Si le Canadien ne m’avait pas vraiment convaincu mercredi dernier, à Toronto, en battant difficilement les Maple Leafs, il s’est bien repris samedi aux dépens des Bruins.
Je sais : les Bruins ne sont pas forts. Comme les Maple Leafs, ils pourraient perdre plus de matchs qu’ils vont en gagner cet hiver. Ou à peu près.
Mais en dépit la perméabilité de la défensive des Bruins et leur manque de profondeur évident à l’attaque, le Canadien a gagné sans équivoque samedi. Le score final (4-2), les tirs au but – 38-21 au chapitre des tirs cadrés, 62-43 pour les tirs tentés – l’efficacité de 55 % aux cercles des mises en jeu le démontre clairement.
«L’éthique de travail était là ce soir. À cinq contre cinq, nous avons dicté l’allure du jeu», a souligné avec raison l’entraîneur-chef du Canadien. Une éthique dont Michel Therrien n’avait pu parler après la première victoire de l’année.
Si dans l’ensemble le Canadien s’est bien comporté, il faut rendre hommage au jeune Alex Galchenyuk et à ses compagnons de trio Lars Eller et Alexander Semin. Dans la foulée de Galchenyuk, ses ailiers ont disputé un très fort match.
Eller, qui multiplie trop souvent les occasions ratées et les tirs hors cible au point de miner grandement la qualité de son travail, avait le compas dans l’œil samedi. Il a enfilé deux buts. Des beaux. Et deux buts dans une même rencontre pour Eller, c’est rare. Ce n’était pas arrivé depuis le match d’ouverture de la saison 2013-2014 alors qu’il pivotait le trio des jeunes. Un trio complété par Gallagher et Galchenyuk. Mettons que ça faisait longtemps…
Eller a un excellent tir. Eller a un excellent coup de patin. Sans être le plus brave du vestiaire, Eller a un bon physique qu’il doit apprendre à bien utiliser. Mais ce qu’Eller doit cultiver bien plus que les occasions ratées et les tirs hors cible, c’est sa confiance. Il doit trouver une façon de se convaincre d’utiliser ce tir de qualité dont il a hérité. S’il développe cette confiance avec Galchenyuk et Semin et qu’il se met à marquer au lieu de se contenter de passer proche de compter des buts, Eller deviendra un rouage important de l’attaque du Canadien. Et le Canadien pourra lorgner vers le haut du classement de l’Association Est pas seulement parce que la division atlantique est la plus faible de la LNH. Et de loin…
Trois passes
Si Eller a impressionné avec ses deux buts, Galchenyuk m’a plus impressionné encore avec sa récolte de trois mentions d’aide bien sûr, mais aussi avec son aisance à contrôler le match lors de ses présences. De retour à sa position naturelle, Galchenyuk semble avoir retrouvé l’aplomb qu’il affichait dans les rangs juniors. Cet aplomb qui lui a permis d’être sélectionné au troisième rang de la cuvée de 2013. Une cohorte dont il aurait pu être facilement le premier de classe n’eut été de la blessure au genou qui lui a fait rater pratiquement toute sa dernière saison à London.
«On n’a pas encore trouvé notre vitesse de croisière. On a mal amorcé le match, mais en fin de première on a obtenu une très bonne présence et nous avons été en mesure d’ensuite bâtir dessus pour le reste de la rencontre», m’a expliqué Galchenyuk après la rencontre.
Eller a marqué son premier but moins de trois minutes après le début de la période médiane. Avant que huit minutes ne soient écoulées au deuxième tiers, il avait marqué son deuxième.
Et que dire d’Alexander Semin? Il aurait pu décocher un tir sur le premier but d’Eller. Il a plutôt décidé de faire une belle passe à son coéquipier. Si cette décision m’a surpris – et je ne suis pas seul dans mon camp j’en suis convaincu – elle n’a pas surpris Michel Therrien. «C’est un gars de talent. Un gars qui aime faire des jeux. Et c’est un jeu de qualité qu’il a effectué sur ce but. Je n’étais pas content de la sortie de ce trio à Toronto mercredi. Mais ce soir, ces trois joueurs se sont très bien repris. Ils ont connu un très fort match. Ils ont fait la différence. Eller aussi a bien joué et il a été très bien alimenté par ses compagnons de trio.»
Moins sollicité que lors du premier match face au Leafs, Carey Price a connu plusieurs bons moments devant son filet et un autre moins bon…
Il a réalisé ses meilleurs arrêts aux dépens du jeune David Pastrnak. Le jeune tchèque, un joueur au talent immense, a forcé Price à réaliser un arrêt solide sur un tir décoché sans avertissement en première. Quelques secondes plus tard, Price a volé le jeune attaquant à deux reprises avec sa jambière et sa mitaine qu’il a étendues loin sur sa gauche.
Price a aussi fait cadeau du premier but des Bruins alors qu’il a fait dévier – avec la complicité de Jeff Petry – une passe de Matt Beleskey derrière la ligne rouge.
Personne ne lui en voudra…
Attaque massive
S’il y a un petit nuage dont on peut relever la présence dans le ciel bleu de cette victoire du Canadien, c’est l’attaque massive.
Vrai que David Desharnais a ouvert le pointage dès le début de la rencontre sur la toute première des nombreuses pénalités écopées par les Bruins.
Mais par la suite, ça s’est gâché.
Après avoir marqué 11 secondes après le début de cette première supériorité, le Canadien a été blanchi lors des 11 min 55 s d’avantage numérique. Dont une supériorité de deux hommes d’une durée de 1 min 37 en troisième période.
«On a été trop relax lors des autres attaques massives», a reconnu le coach du Canadien.
Je ne sais pas s’ils étaient trop relax ou s’ils s’attardaient trop à exécuter le ou les plans concoctés par Jean-Jacques Daigneault qui a le mandat de relancer l’attaque massive cette année.
Mais peu importe la raison, les joueurs du Canadien devraient revoir le but de David Desharnais et comprendre qu’en fonçant au filet, des bonnes choses t’arrivent souvent.
Pas tout le temps, car un contact entre Patrice Bergeron et Carey Price a coûté un but aux Bruins – l’appel logé par Claude Julien a été rejeté après révision du jeu – mais la plupart du temps, mettons.
L’offensive et particulièrement l’efficacité de son attaque massive étant le talon d’Achile du Canadien, on risque d’en reparler souvent.
Peut-être même dès dimanche soir alors que le Canadien croisera les Sénateurs à Ottawa.
Le match s’est terminé dans un brin du tumulte. Après avoir cherché le trouble tout le monde – il a imité en ce sens Brad Marchand dont c’est la vilaine habitude sans oublier Zach Rinaldo qui a fait des siennes – Maxime Talbot a été victime d’un assaut de Brian Flynn en fin de rencontre. Avant de sauter sur Talbot, Flynn a passé une jambette à Rinaldo écopant du coup une pénalité de match qui pourrait lui valoir un appel, une mise en garde, voire une sanction du préfet de discipline de la LNH Stéphane Quintal qui assistait justement au match Canadien-Bruins.