MONTRÉAL - Dickie Moore, un des plus grands ailiers de l'histoire du Canadien de Montréal, a rendu l'âme samedi, à l'âge de 84 ans.
Moore, qui a grandi dans le quartier Parc-Extension à Montréal, était reconnu comme un travailleur acharné, doté d'une excellente vision de jeu et d'un tir foudroyant.
Né le 6 janvier 1931, il a donné ses premiers coups de patins avec le Tricolore au cours de la 1951-1952 et a passé 12 saisons dans la métropole.
Sa fierté et sa détermination lui ont permis de remporter six coupes Stanley, dont cinq consécutives entre 1955 et 1960, toutes dans l'uniforme bleu-blanc-rouge.
Il a aussi mérité le trophée Art Ross, remis au meilleur pointeur de la Ligue nationale, à deux reprises. Il a réussi l'exploit en 1957-1958 avec une récolte de 84 points, même s'il a disputé les trois derniers mois de la saison, et les séries éliminatoires, avec un plâtre pour soigner une fracture au poignet.
Il a répété le fait d'armes au cours de la saison suivante en totalisant 96 points, dont 41 buts. Il avait ainsi fracassé le record de Gordie Howe pour le nombre de points en une saison, une marque qui a tenu jusqu'à ce que Bobby Hull ne la surpasse en 1965-1966.
À ses débuts avec le Canadien, Moore ne s'est pas retrouvé avec des compagnons de trio obscurs. L'entraîneur Dick Irvin avait décidé de le jumeler avec nul autre que Elmer Lach et Maurice Richard, le plaçant ainsi dans des conditions gagnantes pour récolter 33 points en autant de matchs à sa saison recrue.
Les deux saisons suivantes ont été difficiles pour Moore qui a été ennuyé par les blessures, mais il est revenu en force lors des séries éliminatoires de 1953. Il avait alors enregistré 13 points, un sommet dans la Ligue, pour mener la Sainte-Flanelle à une première conquête de la coupe Stanley en sept saisons. À partir de ce moment, sa réputation de joueur de séries n'était plus à faire.
Dès l'année suivante, Moore a formé un trio avec les frères Maurice et Henri Richard, qui en était à sa saison recrue, et les trois ont fait la pluie et le beau temps pour permettre au Canadien de remporter cinq coupes Stanley d'affilée.
Amoché par ces années de dur labeur, Moore a décidé de prendre sa retraite au terme de la saison 1962-1963 afin de se consacrer à la gestion de son entreprise de location d'outils. Mais il n'a pu s'empêcher de revenir à ses premières amours quelques années plus tard. Il a disputé 38 rencontres avec les Maple Leafs de Toronto en 1964-1965, et il a mis la touche finale à sa carrière en atteignant la série finale de la Coupe Stanley avec les Blues de St. Louis en 1967-1968.
Le fougueux attaquant a récolté 608 points, dont 261 buts, en 719 rencontres dans la LNH. Il a été intronisé au Temple de la renommée du hockey en 1974.
« Nous sommes attristés par le décès du membre intronisé Dickie Moore. Une véritable légende du hockey », a indiqué le Panthéon sur Twitter, samedi.
Le Canadien lui a aussi rendu hommage en retirant son numéro 12, le 12 novembre 2005, en compagnie de celui d'Yvan Cournoyer.
Moore était le cadet d'une famille de 10 enfants. Il laisse dans le deuil sa fille Lianne, son fils John et leurs conjoints respectifs, de même que plusieurs petits-enfants.
De nombreuses épreuves
Dickie Moore n'a pas été épargné par la vie. Mais il a toujours trouvé le moyen de se relever et de conserver le même regard perçant et le même sourire accueillant.
Dickie MooreIl a perdu son fils Richard, nommé ainsi en l'honneur du « Rocket », qui n'était âgé que de 16 ans, dans un accident de voiture. Moore a déclaré à plusieurs occasions qu'il ne s'était jamais remis de cette perte.
Il a lui-même été victime d'un grave accident de la route le 27 août 2006 qui l'a laissé avec de nombreuses séquelles. Au volant de sa voiture, il a été heurté par un poids lourd et a dû patienter durant près d'une heure avant d'être extirpé de son véhicule. Il a subi de nombreuses fractures aux côtes et des blessures au cou, au genou et au bas du dos. Les médecins ont craint le pire puisqu'il souffrait également d'une grave hémorragie interne.
Comme un battant, Moore s'est relevé non sans peine et est sorti des soins intensifs trois jours plus tard. À l'époque, sa fille Lianne avait révélé à La Presse Canadienne que des anciens coéquipiers, dont Jean Béliveau et Dick Duff, avaient rendu visite à son père.
« Il est bien content de ça. Il est tellement fort, c'est incroyable », avait-elle dit.
« Un joueur d'équipe »
Les réactions ont été unanimes à la suite de l’annonce du décès de l’ancien attaquant du Canadien Dickie Moore à l’âge de 84 ans, samedi. Tous ceux qui l’ont côtoyé de près en gardent un souvenir mémorable.
« Dickie était un joueur d’équipe, a déclaré Robert Rousseau en entrevue téléphonique à RDS. Il aidait les jeunes qui arrivaient avec l’équipe. Il espérait nous aider à améliorer notre jeu. »
« Dickie supportait tous les joueurs. Il a également aidé les anciens énormément, a ajouté Phil Goyette. C’était un combattant comme l’est Brendan Gallagher présentement. C’était aussi un compteur prolifique qui a gagné le championnat de la ligue malgré une fracture à un poignet. »
« Dickie a toujours été un exemple à suivre, a renchéri Yvan Cournoyer. C’était un joueur d’équipe qui était très aimé de ses partenaires. Il donnait toujours son 100 pour cent. Dans mon cas, il a été une véritable inspiration. J’ai fait mon possible pour honorer son numéro 12. »