MONTRÉAL – L’un des plus vieux dictons sportifs veut que les bonnes équipes trouvent des manières de gagner des matchs et c’est exactement ce que le Canadien a mis en application pour vaincre les Blues de St. Louis et poursuivre son impressionnant début de saison.
Il faut l’admettre, le Canadien a joué de chance sur les deux buts qu’il a marqués contre Jake Allen en plus de voir un but être refusé aux Blues. De plus, le Tricolore a éprouvé une panoplie d’ennuis en première période contre les robustes visiteurs (46 mises en échec), mais il a repris du poil de la bête par la suite.
C’est donc dire que le CH a obtenu une septième victoire en autant de sorties pour se rapprocher du record partagé par les Maple Leafs de 1993-94 et les Sabres de 2006-07. Ces deux équipes avaient entamé leur saison avec 10 gains d’affilée.
Qui plus est, Montréal n’a alloué que sept minuscules buts en sept parties ! Évidemment, Carey Price a encore été l’acteur principal dans ce sens signant son deuxième blanchissage de la campagne et frustrant quelques joueurs des Blues qui ont dirigé 38 tirs en sa direction. P.K. Subban pouvait bien blaguer lundi quand il a dit que l'équipe n'avait plus besoin du numéro 31.
« On a évidemment connu un lent départ, mais on a pu se reprendre par la suite en corrigeant des choses pendant le premier entracte. C’est une équipe très talentueuse et ils ont représenté un défi de taille pour nous », a admis Price qui était en verve.  
« On a bien répondu après la première période, il faut dire qu’on jouait contre la meilleure équipe de l’Ouest en ce début de saison. Plus le match avançait et plus qu’on avait du succès », a souligné Michel Therrien.
« Ça peut arriver de connaître des lents départs, mais ça n’a pas coûté trop cher parce que Carey a été bon », a convenu l’entraîneur.  
Cette partie a mis en scène les deux équipes qui dominaient le classement de la LNH et le clan montréalais en est sorti victorieux en s’adaptant avec brio. Max Pacioretty (sur une déviation peu orthodoxe) et Alexander Semin et Torrey Mitchell (sur un retour de lancer) ont produit les buts du Canadien.
« C’est une équipe très imposante et on n’avait pas affronté un adversaire de ce type encore. J’ai aimé notre façon de nous retrousser les manches après un départ ordinaire. À partir du moment qu’on a pris les commandes, ils ont essayé de nous ralentir et de nous déranger, mais  on a su démontrer une belle discipline », s’est réjoui Pacioretty.
Pour Semin, il s’agissait bien sûr de son premier dans l’uniforme montréalais et il faut croire qu’il a écouté les conseils de son entraîneur Michel Therrien qui souhaitait le voir décocher plus de tirs.
« Il m’a dit de lancer, lancer et lancer. C’est ce que j’ai fait et j’ai marqué », a raconté Semin avec le sourire accroché au visage.
« On l’encourage à lancer », a répété Therrien en faisant rire l’audience. « Je suis content pour lui qu’il ait pu marquer, ça lui enlèvera probablement une pression supplémentaire sur les épaules. »
Sur la séquence, le numéro 13 a tout simplement lancé au filet en se retournant tandis que Lars Eller voilait la vue d’Allen et toute la séquence avait été orchestrée par Alex Galchenyuk qui a disputé son 200e match dans la LNH.
Dans la même veine, Therrien a prodigué une multitude de conseils particulièrement à ses défenseurs pendant la rencontre. La brigade défensive en a souvent eu plein les bras contre la pression soutenue des hommes de Ken Hitchcock qui ont encaissé leur deuxième revers de la campagne.
« Il faut rendre crédit aux Blues, ce n’est pas une équipe facile à affronter, ils imposent un gros échec-avant. On a causé trop de revirements en première période et ça leur donnait du rythme, mais on a été en mesure de se ressaisir par la suite », a exprimé Therrien. 
Au lendemain de l’élection fédérale, on pourrait dire – à la blague - que le Canadien a sauvé l’honneur du pays puisque les Blues étaient arrivés à Montréal pour conclure un éreintant voyage après avoir battu les Flames, les Oilers, les Canucks et les Jets.
Tout comme lundi soir, le déroulement de la soirée a permis de couronner les « rouges » contre les « bleus », mais ce ne fut pas un spectacle à sens unique. Dès la période initiale, les Blues ont amassé 17 tirs au but et ils ont enchaîné avec 11 au second tiers. Price a encore représenté l’argument qui a changé la donne en s’imposant comme il le fait maintenant de façon plus régulière qu’une horloge suisse.
Confronté à une menace russe de l’envergure de Vladimir Tarasenko, le meilleur pointeur de la LNH qui a lancé six fois au filet, Price n’a pas flanché et il a ajouté quelques bijoux à sa vaste collection.
Tarasenko se souviendra sans doute du spectaculaire arrêt de la mitaine de Price quand il a hérité d’une passe de Scott Gomez. Ce dernier a été hué par le public et il ne s’ennuyait probablement pas de ce traitement à Montréal.
« Je ne peux pas me souvenir de qui a lancé, j’ai poussé un peu trop sur ce jeu et j’ai été chanceux de pouvoir stopper la rondelle. C’est certain que ça va aider de réussir un arrêt important quand ça compte », a décrit Price.
L’ancien joueur du Canadien s’est empressé d’aller féliciter Price tout en échangeant quelques mots.
« Il m’a demandé comment j’allais. Je l’adore et il était un coéquipier en or, je m’ennuie de lui », a révélé Price en parlant avec son coeur.
À la suite du deuxième but du Tricolore, les Blues ont déployé encore plus d’agressivité et Nathan Beaulieu a jeté les gants contre un client de taille en Steve Ott tenant son bout avec ses qualités de pugiliste.
Impliqué dans une autre mêlée, Semin s’est absenté pendant quelques minutes en deuxième période pour aller consulter le docteur Lacroix alors qu’il a semblé être touché à un œil par le gant d’un adversaire.
Pour ceux qui ont raté l’explication, les arbitres ont refusé un but aux Blues puisque la rondelle a frappé la partie arrondie de la baie vitrée à la fin du banc des joueurs – ce qui entraîne un arrêt automatique – avant de filer dans le but.
Fort de son dossier de 7-0, le Canadien reprendra l’action vendredi soir à Buffalo pour ensuite revenir devant ses partisans dès le lendemain contre les Leafs. Mike Condon, le gardien réserviste risque d’être envoyé dans la mêlée pour l’un de ces matchs.
Soyez rassurés, Brendan Gallagher a continué de porter sa cravate chanceuse et il en fera autant même s’il manque de chemise pour l’agencer adéquatement.
« Oh oui, bien sûr que je la portais. Le problème, c’est que je ne sais plus ce que je vais porter avec elle maintenant », a rigolé le courageux patineur.