Le Canadien est tombé souvent depuis qu’il a amorcé sa glissade au classement en décembre dernier. Il est tombé quelques fois bien bas. Contre les Coyotes lundi, il est tombé plus bas encore alors qu’il a atteint un nouveau seuil de médiocrité.
Non seulement s’est-il fait planter 6-2, mais on n’a jamais senti l’équipe dans le coup. On n’a jamais senti les joueurs impliqués. On n’a jamais senti les joueurs intéressés à faire ce qui doit être fait pour gagner... même contre un club ordinaire comme les Coyotes.
Déjà timide en attaque, le Canadien a été amorphe en plus lundi soir se contentant de 19 tirs sur la cage défendue par le gardien québécois Louis Domingue. De ces 19 tirs cadrés pas plus de 10 entrent dans la catégorie des tirs de qualité. De fait, les meilleurs tirs du Canadien ont frappé les poteaux au lieu d’atteindre le fond du filet.
Et comme le Canadien a été lamentable en défensive, les Coyotes se sont payé une partie de plaisir aux dépens d’un Mike Condon dépassé par les événements. Aux dépens d’une équipe dépassée par les événements. Aux dépens d’un entraîneur-chef qui semblait lui aussi dépassé par les événements alors que son équipe a complètement abandonné en milieu de rencontre.
Message clair envoyé à Bergevin
Avec une performance aussi lamentable de la part du Canadien, il est permis, voire nécessaire, de se demander si les joueurs ont simplement décidé d’abandonner, ou s’ils ont plus spécifiquement abandonné leur entraîneur-chef malgré la promesse faite par Marc Bergevin de ne pas le congédier en cours de saison.
Parlant de Marc Bergevin, s’il attendait un message clair de la part de son équipe afin de savoir s’il devait s’attendre à une poussée vers les séries ou un plongeon plus accentué vers le bas du classement, le directeur général du Canadien l’a eu son message lundi soir.
Car en jouant comme ils l’ont fait face aux Coyotes, ou en refusant de jouer comme ils ont refusé de le faire, les joueurs du Canadien ont pratiquement demandé à leur patron de mettre une croix sur ce qui reste d’une saison gaspillée, d’échanger ceux qu’il sera en mesure d’échanger d’ici la date limite des transactions et de miser sur des jours meilleurs l’an prochain. Pourvu que Carey Price soit en mesure de reprendre sa place devant son filet. Car sans Carey Price, le Canadien forme une équipe condamnée à rêver aux séries éliminatoires.
« C’est très embarrassant », a admis David Desharnais après la rencontre.
« On s’écrase encore rapidement quand ils (les adversaires) marquent un but », ajouté le centre québécois qui, comme l’ensemble de ses coéquipiers, a été bien discret hier soir.
Mike Condon n’a pas été bon lundi. En déséquilibre devant son but, brouillon dans ses déplacements et généreux sur les retours accordés, le gardien a toutefois été abandonné par une défensive approximative au mieux.
« On a offert notre gardien en pâture », a souligné Brendan Gallagher qui, à défaut d’avoir pu changer le cours de la rencontre sur la patinoire, semblait vraiment débiné après l’affreuse défaite.
Pourquoi Michel Therrien a-t-il gardé Mike Condon devant le filet au lieu de le rappeler au banc comme il l’a fait avec Ben Scrivens lors de sa sortie difficile à Buffalo vendredi soir?
Parce qu’à un moment donné, il faut que les gardiens trouvent les moyens d’effectuer des arrêts. Il faut que les joueurs devant eux prennent les moyens pour les aider au lieu de simplement attendre un changement de gardien avant de se mettre à jouer. Du moins un peu.
Manque d’émotion et d’implication
Présents de corps, mais absents de cœur et d’esprit sur la patinoire, les joueurs du Canadien étaient tous devant leur casier lorsque les journalistes ont accédé au vestiaire.
Invisivible sur glace du Gila River Arena – son différentiel de moins-3 est la seule preuve qu’il était vraiment de la formation lundi – Max Pacioretty n’a pas été plus éloquent devant les journalistes qu’il venait de l’être face aux Coyotes.
« Il nous reste 25 matchs et on doit trouver un moyen », que s’est contenté de déclarer le capitaine sur un ton monocorde.
Le capitaine manquait tellement d’émotion lundi autant dans ses propos que dans son jeu qu’il est permis de se demander s’il parlait de trouver un moyen de jouer plus mal pour être certain de perdre et d’améliorer les chances de mettre la main sur le premier choix au repêchage quand il a parlé de prendre les moyens.
Deux jeux résument très bien l’affreuse défaite encaissée lundi. « Notre pire revers de la saison », a commenté avec raison Tomas Plekanec.
Après que Louis Domingue eut fait cadeau d’un but facile à Brendan Gallagher sur un tir inoffensif pour permettre au Canadien de donner l’impression qu’il était dans le coup avec un score de 3-2, Paul Byron s’est offert une échappée au terme de laquelle il a frappé le poteau.
Sur la contre-attaque qui a suivi ce poteau de Byron, Oliver Ekman-Larsson a marqué de la pointe en décochant un tir des poignets qui a déjoué Mike Condon dans la lucarne. « Ce but a cassé notre rythme », a soutenu Michel Therrien dans son point de presse.
Remarquez que le Canadien n’en avait déjà pas beaucoup. Même que dans les faits il jouait assez faux merci.
L’autre jeu est pire encore.
En fin de deuxième, alors que le Canadien en arrachait déjà pas mal, P.K. Subban a joué mollement dans son territoire permettant ainsi à Kyle Chipchura – oui, oui, le Kyle Chipchura qui n’était pas assez bon pour jouer avec le Canadien qui l’a échangé à Anaheim en 2009 pour un 4e choix (le défenseur Magnus Nygren) qui n’a pas encore disputé un match avec le Tricolore – de lui voler la rondelle et de profiter de la chute de Subban pour contourner le but et tenter de surprendre Mike Condon.
Chipchura n’a pas marqué sur ce jeu. Mais le simple fait d’avoir fait aussi mal paraître P.K. Subban sur un jeu qui n’était qu’un jeu de routine pour la vedette du Canadien a donné une meilleure indication encore du niveau d’indifférence, voire d’abandon, des joueurs du Tricolore lundi soir.
« On manque d’émotions », a ensuite admis P.K. dans le vestiaire. « Personne ne peut nous montrer comment hausser notre niveau d’émotions, mais il n’était pas suffisant ce soir. Nous n’obtenons pas l’implication nécessaire de la part de tous les membres de l’équipe en ce moment », a indiqué le défenseur qui, j’ose espérer, s’incluait dans le groupe.
« C’est très difficile à accepter », a commenté Michel Therrien lorsqu’on lui a fait part des commentaires de Subban.
Outre le manque d’émotions dénoncé par le défenseur étoile, il était clair que le Canadien manquait d’énergie en Arizona samedi. Il n’avait pourtant pas joué depuis vendredi à Buffalo. Il avait aussi pourtant profité d’un beau samedi de congé sous le soleil radieux de l’Arizona.
Avec encore 25 matchs à disputer, ce manque d’émotion combiné au manque évident d’énergie est plus qu’inquiétant.
Car s’il a atteint un nouveau seuil de médiocrité en jouant comme il l’a fait lundi, il est facile de prévoir qu’il en établira de pires encore au cours des prochaines semaines.
De quoi réjouir ceux et celles qui sont déjà tournés vers le prochain repêchage et qui sont prêts à aller « all in » pour avoir la chance de repêcher Auston Matthews.
Mais rien pour aider à sauver l’image du Canadien. Une image qui commence à être sérieusement entachée après 23 défaites lors des 31 dernières parties (8-22-1). Après trois petites victoires seulement lors des 17 derniers matchs (3-13-1) sur la route.
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