Le Canadien en a gagné une sixième samedi en battant les Red Wings 4-1. Six victoires de suite, ce n’est pas rien.
Surtout que ce gain prolonge la séquence historique du Tricolore et lui permet de s’approcher du record de la LNH : un record que Toronto et Buffalo partagent avec 10 gains consécutifs signés en début de saison 1993-94 pour les Leafs et 2006-07 pour les Sabres.
Les rabat-joies insisteront sur le fait que les Red Wings disputaient samedi un deuxième match en deux soirs ou que le Tricolore a affronté des clubs faibles ou en panne histoire de minimiser la portée de cette séquence victorieuse en début de saison.
Ce serait faire preuve d’un excès de mauvaise foi.
Vrai que les Wings avaient joué vendredi. Vrai aussi que le Canadien n’a pas encore croisé d’adversaires redoutables à l’exception peut-être des Rangers de New York qu’il a toutefois muselés jeudi dernier.
Mais au-delà ses adversaires, au-delà les aléas défavorables du calendrier pour ses rivaux, il est impossible de fermer les yeux sur la qualité du jeu déployé par la troupe de Michel Therrien.
Quand on regarde les six gains du Tricolore, particulièrement les cinq derniers, on peut les résumer avec une équation simple alors que la vitesse combinée au travail donne des succès. Vitesse et travail ne peuvent garantir des victoires tous les soirs. C’est évident. Mais la vitesse et le travail sont des éléments qui donnent et donneront toujours du succès moussant du coup les chances réelles de victoire. Le Canadien en a fait la preuve par quatre en ouvrant la machine en troisième (3 buts sur 20 tirs contre les 5 tirs de Detroit) pour s’assurer de profiter de l’aspect fatigue des Wings et ainsi miner leurs chances de revenir dans la partie
Ajoutez à cette équation des variables comme les deux buts offerts par l’attaque massive samedi – un but chanceux marqué par Gallagher qui s’est transformé en boule de quilles sur le jeu et un autre attribuable au travail excellent du «Petit David» Desharnais pour voiler la vue du gardien Petr Mrazek sur un tir de Jeff «poutine» Petry – la contribution offensive des défenseurs – Petry est le seul arrière à avoir marqué jusqu’ici – ou celle inattendue d’un joueur de soutient ici, d’un autre là et vous avez des éléments supplémentaires expliquant les six victoires de suite du Canadien.
Carey Price dans tout ça ?
Oui, Carey Price demeure le pivot défensif du Canadien. En fait non : il demeure le pivot point. Mais exception faite du match d’ouverture à Toronto où il a fait contrepoids à une sortie ordinaire de son équipe, Price a été un élément parmi l’ensemble des éléments ayant guidé son club aux victoires au lieu de voler à lui seul les points accumulés au classement comme ce fut le cas bien souvent l’an dernier. Bien trop souvent.
Price a fait son travail samedi. Après le cadeau accordé à Dylan Larkin pour permettre au Wings d’inscrire le premier but – c’était la première fois cette saison que le Canadien encaissait le premier but au lieu de le marquer – Price a été parfait. Beaucoup moins occupé que son adversaire, il n’a pas eu à multiplier les arrêts. Ça non. Mais il s’est imposé quand cela comptait.
Contre les Rangers, Price a récolté la première étoile en raison de ses quelques arrêts du tonnerre qui ont miné le moral des Blueshirts et leurs chances de victoire. Mais si le match avait été disputé à New York, Henrik Lundqvist, beaucoup plus occupé que Price dans la défaite, aurait reçu cet honneur tant il a offert une performance à la hauteur de celle de Price.
À Pittsburgh, le gardien du Canadien a donné un cadeau. Peut-être deux. Mais lorsque le match était sur le point d’équilibre en fin de rencontre, Price a réalisé l’arrêt le plus important de la soirée aux dépens de Sidney Crosby.
À Boston, il n’a pas été plus important dans la victoire que le reste de ses coéquipiers.
Tout un contraste avec l’an dernier alors que le Canadien au grand complet par le biais de Michel Therrien, de son patron Marc Bergevin ou des joueurs croisés dans le vestiaire tentait de faire croire que Price n’était qu’un élément au sein de l’équipe. C’était peut-être vrai en théorie, mais ô combien faux en pratique comme l’ont confirmé ses 10, 12, 15 vols de grand chemin perpétrés aux quatre coins de la LNH.
Jusqu’ici cette année, c’est beaucoup plus vrai que Price, bien qu’il soit le meilleur joueur de l’équipe et qu’il remplisse un rôle important, n’est plus le seul à pouvoir faire gagner son club. Ce qui est tout à l’honneur des attaquants et des défenseurs qui abattent du solide boulot devant lui.
«On a changé un peu la philosophie de notre équipe», a répondu Michel Therrien lorsque mon collègue Arpon Basu lui a demandé de commenter le fait que son équipe n’était pas seulement l’affaire de son gardien.
Crédit à Michel Therrien
Le Canadien ne fait pas encore partie des forces de la LNH en matière d’attaque. Oui il a marqué quatre buts samedi. Ça ne lui en fait seulement 14 en six rencontres ce qui n’est pas énorme. Surtout que quatre de ces 14 buts ont été enfilés dans des filets déserts.
Mais parce que le Canadien joue bien, qu’il joue du hockey inspiré, rapide et efficace autant à l’attaque qu’en défensive ces 14 buts – combinés aux arrêts de Carey Price et de Mike Condon – ont été suffisants pour gagner.
Combien de temps cela durera ? Bien malin qui peut le prédire avec justesse.
Mais ce qui est clair toutefois, c’est que l’équipe semble vraiment unie dans une même cause. Et cette cause n’est pas simplement de vouloir gagner, car tous les joueurs de toutes les équipes de tous les sports confondus veulent gagner.
Ce qui est frappant chez le Canadien en ce début de saison exceptionnel, c’est de voir que les joueurs passent des paroles aux actes en ne se contentant pas seulement de vouloir gagner, mais en prenant tous les moyens nécessaires pour y arriver.
Parce qu’il a su inculquer cette notion et surtout l’obtenir de ses joueurs, Michel Therrien mérite sa part de responsabilités dans les succès de son club jusqu’ici. Et en s’assurant de vite oublier les rencontres gagnées hier pour se concentrer sur celles à remporter demain, Therrien maximise ses chances de voir son équipe suivre la formule gagnante : vitesse + travail = succès.