Vous avez quitté le Centre Bell frustrés après le revers de 3-0 encaissé par le Canadien aux mains des Kings de Los Angeles et aux jambières de leur gardien Jonathan Quick ?
Vous avez imploré tous les saints du ciel devant votre téléviseur pendant que mon collègue Pierre Houde puisait dans son riche vocabulaire pour trouver des façons originales de décrire toutes ces occasions en or que le Canadien a bousillées. Pour trouver des expressions imagées afin de rendre justice aux arrêts que Quick a multipliés pour infliger au Tricolore sa première défaite par jeu blanc cette saison. Un premier blanchissage encaissé depuis le 10 mars alors que Ben Bishop et le Lightning avaient blanchi le Canadien 1-0 en prolongation.
Consolez-vous ! Vous n’êtes pas seul. Votre capitaine Max Pacioretty affichait un niveau de frustration plus élevé encore.
Et contrairement aux fans qui avaient quand même obtenu tout un spectacle en guise de consolation au sixième revers du Tricolore à ses sept derniers matchs, le capitaine n’avait rien de rien à se mettre sous la dent pour faire baisser son niveau de frustration. Pour atténuer sa colère.
Des 11 tirs que Pacioretty a décochés, sept ont atteint la cible. Les sept rondelles ont été arrêtées par Quick qui a fait le même coup huit fois à Dale Weise en route vers 45 arrêts bien comptés.
Bon ! Les 45 arrêts de Quick ne défileront pas tous dans les faits saillants du match. Mais plusieurs ont leur place dans les meilleurs moments de la rencontre. Deux au moins contre Alex Galchenyuk sans oublier l’autre réalisé aux dépens de Lars Eller au terme d’une des trois échappées du Tricolore.
Ce n’est pas rien.Certains soirs, le Canadien fait bien paraître les gardiens adverses en décochant des tirs pas vraiment dangereux ; en refusant de payer le prix pour aller lui voler la vue ou pour se débattre afin de sauter sur un premier retour, voire un deuxième.
On ne peut pas dire ça du match de jeudi contre les Kings. Ce qui a d’ailleurs contribué à faire monter le niveau déjà dangereusement élevé de frustration de Max Pacioretty.
«J’imagine que vous aurez tous des explications à fournir après cette défaite. Que nos partisans pointeront ceci ou cela du doigt pour expliquer pourquoi les buts ne sont pas venus. Je suis pourtant convaincu que si je m’installe dans la salle de vidéo et que je revois toutes les chances que nous avons ratées, je pourrai relever des tas de chances sur des deuxièmes et troisièmes occasions alors qu’on avait des gars devant le but. La vérité c’est que nous sommes passés proche toute la soirée, mais pas assez pour marquer. Si on avait pu obtenir ce premier but, le résultat de la partie aurait été différent, car nous avons dominé cette équipe au niveau de l’effort, au niveau du travail», a défilé le capitaine.
Manque à gagner de 1 %
Mais attention ! Pacioretty était loin de se vautrer dans la complaisance. Que non ! Le fait qu’il ait été victime de sept arrêts de Jonathan Quick – Pacioretty n’affiche qu’un but en 39 tirs depuis le début de la glissade de son équipe, il a été blanchi malgré 32 tirs lors des six revers encaissés lors des sept dernières parties – semble vraiment miner le capitaine.
«On peut invoquer plein de raison. Et c’est vrai qu’on a croisé des gardiens vraiment solides au cours de la séquence – Braden Holtby, Cam Ward et Tuukka Rask ont connu des matchs à l’image de celui de Quick jeudi soir –, mais la vérité est toute simple. On doit marquer des buts pour gagner. Et nous nous devons de gagner, car les défaites commencent à s’allonger beaucoup trop à notre goût. On a bien joué encore ce soir. Mais on doit puiser dans nos réserves pour offrir ne serait que le 1 % supplémentaire qui pourrait faire toute la différence.»
Ce 1 % aurait pu venir en début de rencontre alors que le Canadien a été complètement dominé par les Kings au cours des 10 premières minutes environ.
Ce 1 % aurait pu venir en milieu de deuxième période lorsque les Kings, menés par Drew Doughty qui a disputé une rencontre colossale, ont enfilé deux buts en 95 secondes. Deux buts qui ont changé le cours de la rencontre.
Ce 1% aurait pu venir aussi en avantage numérique alors que le Canadien a été blanchi en trois occasions prolongeant ainsi sa séquence d’insuccès (0 en 21) à sept longues parties. Soit depuis sa glissade amorcée le 3 décembre lors du revers de 3-2 aux mains des Capitals de Washington.
Ce 1% aurait aussi pu venir, il est vrai, par un petit coup de chance, par un rebond, par une déviation volontaire ou non comme ce fut le cas mardi alors que Marc-Édouard Vlasic a fait dévier un tir loin hors cible de Dale Weise derrière le gardien Martin Jones.
Mais ce 1% ne s’est jamais concrétisé. Avec les résultats qu’on connaît.
Le danger qui guette le Canadien est tout simple. Maintenant qu’il amorce son plus long voyage de la saison – huit matchs consécutifs – un voyage qui sera loin d’être facile alors que le Canadien fera escale à Dallas, samedi, Nashville, lundi, et au Minnesota, dès le lendemain, on peut craindre qu’une perte de confiance, voire un découragement s’installe en raison du défi qui se dresse droit devant et du fait que l’attaque semble incapable de générer les buts qui seront nécessaires pour relever ce défi.
«L’important pour nous est maintenant de prendre du recul et de réaliser qu’en dépit des défaites, nous avons dominé la plupart de ces parties. La mauvaise passe qu’on traverse maintenant fera de nous une meilleure équipe. C’est pour cette raison qu’il n’y a pas de panique à l’interne», assurait Michel Therrien après le match.
L’entraîneur-chef du Canadien est mieux de répéter ce message haut et fort au cours des prochains jours afin d’être sûr qu’il soit entendu et assimilé autant par ses joueurs qui semblent perdre un brin de confiance que par les partisans qui semble deux brins sur le bord de la panique.
Histoire d’apaiser la panique qui s’installe, il serait peut-être bon aussi de rappeler que Jonathan Quick n’a fait que venger son club jeudi soir.
Vous avez oublié ? Vrai que Carey Price vous a trop souvent gâté l’an dernier pour que vous gardiez le compte final. Mais il y a un an presque jour pour jour – c’était le 12 décembre – les Kings avaient décoché un grand total de 82 tirs – le double du Canadien – et Price avait réalisé 44 arrêts dans une victoire de 6-2 du Canadien. Le Tricolore avait marqué ses six buts sur 20 tirs seulement.
Ça vous console un peu ?
Un vrai premier trio
Outre la grande qualité du spectacle offert lors de ce match, le Canadien a servi quelques autres consolations à ses fans.
En raison de l’absence de Brendan Gallagher – une absence qui fait très mal devant les filets adverses – le flanc droit du Canadien est vraiment hypothéqué.
C’est pour cette raison que Paul Byron a amorcé un autre match à la droite du premier trio. Ou du duo Plekanec-Pacioretty si vous préférez. Au-delà son éthique de travail, de sa vitesse et de sa bonne volonté, Byron est relativement limité en fait de talent offensif.
D’où la décision d’envoyer Alex Galchenyuk à sa place. Une mutation qui a donné au Canadien un vrai premier trio. Un vrai de vrai.
Je sais, ç’a créé un vide derrière.
Mais parce que je suis de plus en plus convaincu que c’est comme ailier et non comme centre que Galchenyuk obtiendra le plus de succès dans la LNH, je souris à l’idée de voir un trio – Desharnais pourrait remplacer Plekanec – aussi menaçant à l’attaque.
Un trio qui pourrait faire plus que menacer. Qui pourrait aussi marquer de temps en temps.
Hâte de voir combien de temps ça durera.