MONTRÉAL – Le Canadien avait eu une dure semaine. Deux fois en l’espace de 24 heures, mercredi contre Boston et le lendemain à Detroit, il avait laissé filer une avance en troisième période, s’enlisant conséquemment dans sa pire léthargie de la saison.
Les hommes de Michel Therrien se sont donné un coussin un peu plus confortable, samedi soir, et se sont assurés de ne pas tout bousiller. Propulsé par un début de match canon, le Tricolore a mis fin à une série de quatre revers en défaisant les Sénateurs d’Ottawa par la marque de 3-1 au Centre Bell.
Brian Flynn et Max Pacioretty ont marqué dans une première période au cours de laquelle le Tricolore a décoché 27 tirs au but. Jeff Petry a inscrit le but d’assurance en début de deuxième période.
La victoire n’a toutefois pas été acquise sans peine. Inscrits au pointage par un but de Jean-Gabriel Pageau en deuxième période, les Sens ont laissé planer la menace d’une remontée jusqu’en toute fin de rencontre, quand des pénalités successives décernées à Tomas Plekanec et Max Pacioretty leur ont procuré un avantage numérique de deux hommes pendant 34 secondes.
Mais le Canadien, cette fois, a tenu le fort. Plekanec et Flynn ont notamment bloqué des tirs menaçants pour faciliter le travail de Dustin Tokarski. Envoyé dans la mêlée pour un deuxième match de suite, ce dernier a effectué 24 arrêts et signé sa première victoire de la saison.
« Ce n’était pas la situation idéale!», a convenu Plekanec, qui avait perdu son bâton peu de temps après sa sortie du cachot. « Tout ce que je pouvais faire, c’était tenter de rester dans les lignes de tir et espérer que la chance soit de mon côté. On a fait du bon travail. »
« Plekanec est un leader au sein de cette équipe et il l’a démontré une fois de plus ce soir. Ça a été une séquence cruciale », a reconnu Tokarski.
« Les gars ont fait une job extraordinaire, a vanté Therrien après avoir remis en question la décision des officiels sur la pénalité pour accrochage décernée à Pacioretty. Les Sénateurs ont le meilleur jeu de puissance de la Ligue sur la route. Il y a beaucoup de talent au sein de cette équipe. Les gars ont bloqué des lancers et Tokarski a été très bon. »
Une première du tonnerre
Le Canadien n’avait généré que 25 tirs au but jeudi dans sa défaite face aux Red Wings. Contre les Sens, il avait déjà fait mieux lorsque la sirène a retenti pour annoncer le début du premier entracte.
Tokarski venait de réussir un énorme arrêt aux dépens de Mike Hoffman – Michel Therrien a pris la peine d’en mentionner l’importance dans son point de presse d’après-match - quand les locaux ont annoncé leurs couleurs. Bien placé à l’embouchure du filet alors que Nathan Beaulieu tentait de battre Anderson de vitesse au poteau le plus éloigné, Flynn a vu apparaître le retour et l’a poussé dans une cage déserte pour faire 1-0 à 2:38.
Charles Hudon, qui avait obtenu son premier point dans la Ligue nationale deux jours plus tôt, a récolté une passe dans un deuxième match de suite sur le jeu.
Le pied enfoncé sur l’accélérateur, les locaux n’ont jamais ralenti la cadence et seule l’étanchéité d’Anderson, négligé par une défensive aussi généreuse que les rois mages, a permis aux Sens d’éviter l’humiliation. Après dix minutes de jeu, le CH menait 14-4 au chapitre des tirs.
Auteur d’une sévère auto-évaluation au plus fort de la mini-tempête qu’a traversée son club cette semaine, Pacioretty est l’un de ceux qui ont montré le chemin à ses coéquipiers, terminant le premier tiers avec six tirs au but. C’est à ses dépens, alors qu’il s’échappait partiellement, qu’Anderson a réussi son 20e arrêt de la rencontre.
Mais Pacioretty a fini par voir ses efforts récompensés. Avec 32 secondes à écouler en première, le capitaine a reçu une passe de Plekanec sur le flanc droit et a décoché un tir des poignets dont il a fait sa marque de commerce pour déjouer Anderson du côté de la mitaine.
« Ça a été un but très important, a dit Plekanec. Il nous a donné un peu plus de marge de manœuvre pour finir le match avec le résultat qu’on voulait. »
Le Canadien est entré au vestiaire avec 27 tirs au compteur, égalant une marque d’équipe pour une première période, marque qui datait de 1973. Le dernier du lot, décoché par Dale Weise à la toute dernière seconde, a provoqué une légère échauffourée. Les Sens, qui, dans leur histoire, n’avaient jamais été victimes d’un tel bombardement en une seule période, en avaient marre.
« C’est une des bonnes périodes que j’ai vues, a estimé Therrien. Pendant l’entracte, j’ai justement dit aux autres entraîneurs que je ne me souvenais pas d’avoir vu une équipe diriger autant de lancers et on m’a avisé que c’était un record d’équipe. On connaît tous la qualité des équipes qu’il y a eu ici. On patinait, on mettait beaucoup de pression. On exécutait bien. Tu sentais qu’on était une équipe prête. »
Pageau porteur d’espoir
Le Canadien a entamé l’engagement médian habité de la même détermination. À 5:39, Petry a complété un beau jeu de passes entre Alex Galchenyuk et Weise en décochant un tir voilé qui a battu Anderson à sa droite.
Le quatrième but de la saison de Petry assurait au Tricolore d’en marquer trois dans un match pour la première fois à ses sept dernières sorties.
Les Montréalais pensaient bien avoir achevé leurs visiteurs moins d’une minute plus tard, quand une percée de Pacioretty s’est terminée dans la lueur de la lumière rouge allumée derrière le but adverse. La reprise vidéo a toutefois permis de déterminer que le numéro 67 avait poussé la rondelle derrière la ligne rouge avec sa main.
À ce moment, Anderson avait déjà été appelé au banc par l’entraîneur Dave Cameron. En quelque 26 minutes de travail, il avait fait face à 31 lancers. C’était le jeune Chris Driedger qui allait endurer le reste du carnage.
Mais carnage il n’y a pas eu puisque lentement, mais sûrement, les Sénateurs sont sortis de leur torpeur.
À mi-chemin dans le match, Pageau a provoqué un revirement de Lars Eller en zone neutre et s’est ensuite lancé à l’attaque. Le Québécois est arrivé dans l’enclave juste à temps pour sauter sur un mauvais retour de lancer accordé par Tokarski pour marquer son huitième but de la campagne, son troisième contre le Canadien.
Mais Tokarski a bien rempli son mandat. Ses 25 arrêts, cette fois, lui ont suffi à garnir sa fiche personnelle d’une victoire.
Driedger, le « releveur » des Sénateurs, a quant à lui été parfait devant les onze lancers dirigés vers lui.