BROSSARD – Le temps passe vite. Il n’y a pas si longtemps, Michael McCarron était le « petit » nouveau au camp de perfectionnement du Canadien. Cette semaine, c’est un jeune homme qui s’apprête à faire le saut chez les professionnels qui est arrivé en ville pour y passer les premiers jours de juillet.
McCarron rit quand on lui fait remarquer qu’il commence à faire figure de vétéran parmi les espoirs du club qui l’a repêché en 2013. En fait, le grand Américain riait pour un rien à la fin d’un léger entraînement, dimanche. Si l’idée de laisser le hockey junior derrière lui pour entreprendre la prochaine étape de sa carrière le rend nerveux, il n’en laisse rien paraître.
« Je suis sur le point de goûter pour la première fois au hockey pro et je ne pourrais être plus enthousiaste. Évidemment, on n’est qu’au premier jour du camp de développement. La route qui m’y mènera est encore longue, mais je suis excité de voir ce que l’avenir me réserve. »
McCarron refuse pour l’instant de viser ouvertement une place dans LNH dès l’automne prochain. « C’est la qualité de mon jeu qui parlera en mon nom, répond-il avec diplomatie. Ce que je peux dire, c’est que je serai prêt pour ce qu’on me demandera d’accomplir. » Toutefois, la courbe d’apprentissage qu’il a jusqu’ici empruntée laisse croire qu’il devra s’armer de patience et bifurquer vers St. John’s, où s’implantera la saison prochaine le club-école du Canadien, pendant un certain temps avant de pouvoir s’implanter dans la Ligue nationale.
L’attaquant de 6 pieds 6 pouces avait peiné à faire la transition entre le douillet programme national de développement américain et les rigueurs du hockey junior canadien, il y a deux ans. Il s’était même demandé, à l’époque, s’il avait fait le bon choix en tournant le dos à la bourse que lui avait offerte l’Université Western Michigan pour aller s’aligner avec les Knights de London. En rétrospective, il admet s’être imposé un peu trop de pression pour tenter de répondre aux attentes associées à son statut de choix de première ronde.
Mais aujourd’hui, celui qui a bourgeonné lors de la récente conquête de la Coupe Memorial par les Generals d’Oshawa banalise la lenteur relative de sa progression.
« Certain gars s’adaptent plus rapidement que d’autres. Dans mon cas, ça m’a pris un an », résume sereinement le sympathique colosse.
Après avoir amassé 34 points en 66 matchs comme joueur recrue, McCarron s’est mis à remplir le filet à sa deuxième saison chez les frères Hunter. Il avait marqué 22 buts en 25 matchs quand les ambitieux Generals ont fait l’acquisition de ses services. Son nouveau club n’a pas profité d’une production aussi luxuriante, mais il a néanmoins maintenu une moyenne de près d’un point par partie jusqu’à la fin d’un long parcours en séries éliminatoires.
« On me demande souvent pourquoi je ne marquais pas autant quand j’ai déménagé à Oshawa, mais il faut comprendre que l’équipe là-bas comptait sur beaucoup plus de profondeur. Tout le monde pouvait marquer des buts. Je n’étais pas nécessairement celui vers qui on se tournait comme c’était le cas à London. Tout le monde se complétait très bien et la pression était mieux répartie. »
Somme toute, le changement de décor n’aura eu que du bon pour McCarron. Depuis qu’il a soulevé la Coupe Memorial, un objectif qui lui avait échappé à London, il a l’impression d’être un peu mieux équipé pour ce qu’on attendra de lui chez les pros
« L’organisation du Canadien tente d’instaurer une tradition de gagnants. C’est quelque chose qu’on nous répète sans cesse et plusieurs des joueurs qui sont ici proviennent d’un environnement gagnant », remarque-t-il.
Au centre ou à l’aile
McCarron n’a pas qu’augmenté sa production offensive à sa deuxième saison dans l’OHL. Il a aussi perfectionné les rudiments d’une nouvelle position. Repêché comme ailier droit, le pan de mur de 6 pieds 6 pouces a été muté à temps plein au centre au cours de son stage junior, de nouvelles responsabilités qui ne peuvent que le rendre plus attrayants aux yeux de ses patrons.
« Ça me permet d’être un peu plus souvent en possession de la rondelle et j’ai l’impression que ça m’aide à me sentir plus rapidement dans le match. Dans les deux équipes pour lesquelles j’ai joué cette année, j’ai développé une chimie presque instantanée avec mes ailiers. »
McCarron est bien conscient que cette nouvelle polyvalence représente un atout de taille dans son jeu. « Le fait de pouvoir évoluer à l’aile ou au centre améliore mes chances de percer l’alignement. Il y a quatre postes de plus que je peux occuper, alors ça crée de nouvelles possibilités. »
« Je sens que je peux jouer n’importe où, ajoute-t-il sans vouloir énoncer de préférence. Ça dépendra où on voudra bien me faire jouer. Quand on fera appel à moi, je serai prêt. »