive pour mousser ses chances de victoire. Mais contrairement aux «victoires morales» relevées depuis le début de décembre, le Canadien a été misérable dans toutes les facettes du jeu samedi.
Perméable et indisciplinée
La défensive a été atroce et perméable. Beaucoup trop perméable même.
Le duo Beaulieu-Subban n’a pas été fort. P.K. a écopé en plus deux pénalités difficiles à pardonner en envoyant des rondelles dans la foule. Jeff Petry a offert une passe parfaite dans l’enclave à Jamie Benn qui en a profité pour marquer le premier de ses deux buts du match. Andrei Markov en a lui aussi arraché. Il s’est lui aussi retrouvé deux fois plutôt qu’une au cachot.
Au total, le Canadien a écopé huit pénalités mineures. Huit ont été décernées à ses défenseurs. Huit pénalités mineures c’est déjà beaucoup trop. Ça devient suicidaire contre un club aussi bien nanti à l’attaque que le sont les Stars qui en ont d’ailleurs profité pour inscrire deux buts. Seulement!
Où étaient les leaders à l’attaque
À l’attaque, ça n’a pas été mieux. Surtout pour Pacioretty et les autres leaders de l’équipe qui ont été éclipsés par des Stars qui en plus d’avoir beaucoup plus de talent, ont aussi beaucoup plus et beaucoup mieux travaillé que le capitaine et sa troupe.
Le Canadien a été déclassé un point c’est tout.
Pas question d’imputer le revers à un gardien adverse au sommet de son art comme c’est arrivé jeudi face à Jonathan Quick et aux Kings. Comme c’est arrivé contre Washington, Boston et aussi la Caroline.
Pas question non plus d’imputer le manque de but à quelques mauvais bonds. Oui Andrei Markov a frappé le poteau en première période sur l’un de ses trop rares bons jeux samedi. Oui Dale Weise a une fois encore qu’il est loin d’avoir les mains d’un marqueur de 50 buts alors qu’il a frappé les deux poteaux au lieu de trouver le fond du filet désert vers lequel il a tiré.
Mais ces mauvais bonds n’ont fait que mettre plus en lumière le manque d’opportunisme offensif du Canadien qui s’est contenté de 13 buts seulement lors des huit matchs disputés depuis le début de sa séquence.
C’est là que Pacioretty et les autres leaders offensifs doivent se lever. Et pas seulement pour crier haut et fort leur dégoût face aux défaites qui s’accumulent. Ils doivent prendre les moyens de s’imposer sur la glace également.
Ce que Pacioretty, Plekanec, Galchenyuk - un premier trio qui a été invisible samedi - Eller, Desharnais et les autres vétérans n’ont pas fait à Dallas. Ce qu’ils ne font d’ailleurs pas assez souvent depuis le début de la séquence noire.
Pacioretty a obtenu un tir seulement samedi. Pis encore, il n’en a décoché que trois. C’est peut-être pour cette raison qu’il a asséné cinq mises en échec si l’on se fie à la feuille de pointage. Une feuille de pointage dont on peut douter si l’on considère que le Canadien se serait rendu coupable de seulement 8 revirements alors que 21 ont été imputés aux Stars. Je veux bien que Dallas ait eu la rondelle beaucoup plus souvent que Montréal, mais il me semble que le Canadien a donné la rondelle en cadeau bien plus souvent que huit fois samedi.
Cela dit, peu importe la véracité des statistiques officielles, il est clair que le Canadien aura beaucoup plus de chance de gagner si Max Pacioretty obtient plus de tirs au but que de mises en échec. Et non le contraire.
Samedi soir à Dallas, ce sont Daniel Carr - en attaque massive en jouant à la manière de Brendan Gallagher - et Paul Byron - avec sa vitesse qui lui a une fois encore permis de marquer au terme d’une échappée en désavantage numérique pour une 3e fois déjà cette saison - qui ont marqué les buts du Canadien.
En passant, sept des 15 derniers buts du Canadien ont été enfilés par les Carr, Byron, Andrighetto et autres jeunes joueurs rappelés du club-école ou acquis après le début de la saison comme ce fut le cas avec Byron.
McCarron : en développement
Rappelé à son tour dans le grand jeu de chaise musicale orchestré par Marc Bergevin qui semble prêt à donner des chances à tous ses jeunes joueurs au lieu de concocter une transaction qui semble nécessaire, Michael McCarron n’a pas mal joué samedi.
Il s’est rendu au filet pour s’imposer physiquement afin de compliquer le travail d’Antti Niemi. Ce qu’il a d’ailleurs fait avec succès sur un tir d’Andrei Markov qui a frappé le poteau. Le reste de son jeu est encore en développement. Ce qui est normal. Il n’a pas encore la vitesse nécessaire pour maintenir sa place dans la LNH. Il n’a pas encore la force nécessaire pour s’imposer soir après soir dans la LNH. Ça viendra un jour.
Mais est-ce que ce jour doit être maintenant ? Alors que le jeune n’est pas prêt. Alors qu’il se retrouve au milieu d’un vestiaire miné par le poids des défaites. Un poids qui est visiblement de plus en plus lourd, avec les conséquences négatives qui viennent avec cet embonpoint de revers?
Je suis loin d’en être convaincu.
McCarron et tous les autres jeunes qui sont venus, qui sont retournés ou qui sont encore ici ont été rappelés pour venir appuyer le grand club, pas pour le porter à bout de bras à la place des leaders qui ne le font pas. Il ne faudrait pas l’oublier avant d’identifier ces jeunes comme des sauveurs alors qu’ils ne sont encore que des apprentis pompiers.
C’est déjà difficile de gagner sur une base régulière dans la LNH en raison de la grande parité qui règne. Ça le devient beaucoup plus en marquant moins de deux buts par match avec des leaders qui s’effacent au lieu de se mettre en évidence. Il faudrait que Max Pacioretty s’en souvienne et qu’il passe le mot dans le vestiaire. Ça lui évitera d’avoir à répéter les mêmes choses dans ses points de presse et de lâcher un blasphème pour mettre plus en évidence son dégoût face aux défaites qui s’accumulent.
Les gardiens dans tout ça?
Mike Condon a mal paru sur le premier but du match. Il a mordu sur la feinte de tir de Jason Spezza qui l’a ensuite facilement déjoué. Alors qu’on s’attendait tous - du moins je l’espère - à un match difficile face à la meilleure équipe de la LNH cette saison - surtout que les Stars s’étaient fait surprendre 3-1 par les Flames de Calgary lors de leur dernier match - Mike Condon se devait de garder son club dans le coup le plus longtemps possible.
Il n’a donc pas aidé la cause de son équipe en cédant dès la 94e seconde du match.
Mais au-delà de ce but qu’on peut lui reprocher - il est important ici de souligner que Spezza demeure tout un marqueur et qu’en plus, il a toujours haché finement le Canadien comme en témoignent ses 30 buts et 66 points en 57 matchs face au Tricolore - Condon ne peut être pointé du doigt dans la défaite malgré ses 5 buts accordés sur 22 tirs. Pas plus que Tokarski n’a à être blâmé pour le but accordé sur les cinq tirs qu’il a affrontés après être venu en relève à son coéquipier en troisième période.
Le plus inquiétant dans la défaite de 6-2 n’est pas le fait de voir le Canadien très mal amorcer son voyage de huit parties de suite sur la route. Son plus long de la saison.
Ce qui est le plus inquiétant c’est qu’il croisera lundi un club aussi solide lundi soir à Nashville. Qu’il en croisera un autre très fort au Minnesota dès le lendemain soir.
Rien pour aider la cause d’un club qui semble à bout de ressources. Qui semble avoir perdu toute forme de confiance dans son jeu. Qui semble dépassé par ce qui lui arrive. Un club qui ne semble plus se rappeler ce qu’il faisait de bon en début de saison quand il a enfilé neuf gains de suite et gagné 13 de ses 16 premières parties.
En passant, depuis sa séquence de 9 gains de suite, le Canadien n’affiche qu’un dossier ordinaire de 11-11-3.
Nul besoin de paniquer. Du moins pas encore, car le Canadien est encore bien placé au classement et qu’il n’est pas menacé de rater les séries.
Nul besoin non plus de réclamer la tête de Michel Therrien comme plusieurs ont commencé à le faire sur les réseaux sociaux pendant le match. En passant, les fans du Canadien ont déjà la patience courte, mais ceux qui sont actifs sur les médias sociaux semblent beaucoup moins patients encore.
Mais il serait temps de réaliser que ça va mal et que ça va prendre plus que de la bonne volonté pour retrouver le chemin de la victoire d’ici à ce que le vrai renfort ne revienne sur le flanc droit et devant le but.