J’avais hâte au match de samedi entre l’Avalanche et le Canadien. Beaucoup !
J’avais hâte de voir Nathan MacKinnon à l’œuvre, hâte de voir Jarome Iginla qui est l’un de mes joueurs préférés depuis son entrée dans la LNH, hâte de voir Matt Duchene pour rêver de le suivre dans l’uniforme du Canadien peut-être un jour, hâte de voir si Mikhail Grigorenko ferait mentir tous ceux qui m’ont toujours assuré qu’il ne pouvait être un joueur de premier plan dans la LNH, hâte de voir François Beauchemin juste pour en vouloir un peu plus au Canadien de lui avoir préféré Jaroslav Spacek il y a quelques années.
Je pourrais ajouter que j’avais hâte de voir les anciens Nordiques, mais ça, c’est un autre dossier.
De MacKinnon à Beauchemin, les joueurs de Patrick Roy – j’étais bien content de le voir lui aussi –  m’ont gâté. Comme ils ont gâté tous les amateurs qui portaient les couleurs de l’Avalanche et des anciens Nordiques. Même Grigorenko avec sa soirée d’un but et deux passes en a mis plein la vue à ceux qui ont toujours cru en lui… ou douté de lui.
Grigorenko a profité à plein de l’opportunité d’évoluer en compagnie de Nathan MacKinnon et Matt Duchene qui ont été incisifs sans bon sens aux dépens du Canadien. Venus à Montréal pour jouer et prolonger à trois leur séquence de victoires consécutives – sur la route en plus – MacKinnon et Duchene se sont payé une partie de plaisir. Deux buts une passe pour «Big Mac», un but deux passes pour celui que Joe Sakic a survolté en laissant miroiter la possibilité qu’il soit échangé. Iginla a été tranquille. Mais il demeure le joueur le plus gentilhomme de la LNH. Quant à François Beauchemin, il a disputé un match sans faille complétant sa soirée de travail avec un plus quatre retentissant en compagnie de son partenaire de travail : Erik Johnson.
Si je ne vous ai pas parlé encore de Reto Berra, c’est que je ne m’attendais à rien de sa part. Il s’est assuré de me le faire regretter en réalisant 39 arrêts, dont 31 au cours des deux premières périodes pour hériter la première étoile de la rencontre.
Berra a privé le Tricolore d’un, voire de deux, peut-être même de trois buts du Canadien en début de rencontre. Si le Tricolore avait marqué trois fois en début de match, je suis loin d’être convaincu que l’Avalanche aurait prolongé à trois sa séquence victorieuse. Mais Berra a fait ce que les gardiens du Canadien font souvent : il a changé la donne en début de match et son équipe s’est chargée du reste pour lui offrir une victoire de 6-1.
En passant, le Colorado n’a connu des séquences de trois gains de suite que trois fois l’an dernier. Et sur la route, ça ne lui était pas arrivé depuis une séquence amorcée le 31 décembre 2013. Ça vous donne une idée.
Mais des séquences du genre, l’Avalanche en aura besoin de quelques autres, même plusieurs autres, s’il veut gagner des places dans la division centrale et se hisser en séries éliminatoires. Un exploit qui semble encore peu probable, voire improbable, tant l’opposition est féroce dans cette division de loin la plus relevée de la LNH.
Mais peu importe ce qui se produira d’ici la fin de la saison, l’Avalanche aura souligné son passage au Centre Bell en infligeant au Canadien sa pire défaite de l’année… jusqu’ici.
Semin : insuffisant
J’avais aussi hâte au match de samedi pour voir comment Alexander Semin réagirait à son retour au sein de l’alignement après un purgatoire de sept parties.
De toute évidence, ça ne l’a pas fouetté plus qu’il ne le faut. Car Semin a offert une performance nettement insuffisante pour justifier sa place au sein d’un trio d’impact avec le Canadien. Voire avec n’importe quel club de la LNH.
En 21 présences, il a surtout retenu l’attention par sa lenteur sur la patinoire. Par sa façon d’attendre que le jeune vienne à lui au lieu de prendre part à son développement. Oui il l’a fait à quelques reprises, mais pas assez. Vraiment pas assez. Son seul tir décoché en direction du filet de l’Avalanche a raté la cible. Rien pour aider la cause d’Alex Galchenyuk qui s’enlise de plus en plus au centre d’un trio qui n’en est pas vraiment un en raison de l’impuissance de Lars Eller de bien l’appuyer à gauche et du jeu de chaise musicale qui se déroule à sa droite.
Contrairement à Semin, Max Pacioretty qui se cherche aussi un peu a cadré six des 10 tirs qu’il a décochés. Brendan Gallagher, le toujours explosif ailier du premier trio, a cadré six de ses huit tirs décochés. C’est à ce genre d’implication – sans égard aux buts – que je m’attendais de la part de Semin. Et je l’attends toujours…
Seule conclusion positive du match de Semin : il a terminé la soirée avec un différentiel neutre. Pour le reste, son manque de vitesse et son manque d’implication sont tout en haut de l’évaluation qu’on peut faire de son travail.
Après avoir été écarté de la formation pendant sept longs matchs, je m’attendais à beaucoup plus. Je m’attendais à le voir sauter dans l’action. À offrir de l’effort, de l’intensité. Il s’est contenté de passivité.
Malgré tout, je lui offrirais la chance de revenir au sein de la formation lundi alors que les Canucks seront les visiteurs au Centre Bell. Je le ferais aussi jeudi contre Phoenix. Je lui donnerais même les deux matchs de la fin de semaine prochaine contre les Islanders de New York. Et si, après cette séquence de cinq matchs, Semin se vautre encore dans l’oisiveté, eh bien l’état-major du Canadien devra réaliser que le pari qui valait la chance d’être pris en lui offrant un contrat en août dernier ne rapportera rien. Et il devra prendre les moyens pour le remplacer et offrir à Galchenyuk un ailier droit digne de ce nom.
Condon doit réagir
Alexander Semin n’a pas disputé un grand match samedi. Mais il ne faudrait pas lui imputer la responsabilité de la dégelée encaissée aux mains de l’Avalanche.
Pas plus qu’il ne faudrait l’imputer au gardien Mike Condon victime de quatre buts sur 11 tirs avant d’être gardé au banc en troisième période.
Condon a effectué quelques bons arrêts. Il a aussi offert un ou deux cadeaux au club de Patrick Roy. Mais devant lui, l’équipe a été très poreuse.
Oui les statistiques révèlent que le Canadien a tiré 40 fois contre 24 seulement pour l’Avalanche. Oui, après 40 minutes, les tirs favorisaient le Canadien par 32 contre 11. Mais la qualité des occasions dont les deux clubs avaient profité était sensiblement la même.
Subban et Markov, pour ne nommer que ceux-là, ont été affreusement généreux dans les revirements dont ils se sont rendus coupables. Des revirements dont l’Avalanche a su profiter. Alors qu’à l’autre bout le Canadien n’a pas été en mesure de profiter des chances qui se sont présentées.
Avec le résultat qu’on connaît.
Au-delà le résultat désolant du match de samedi pour Condon et ses coéquipiers – en passant le Canadien est maintenant 2e derrière les Rangers de New York qui l’ont rattrapé, mais qui ont un match en main – cette défaite donnera l’occasion de voir une nouvelle facette de Mike Condon.
Carey Price a patiné samedi matin. Je doute toutefois qu’il sera en mesure de défendre le filet avant dimanche prochain lors de la visite des Islanders au Centre Bell. Remarquez que s’il revient avant, ce sera tant mieux pour le Canadien et ses fans.
Ce qui semble acquis, c’est que Price ne sera pas disponible lundi alors que les Canucks seront à Montréal. Il me semble tout aussi acquis que ce ne sera pas Dustin Tokarski, même s’il est venu en relève pour terminer la rencontre, qui héritera du mandat d’affronter Vancouver.
Et ce sera tant mieux. Car de cette façon, nous aurons la chance de voir comment Mike Condon rebondira après un match difficile. Après un revers cinglant. Et ce sera très important. Car après avoir fait de l’excellent travail depuis sa première sortie lors du camp d’entraînement, Condon vient de connaître sa première mésaventure. Il s’est même fait chahuter par des partisans à la mémoire très courte qui ont applaudi un arrêt de routine en guise de dérision en fin de période médiane.
Pas facile de garder les buts à Montréal !
Il aura donc l’occasion de prouver ce que tout gardien de premier plan doit prouver pour garder sa place dans la LNH : prouver qu’il a le caractère nécessaire pour faire oublier ce mauvais match et les questions qu’il soulève, en répondant avec une performance solide.
Juste pour ça, j’ai déjà hâte au match de lundi.