jeudi 16 février 2017

Tout n’est pas réglé

http://www.rds.ca/hockey/canadiens/

« J'ai senti que l'équipe avait besoin d'un changement »


Il y a deux jours, un climat d’affolement régnait dans la ville. On cherchait quelqu’un à immoler à la suite de l’inquiétante glissade du Canadien. Marc Bergevin a calmé l’impatience des amateurs et des médias en faisant sauter la baraque. Le terme n’est pas trop fort. Que Michel Therrien ait été relevé de ses fonctions, passe encore, mais que son successeur soit Claude Julien, la surprise a été générale.
Bergevin s’est expliqué longuement, même s’il a gardé l’essentiel pour lui. Julien, de son côté, nous a raconté que le Canadien a toujours été l’équipe de son enfance, que Carey Price est le meilleur gardien au monde, que Bergevin est un directeur général intelligent, que Geoff Molson a de la classe, bref, qu’il est heureux d’être là où il se retrouve en ce moment. Pas de grands scoops, mais des réponses débitées avec aplomb dans les deux langues. Tout ce que Montréal attend d’un coach du Canadien.

L’important, comme l’a précisé Bergevin, c’est de replacer au plus tôt le train sur les rails. On ne doute pas que Julien, un entraîneur à l’écoute de ses joueurs, y arrivera.
En somme, toute cette agitation venait du fait qu’on se sentait un brin dupé en assistant à une autre glissade de mi-saison malgré l’acquisition de quatre éléments importants durant la période estivale. On parlait constamment d’une fenêtre d’opportunité, mais plus que jamais, on donnait l’impression de s’en éloigner. Cet appel au calme a été réussi grâce à l’embauche d’un homme dont la feuille de route est remarquable. L’arrivée dans le décor de Claude Julien a provoqué toutes sortes de remarques dans les médias sociaux, la plate-forme idéale pour tous ceux qui ont des messages à refiler à la direction de l’équipe. J’en ai retenu une plutôt drôle : « Il faut tous se ranger derrière Claude Julien. Avec lui, la coupe Stanley, c’est en 2017 qu’on va la gagner. On va tous se revoir au défilé de la coupe ».
Wow! Je n’aurais jamais cru que Julien, parmi toutes ses compétences, pouvait aussi effectuer des arrêts ou marquer des buts. Il y a longtemps qu’on n’avait pas assisté à l’arrivée d’un sauveur au Centre Bell. Même si le train n’est pas encore sur les rails, le public semble être déjà monté à bord.
Si on était si amèrement déçu, c’est parce que le Canadien possédait suffisamment de talent, nous disait-on, pour joindre les formations représentant le premier tiers de la ligue. On s’était donc imaginé que l’addition des Weber, Radulov, Shaw et Montoya serait suffisante pour propulser l’équipe en finale de la coupe Stanley, sinon de la gagner. Or, avant le remplacement de Therrien, on avait perdu espoir. On broyait du noir. Comme quoi l’émotivité n’est pas toujours bonne conseillère.
Pourtant, la fameuse « fenêtre d’opportunité » n’est guère plus ouverte qu’au début de la semaine. Tout n’est pas réglé. Le Canadien est encore très loin de son objectif. Une formation qui ne possède pas une ligne de centre digne d’une équipe championne, peut-elle vraiment rêver de remporter une 25e coupe sans l’ajout d’un ou deux joueurs d’impact? Une équipe, qui ne compte dans ses rangs que deux joueurs issus des quatre derniers repêchage, Artturi Lehkonen et Sven Andrighetto, peut-elle compter sur sa filiale pour la dépanner? Finalement, quand on ne sait toujours pas, après cinq ans, quel type de joueur est Alex Galchenyuk, le problème n’est-il pas plus profond qu’on l’imagine?

« Claude Julien est un coup de circuit »








Pour l’instant, Bergevin, qui a remercié le seul entraîneur qu’il ait embauché dans sa jeune carrière, a pris une décision qui va probablement générer un peu d’espoir parmi les joueurs et ramener le calme dans la population. Avec Julien, qu’il a qualifié de superstar dans son milieu, il est logique de croire que certains progrès seront quasi instantanés. L’entraîneur saura utiliser les mots pour créer une meilleure unité dans la chambre. Il va leur offrir son propre style, qui ne s’éloigne pas tellement tout ce qui se fait ailleurs, mais le discours et le timbre de voix seront différents.
Si Therrien était sans mots pour expliquer le cafouillage de sa troupe, Julien est d’une grande clarté quand on lui parle des difficultés du Canadien à marquer des buts.
« S’il y a un problème, on déterminera si c’est une question de confiance ou de style de jeu, dit-il. Ensuite, on apportera les ajustements qui s’imposent. »
Tout un défi devant lui
Julien avoue aimer les défis. Si c’est le cas, il en a tout un devant lui. Il apprendra avant même de diriger son premier match au Centre Bell que c’est la coupe et rien d’autres qui occupe les pensées des amateurs. Probablement qu’à Boston, où il vient de passer 10 ans dans un marché qui ne pardonne guère plus, il n’a jamais entendu parler d’une fenêtre d’opportunité. Ici, un peu plus et l’expression serait dans le dictionnaire. Il apportera des solutions et règlera certains problème, mais pour la fenêtre, dont il est si souvent question, ça risque d’être plus compliqué.  L’organisation lui versera plus de 20 millions au cours des cinq prochaines années avec le mandat précis de réussir là où sept entraîneurs, y compris lui-même, ont échoué depuis le remplacement de Jacques Demers.

Julien est déterminé à relancer le Canadien
Pour éviter d’avoir à identifier des joueurs, Bergevin n’a pas voulu élaborer publiquement sur la nature des problèmes qui l’ont forcé à procéder à  ce changement qu’il n’a sûrement pas fait de gaieté de coeur. Cependant, vous pouvez parier que Julien en sait déjà pas mal sur la situation.
Dans un autre ordre d’idées, Bergevin a tenu à éclaircir un détail qui lui semblait important. Il a précisé qu’il avait la bénédiction de l’entraîneur quand il s’est adressé à ses leaders dans un hall d’hôtel en Arizona. C’est sans doute vrai, mais ça ne veut pas dire pour autant que Pacioretty, Weber et Price ne l’ont pas renseigné au sujet de ce qui n’allait pas dans l’équipe.
Bergevin sait indubitablement qu’il ne possède pas encore tous les chevaux pour gagner la course. Il considère avoir frappé un coup de circuit avec l’embauche de Julien, mais s’il échoue dans sa tentative pour mettre le grappin sur un athlète de premier ordre durant les deux prochaines semaines, le nouveau venu devra se défendre avec le personnel qui a fait faux bond à Therrien.
Julien s’est fixé comme premiers objectifs de distribuer des responsabilités aux joueurs et d’établir rapidement un canal de communication avec eux. Ils vont lui porter une oreille très attentive au départ. Ils le font tous quand il ne savent pas vraiment à qui ils ont affaire. Avec le temps, ils en viennent à faire les les choses à leurs manières.
Michel Therrien, qui ronge son frein à la maison, pourrait sans doute nous en parler.

« Je suis heureux de revenir à Montréal »

« Si les Bruins ne m'avaient pas permis de parler au CH, je serais ailleurs »

« Je ne vais pas changer mon style »