Il suffit de tendre l’oreille ici et là pour constater que les sceptiques sont nombreux quant aux chances du Canadien de répéter sa saison de rêve de l’an dernier. Le premier argument entendu porte essentiellement sur l’improbabilité pour Carey Price de rééditer les exploits qui lui ont valu tous ces honneurs au printemps dernier. L’autre argument touche le fait qu’il n’y a pas eu d’acquisitions majeures au cours de la saison morte. Alors?
Alors je m’inscris en faux contre ces conclusions! Je crois personnellement que le Canadien présente une édition améliorée par rapport à octobre 2014 et que tout permet d’espérer une autre campagne excitante en route vers les séries du printemps.
Parmi l’élite du filet à la ligne bleue
Faites rapidement le tour des formations de l’Association Est et de la LNH en général et vous constaterez que le Canadien fait partie de l’élite sur le plan défensif. Outre Price, qui est le facteur principal de l’équation et qui a lui-même promis d’en faire encore plus dès l’élimination contre Tampa Bay, le groupe de défenseurs dont le nom apparaît sur la liste des joueurs remis à la LNH ce mardi, ferait certainement l’envie de la grande majorité des équipes du circuit.
À ce titre et en réponse à ceux qui affirment qu’il n’y a pas eu d’acquisitions importantes au cours de l’été, je répondrai que la signature de Jeff Petry se veut, au contraire, l’ajout d’une pièce majeure qui manquait au Canadien à la même date l’an dernier. Petry, rappelons-le, s’est amené à Montréal autour de la date limite des transactions et il était libre comme l’air à compter du premier juillet. Il aurait certainement été l’un des joueurs les plus convoités n’eût été cette entente à long terme avec le Tricolore, survenue en début de juin. Sa présence, dès octobre, a de multiples effets positifs sur le reste de l’échiquier. Elle permet de mieux doser le temps de jeu des défenseurs, elle offre une excellente perspective sur la deuxième vague du jeu de puissance et elle fait en sorte que chacun des six défenseurs utilisés, à chaque match, joue le rôle qui lui convient, incluant l’opportunité de jouer du « bon côté » pour chacun. L’expérience accrue de Nathan Beaulieu et l’intégration progressive de Greg Pateryn sont d’autres facteurs à ne pas négliger dans l’évaluation de la force du Canadien.
Par ailleurs, à la lumière de ce qu’on a observé lors des matchs préparatoires, les défenseurs du Canadien seront visiblement appelés à s’impliquer davantage en attaque. Avec les P.K. Subban, Andreï Markov, Petry, Beaulieu et même Tom Gilbert dans une certaine mesure, Michel Therrien peut compter sur des ressources de haute qualité à ce chapitre et il y a fort à parier que le jeu de transition du CH sera l’un des plus menaçants de la Ligue.
Des attaquants d’expérience pour faire le pont
Le plan global de reconstruction du Canadien ne sera pas complété tant que les jeunes attaquants cédés aux IceCaps de St. John’s ne seront pas mûrs pour la Ligue nationale. D’ici là, il fallait combler quelques postes et tenter, dans la mesure du possible, de combler des besoins spécifiques.
Pour ce faire, Marc Bergevin a choisi la voie de l’expérience, preuve qu’il croit sincèrement que son équipe peut faire un long bout de chemin cette année encore. Ainsi, l’arrivée d’Alexander Semin se veut une intrigante addition à la formation et à regarder les fluctuations de son parcours récent, on peut comprendre que la direction parle d’un « beau risque » dans son cas. Mais ce que nous avons vu jusqu’ici en complément de la mutation au centre d’Alex Galchenyuk est vraiment intéressant. Si Semin peut donner un effort constant sur la patinoire, match après match, il profitera assurément de la créativité de son jeune coéquipier pour inscrire son nom au sommaire régulièrement. Il pourrait aussi dans la même veine contribuer à donner au Canadien une deuxième vague sérieuse en supériorité numérique. À 31 ans, Semin est encore jeune et il faut se rappeler qu’il a marqué 22 buts en 65 matchs il y a deux ans à peine!
Je suis par ailleurs vraiment emballé de voir ce qui est en train de se dessiner avec le troisième trio du Canadien. J’étais de ceux qui voyaient d’un mauvais œil la rétrogradation « obligée » de David Desharnais, mais voilà que le petit guerrier a encore une fois transformé une situation délicate en occasion de se faire valoir. En partie grâce à la surprenante prestation de Thomas Fleischmann au camp d’entraînement et à l’évolution constante de Dale Weise en tant qu’ailier énergique, Desharnais va peut-être offrir à Michel Therrien ce qu’il cherche depuis longtemps, c’est-à-dire une troisième unité capable de contribuer à l’attaque au moment opportun.
Revenons en terminant au jeu de puissance. Outre les soldats envoyés sur le terrain, la direction de l’équipe a choisi de revoir aussi la structure même de sa stratégie offensive et même si l’échantillon est encore petit, on a vu des changements positifs en matchs préparatoires. Ce n’est plus seulement la rondelle qui bouge, mais les joueurs aussi! Or, le Tricolore regorge de joueurs mobiles, incluant ses défenseurs et si on parvient à maitriser rapidement cette nouvelle approche, il y a fort à parier que le pourcentage d’efficacité en supériorité numérique sera à la hausse. Le tir de Subban demeure une arme redoutable, certes, mais ce n’était visiblement plus suffisant pour ébranler l’adversaire quand il est à court d’un homme. Les responsabilités seront beaucoup mieux réparties cette saison.
Bref, à défaut d’avoir complété son plan global du côté de l’attaque et compte tenu des joueurs qui étaient disponibles sur le marché, on peut conclure malgré tout que le Canadien amorce cette nouvelle saison avec une attaque améliorée.
Meilleure relève pour Price?
L’avenir le dira, mais Michael Condon pourrait bien devenir le candidat idéal pour seconder Price au cours des prochaines saisons. Affichant calme et confiance au camp d’entraînement, celui qui a gagné la « bataille des auxiliaires » chez le Canadien possède deux atouts qui font défaut chez Dustin Torkaski : la taille et la technique! Dans les deux cas, il s’agit de deux qualités essentielles dans le hockey moderne, à moins d’être une émule de Dominik Hasek!
Condon amorce sa carrière dans la LNH en connaissant parfaitement sa situation avec le Canadien, ce qui devrait l’aider sur le plan psychologique. Tokarski, lui, a toujours semblé mal à l’aise dans le rôle effacé qui incombe au deuxième gardien de l’équipe. Âgé de 25 ans (il a complété ses quatre années à l’Université Princeton), Condon atteint les ligues majeures avec une maturité qui lui sera utile tous les jours. S’il peut donner 20-22 départs à son équipe et remporter une douzaine de matchs, il aura rempli sa mission, sur tous les fronts, y compris sur celui d’enlever un peu de pression sur les épaules de Price.
Bref, si le camp d’entraînement est un bon indice, le Canadien s’est aussi amélioré au poste de deuxième gardien!
Bonne saison à tous. Pour nous, il s’agit d’une 27e et nous sommes toujours aussi fébriles. Nous espérons être à la hauteur de vos attentes encore une fois!