Tomas Plekanec aura besoin de plusieurs autres matchs solides comme celui qu’il a disputé mardi pour apaiser les critiques dont il fait l’objet depuis le début de la saison.
Mais avec un but aussi beau qu’important enfilé en début de période médiane, un but historique puisqu’il lui a permis de passer seul au deuxième rang dans l’histoire du Canadien pour le nombre de buts marqués en désavantage numérique (20) – derrière Guy Carbonneau qui en revendique 27 – et avec une passe sur le cinquième but du Canadien qui l’a facilement emporté 5-1 aux dépens des Flames de Calgary, Plekanec a ravivé les espoirs de ceux qui sont loin de croire qu’il est fini.
Plekanec ne rajeunit pas. C’est vrai. Il ne peut plus assumer sur une base permanente le rôle de premier centre qui lui a permis d’amasser 70 points en 2009-2010, c’est vrai également. Et il devra multiplier les soirées productives comme celle qu’il a connu mardi s’il veut s’approcher des 60 points récoltés il y a deux ans, voire des 54 obtenus l’an dernier.
Mais à voir Plekanec patiner depuis deux trois semaines, à le voir dégainer avec un brin plus de puissance et de conviction qu’il ne le faisait lors de la grande traversée du désert qui a marqué son début de saison – un but à ses 25 premiers matchs et trois seulement après 40 – il est permis de se demander si le vétéran joueur de centre ne jouait pas en dépit d’une blessure.
Max Pacioretty a vécu pareille situation en début de saison alors que toute sa production était ralentie par une fracture de stress à un pied. Plekanec pourrait donc avoir suivi l’exemple de son capitaine. Il aurait pu jouer en dépit une blessure sans jamais la dévoiler, car c’est connu : Plekanec est joueur fier. Un joueur fiable aussi comme en témoigne ses 219 parties consécutives disputées avec le Canadien. Une séquence qui le place tout en haut de la liste des joueurs du Tricolore.
Meurtri oui, blessé non
Une fois tous les collègues autour de Carey Price, j’ai posé la question à Plekanec. Elle l’a fait sourire. Il a hésité. Il s’est croisé les bras. Il a cherché les mots, les bons mots, les mots justes.
« C'est une belle victoire d'équipe »
«Disons que j’ai bloqué quelques tirs qui m’ont fait très mal en début de saison», a-t-il d’abord convenu. 
Cette réponse allait dans le sens d’une information obtenue au cours des dernières semaines. Une information qui laissait entendre que Plekanec jouait en dépit une fracture – peut-être légère, mais fracture quand même – à un doigt, à un os de la main ou à un poignet.
«Tu cherches trop loin, que Plekanec a vite répliqué. J’ai reçu des rondelles qui m’ont fait mal, oui. Mais en dépit de la douleur, on ne peut parler de blessure comme telle. Je n’ai jamais été dans une situation où il aurait été préférable que je ne joue pas. Et je ne me servirai jamais de ça comme excuse pour expliquer ma production timide depuis le début de la saison», a poursuivi le vétéran joueur de centre.
Avec une récolte de sept buts et 22 points en 49 matchs, Plekanec sait qu’il fait l’objet de critiques. Des critiques qu’il comprend et accepte puisque les chiffres – ou l’absence de chiffres – sont lourds à porter pour un gars qui a toujours été parmi les meilleurs marqueurs de l’équipe au fil des dernières années tout en étant l’un des meilleurs attaquants défensifs du Tricolore.
Plekanec plaide toutefois que le manque à gagner offensif avec lequel il doit composer n’est pas un reflet fidèle de la qualité de son jeu depuis le début de la saison. « J’ai bousillé tellement de chances de marquer qu’à un moment donné ça en devenait ridicule. J’ai composé avec plusieurs changements de coéquipiers et composé aussi avec des mandats différents depuis le début de l’année. Mais ça ne peut expliquer toutes les chances que j’ai bousillées. Je devrais avoir 12, 13, peut-être 15 buts à me fiche déjà. »
Dans l’ombre de son salaire
Si Plekanec avait 12, 13 voire 15 buts à sa fiche et qu’il s’acheminait vers une autre saison de 55 points, on parlerait beaucoup moins de son gros salaire et de sa petite production.
On parlerait beaucoup plus de l’ensemble de son jeu.
Au fait, en plus de marquer et d’ajouter une passe, en plus de piloter un trio qui a bourdonné toute la soirée, Plekanec a réalisé un jeu du tonnerre pour aider son équipe à écouler un désavantage de deux hommes en deuxième période. Après avoir refilé son bâton à Shea Weber qui avait perdu le sien – Weber s’est retrouvé avec un bâton gaucher alors qu’il est droitier – Plekanec s’est démené comme un jeune homme et a réussi à intercepter une passe avec le patin pour ensuite dégager son territoire.
Un jeu solide. Un jeu qui lui a valu des votes pour sa deuxième étoile du match tout autant que le but qu’il a marqué, que la passe qu’il a récoltée.
C’est ça Tomas Plekanec. C’est un joueur complet qui fait mille et une choses qui passent inaperçues sur la patinoire surtout cette année alors que sa disette offensive, associée à son salaire imposant de 6 millions $ sous le plafond, retient toute l’attention.
Bien encadré
Lors de son point de presse, Michel Therrien s’est d’ailleurs assuré de souligner que Plekanec n’avait pas changé grand-chose dans son jeu au fil des dernières semaines.
Tout le monde a contribué
« Il capitalise davantage sur ses occasions de marquer, mais à part ça je n’ai pas remarqué une si grosse différence dans sa façon de jouer. Il faut donner beaucoup de crédit à Tomas. C’est un gars qui laisse toujours son égo de côté. Un gars qui joue en fonction de l’équipe, peu importe ce qui lui est demandé », a indiqué l’entraîneur-chef du Canadien.
Si le vétéran joueur de centre n’a pas changé grand-chose à sa façon de jouer, Michel Therrien lui a peut-être donné un fier coup de main en l’associant à Paul Byron et Artturi Lehkonen qui l’encadrent très bien.
« C’est trois gars-là se complètent très bien c’est vrai. Ils forment un trio très responsable que ce soit avec ou sans la rondelle. Paul Byron a beaucoup de vitesse et pour un gars âgé de 21 ans seulement Lehkonen fait plein de bonnes choses autant offensivement que défensivement. »
Avec Alex Galchenyuk qui manque à nouveau à l’appel au sein du premier trio, Phillip Danault doit combler le vide. Tout juste derrière Plekanec et ses acolytes abattent du très bon boulot.
À la manière de Carey Price
Remarquez que dans la victoire de 5-1 aux dépens des Flames, tous les trios du Tricolore ont connu de bons moments lors du match. Même si les Flames ont dominé 31-22 les tirs au but, c’est le Canadien qui a obtenu les meilleures occasions de marquer.
Et lorsque les Flames ont frappé à la porte du but du Canadien, Carey Price a fait ce que Chad Johnson a été incapable de réaliser à l’autre bout de la patinoire. Des arrêts clefs.
Dans un gain sans appel de 5-1, Price a d’ailleurs mérité une première étoile qui a servi de baume au fait qu’il ait perdu son troisième jeu blanc de la saison – son 39e en carrière – alors que Sam Bennett a profité d’une attaque massive pour marquer avec 1,1 seconde à faire à la partie.
Bennett a marqué, mais c’est Dougie Hamilton qui a fait le gros du travail en interceptant un dégagement de Shea Weber qui a tiré sur la baie vitrée et qui croyait très certainement que la rondelle se rendrait à l’autre bout.
Le match s’est terminé comme il avait commencé pour le Canadien. Mais si l’erreur – pas sûr qu’on puisse parler d’une erreur de Weber, mais bien plus d’un beau jeu de Hamilton – a coûté un but, Carey Price a sauvé le derrière de Nathan Beaulieu qui a offert une descente à deux contre un aux Flames dès les premiers instants de la rencontre.
Un but rapide des Flames aurait sans doute changé l’allure de la rencontre. Mais quand il est devenu clair qu’ils ne perceraient pas Price alors que le Canadien perçait leur propre gardien, les Flames ont joué comme le club qui s’est fait battre 4-0 lundi à Toronto et qui affiche ce matin quatre revers de suite, et six à ses sept derniers matchs (1-5-1).
«Quand on commet une bévue, c’est l’ensemble de notre structure qui s’écroule. On perd tous nos moyens comme on l’a démontré ce soir», a simplement, mais très adroitement, analysé l’entraîneur-chef Glen Gulutzan.
À regarder les Flames aller mardi sur la glace du Centre Bell, on ne pouvait que se demander pourquoi diable l’état-major de cette équipe a cru bon congédier Bob Hartley à la fin de la dernière saison alors qu’il est clair que les problèmes sont plus évidents en défensives et devant le filet – comme l’an dernier – que derrière le banc.