lundi 28 mars 2016

Mike Condon : À défaut du Jennings ou du Calder…

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Condon, candidat au Bill-Masterton

NICOLAS LANDRY
LUNDI, 28 MARS 2016. 16:29

BROSSARD – Dès que Mike Condon est parvenu à se tailler un poste au sein de la formation du Canadien l’automne dernier, il est automatiquement devenu candidat à l’obtention d’un trophée au gala de fin de saison de la Ligue nationale.
Après tout, s’il faisait moindrement bien son travail et que Carey Price avait l’amabilité de lui laisser son filet pendant suffisamment de parties pour confirmer son admissibilité, le trophée William Jennings, remis annuellement au gardien ou au tandem de l’équipe ayant alloué le moins de buts, était assurément à sa portée.
Quand le cerbère recrue a participé au début de saison canon du Canadien en remportant six de ses sept premiers départs, les électeurs de salon se sont emballés. Et si le prochain récipiendaire du trophée Calder se trouvait à Montréal?
La saison du Canadien a toutefois rapidement tourné au vinaigre et Condon, bien malgré lui, s’est vite retrouvé disqualifié dans la course pour ces deux honneurs. Mais il lui reste une chance d’aller chercher une récompense à Las Vegas en juin prochain.
La section montréalaise de l'Association des chroniqueurs de hockey de la Ligue nationale a sélectionné Condon comme le candidat du Canadien en vue de l’attribution du trophée Bill-Masterton pour la saison 2015-2016. L’athlète de 25 ans se voit ainsi récompensé pour avoir démontré persévérance, esprit sportif et dévouement à son sport à sa première saison dans la LNH.
« Je ne m’attendais pas vraiment à ça, c’est un honneur d’avoir été nommé avec des gars comme Paul Byron et Andrei Markov, de voir sur le mur les noms de gars comme Saku Koivu et Max Pacioretty qui l’ont gagné auparavant, a commenté Condon lundi. Ils ont eu la vie beaucoup plus difficile que moi avec leurs problèmes de santé respectifs. Moi, je ne fais que mon travail et je joue au hockey. »
Condon achève de traverser une année que lui-même n’aurait pu prédire. Après avoir gagné le poste de gardien substitut à Price aux dépens de Dustin Tokarski au camp d’entraînement, il a été catapulté dans des patins beaucoup trop grands à chausser quand son mentor est tombé au combat en raison d’une blessure au bas du corps en décembre.
Condon a subi huit défaites consécutives avant le congé des Fêtes et a commencé l’année 2016 avec seulement trois victoires à ses douze premières sorties. L’arrivée de Ben Scrivens par voie de transaction avec les Oilers d’Edmonton lui a offert un peu de répit, mais sa charge de travail est demeurée beaucoup plus importante que celle qu’on lui avait prévue avant l’hécatombe.
Passé de la ECHL à la Ligue nationale en l’espace de deux ans, Condon a amorcé 46 matchs cette année. Il montre une fiche de 18-23-6 avec une moyenne de buts alloués de 2,72 et un taux d’efficacité de ,902.
« Au début, c’était difficile, s’est remémoré l’ancien de l’Université Princeton. Le premier match est toujours dur, peu importe dans quelle ville. La première fois au Centre Bell, c’était aussi une poussée d’adrénaline qui n’a pas été évidente à gérer. Quand Carey est tombé au combat, ça a été difficile de faire face à la musique de façon soutenue. Mais à mesure que l’année a progressé, j’ai trouvé mes repères. J’ai appris à resserrer ma concentration sur les bonnes choses et ça m’a facilité la tâche. »
Condon a aussi dû apprendre à vivre avec la réalité du marché montréalais, un écosystème bipolaire où les héros d’aujourd’hui sont tous appelés à être les boucs émissaires de demain.
« Au début, j’essayais de me tenir le plus loin possible des opinions qui sont véhiculées dans les médias, mais c’est le genre de chose qui trouve toujours le moyen de se rendre à vos oreilles. […] Aussi, je ne sais pas quelle est la population de la province de Québec, mais je sais maintenant que tout le monde sait comment garder les buts ici. C’est bon, si j’ai besoin de conseils, je peux toujours demander à l’un d’eux. Mais l’important, c’est que j’aie appris à gérer toute cette attention. »
« Peu importe le niveau d’où on arrive et celui où on se trouve, on fait face aux mêmes incertitudes, a ajouté Condon. Ça n’a rien à voir avec la confiance en soi, c’est simplement un passage inévitable dans l’inconnu. Parfois, c’est tout simplement impossible de savoir ce qui va arriver. Alors on s’assoit et on se dit qu’il faut passer à travers la prochaine heure. Et si c’est trop demander, alors on essaie de passer à travers les dix prochaines minutes. »
Le respect des coéquipiers
En oubliant un instant les matchs et les trophées, Condon semble avoir gagné la chose la plus importante de toutes cette saison : le respect de ses coéquipiers.
« Chaque fois que vous arrivez dans un nouveau vestiaire, que ce soit en raison d’un rappel ou d’un échange, c’est la première chose que vous devez obtenir, dit Condon. C’était mon but dès le départ. J’essayais de me taire autant que possible et de travailler le plus fort que je pouvais. Je crois que c’est la meilleure recette pour être accepté dans un groupe.

« De ce que j’ai vu de Mike cette année, il a une bonne tête sur les épaules, a vanté Lars Eller. Il a affiché la bonne attitude, a démontré une bonne éthique de travail et s’est imposé comme un bon coéquipier. Il nous a donné tout ce qu’on peut s’attendre d’une recrue, d’un jeune joueur. Il a dû faire son travail sous le poids d’une intense pression, il a joué beaucoup plus de matchs qu’il envisageait. Il en a eu plein les bras, mais il a très bien fait. »
« Je n’ai évidemment jamais joué ailleurs qu’à Montréal, mais je crois que pour être un gardien dans ce marché, vous devez être en mesure de bien gérer vos émotions, de ne jamais vous emporter dans les bons et les mauvais moments et ça, je crois que ça cadre parfaitement avec sa personnalité, a remarqué Max Pacioretty. C’est l’une des raisons pour lesquelles tout le monde dans ce vestiaire le respecte. »
« Les circonstances ont fait en sorte qu’il a été placé dans une situation difficile, a déploré Michel Therrien. C’est un jeune homme très attentioné, très discipliné. On voit qu’il a une éducation exemplaire. C’est malheureux qu’on ne soit pas dans une situation où on est capable d’aller chercher des victoires, mais ce jeune-là va grandir grâce à l’expérience qu’il a vécue cette année. »
Condon est d’accord avec son entraîneur.
« Je me considérais comme un gars assez mature au début, mais j’ai vécu beaucoup de choses depuis et pour cette raison, je crois que je suis maintenant plus fort. Plusieurs personnes n’ont pas la chance de connaître l’adversité. Personnellement, j’accepte les défis qui m’ont été lancés cette année et j’en suis reconnaissant. Ils feront de moi quelqu’un de meilleur. »

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