vendredi 27 novembre 2015

La rechute de Carey Price, cette fois, c'est inquiétant

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Mise à jour le jeudi 26 novembre 2015 à 14 h 37 HNE
Carey Price
Carey Price  Photo :  GI/Bruce Bennett

BILLET - En voyant Mike Condon s'installer devant le filet du CH après le deuxième entracte mercredi soir, au Madison Square Garden, on a peut-être assisté à ce qui deviendra LE fait saillant de la saison du Canadien. À peine cinq jours et huit périodes après son retour au jeu, Carey Price a subi une rechute et a dû déclarer forfait.
Un texte de Martin LeclercTwitterCourriel
Cette fois, il y a vraiment lieu de s'inquiéter.
Entouré de journalistes après le match, Michel Therrien s'est efforcé d'adopter un air détaché en confirmant que son gardien numéro un - le meilleur du monde - venait de voir réapparaître la blessure qui l'avait tenu à l'écart du jeu pendant trois longues semaines du 30 octobre au 20 novembre. Le CH n'a jamais révélé la nature de la blessure de Price. Mais mercredi, on a vu Price se jeter sur la patinoire, en douleur, après avoir tenté une rotation sur sa hanche droite.
Durant ces trois semaines d'absence, rappelons-le, Price s'était suffisamment inquiété de son état de santé pour ressentir le besoin d'aller chercher une seconde opinion médicale à New York. Rassuré, Price était finalement revenu au jeu vendredi dernier. Le revoilà au point de départ.
Pour Michel Therrien et Marc Bergevin, ce n'est vraiment pas une bonne nouvelle.
Dans le vaste univers du sport, lancer une balle de baseball est sans doute le geste sportif le moins naturel qui soit. Dans les ligues majeures, un lanceur dont la balle rapide frise les 100 mph a pour ainsi dire 100 % de chances de se blesser. Selon l'American Sports Medicine Institute, au moment de relâcher la balle, la pression exercée sur le coude est la même que si le lanceur tenait cinq boules de quilles de 12 livres dans la paume de sa main.
Bref, l'être humain n'a pas été conçu pour lancer des balles de baseball. C'est pourquoi les orthopédistes comme James Andrews sont aussi connus que bien des vedettes des majeures et font de véritables fortunes en reconstruisant des centaines de coudes chaque année.
La position papillon, que la quasi-totalité des gardiens au hockey adoptent, constitue sans doute le deuxième geste sportif le plus contre nature qui soit. L'être humain n'a pas été conçu pour se jeter au sol en serrant les genoux en tentant d'écarter les jambes le plus possible pour protéger le bas d'un filet. L'humain n'a pas été conçu, non plus, pour violemment piquer son patin dans la glace afin de se propulser latéralement, et ainsi mieux suivre les déplacements d'une rondelle.
Il y a quelques années, une étude réalisée conjointement par l'Université McGill et l'équipementier Bauer révélait que chaque fois qu'un gardien se jette sur la glace en position papillon, ses hanches et autres articulations encaissent un stress équivalent à celui ressenti par un haltérophile de niveau olympique qui réalise un épaulé-jeté.
Avez-vous déjà compté combien de fois Carey Price se retrouve sur les genoux et combien de poussées latérales il effectue au cours d'un match?
À chaque occasion, le cartilage et les ligaments subissent des chocs immenses, se détériorent et s'effritent un peu plus. Puis un beau jour, sans raison apparente, une blessure survient en faisant un geste qu'on a pourtant répété 100 000 fois.
Si bien que, pour les gardiens de haut niveau, les interventions chirurgicales aux hanches sont devenues presque aussi courantes que le sont les reconstructions de coude au baseball. Les blessures ligamentaires aux genoux aussi.
Parce que les gardiens déplacent des charges considérables (avec son équipement, Price pèse environ 260 livres) en effectuant des gestes qui ne sont pas normaux, les gardiens sont donc des créatures plutôt fragiles.
Pour toutes ces raisons, il y a lieu de s'inquiéter en voyant Carey Price retomber au combat pour la même blessure, après avoir passé trois semaines à se faire traiter par les meilleurs thérapeutes et à se faire examiner par les meilleurs médecins.
Si trois semaines n'ont pas suffi à lui permettre de se rétablir, combien de temps lui faudra-t-il cette fois? Sans doute bien plus que la convalescence d'une semaine évoquée jeudi par Michel Therrien. Et si les traitements précédents n'ont pas donné les résultats escomptés, quelle est la deuxième option envisagée pour le soigner?
Pour défendre son filet, le CH se retrouve de nouveau avec un gardien recrue, Mike Condon.
Dans le meilleur des scénarios, Condon ne devait pas effectuer plus de 15 ou 20 départs cette saison. Or, il entreprendra son 12e match demain. Au début du mois, l'Américain a bien pris les commandes quand s'est amorcée la longue absence de Price. Toutefois, garder les filets dans la LNH sur une base quotidienne n'est pas une sinécure. Et plus le temps passait, plus le jeu de Condon s'étiolait. Il avait d'ailleurs accordé un mauvais but à chacun de ses trois derniers matchs quand Price était finalement retourné au jeu, au grand soulagement de ses coéquipiers.
Décidément, tout change bien rapidement dans le monde du hockey. Hier encore, Marc Bergevin magasinait pour améliorer l'attaque de sa formation. Et aujourd'hui, discrètement, il scrute peut-être la liste des gardiens d'expérience disponibles dans la ligue, juste au cas où.