En acceptant d’affronter Gennady Golovkin - considéré comme l’un des meilleurs boxeurs « livre pour livre » de la planète - immédiatement après être devenu champion des poids moyens de l’IBF en mai dernier, David Lemieux s’est attiré les éloges d’absolument tout le monde.
Plutôt que de s’offrir une défense optionnelle facile qui n’aurait pas choqué le moindrement ses plus farouches partisans, Lemieux a préféré se jeter dans la gueule du loup et il n’est pas impossible qu’il sorte meurtri du combat qu’il disputera samedi soir au Madison Square Garden.
Le cogneur québécois est évidemment content de plaire à un public qui n’hésite pas à manifester son mécontentement envers le champion des mi-lourds du WBC Adonis Stevenson en raison des duels jugés peu compétitifs qu’il propose depuis qu’il a mis la main sur le titre.
« C’est plaisant, mais ce choix implique beaucoup, beaucoup de travail, a avoué Lemieux pendant une séance d’entraînement tenue la semaine dernière dans un gymnase de Laval.
« Sauf que je n’ai fondamentalement pas pris cette décision pour impressionner les autres. Je pourrais me contenter de faire des choses ordinaires, mais je deviendrais quelqu’un d’ordinaire. Pour devenir un être extraordinaire, je n’ai pas le choix de faire des choses extraordinaires. »
Comme la plupart des athlètes professionnels qui connaissent du succès, Lemieux est devenu extrêmement sollicité depuis sa victoire sur Hassan N’Dam. Mais le jeune homme âgé de 26 ans avoue qu’il n’a aucun mal à composer avec cette notoriété et qu’il reste les deux pieds sur terre.
« Ce n’est rien de compliqué, tout dépend de ce que tu valorises dans la vie, explique Lemieux. Plus tu deviens populaire, plus il y a de monde qui va vouloir s’associer avec toi. Cela fait partie de la game et il faut simplement savoir la jouer en se comportant comme un professionnel.
« Et mes objectifs n’ont jamais été déterminés par l’argent. Je prends mes décisions en me demandant d’abord où le prochain combat va me mener. Je choisis chaque combat en fonction du statement que je veux effectuer. Ce sont mes valeurs. L’argent viendra avec le travail. »
« J’ai toujours été sérieux dans ce que je faisais »
Reste qu’il y a toujours eu énormément d’enthousiasme autour de Lemieux depuis ses débuts professionnels en avril 2007 à seulement 18 ans. Énormément d’attentes ont été créées, étant donné qu’il a constamment été présenté comme le futur de la boxe québécoise à cette époque.
Lemieux n’a cependant rien fait pour calmer le vent d’optimisme qui l’entourait, puisque ses victoires expéditives sur Elvin Ayala, Hector Camacho fils et Purnell Gates à l’été et l’automne 2010 laissaient présager qu’il parviendrait à devenir champion quatre ans après ses débuts.
Mais il a frappé un mur - et tout un - en 2011 en s’inclinant devant Marco Antonio Rubio et Joachim Alcine avant d’amorcer une longue et pénible traversée du désert. La séparation d’avec son entraîneur de toujours Russ Anber avait également donné lieu à toutes sortes de rumeurs.
« Tout ce qui a été dit dans le temps, c’était de la fiction, répond Lemieux. Les sources (à l’origine de ces rumeurs) n’étaient pas fiables. J’ai toujours été sérieux dans ce que je faisais. J’ai toujours fait les choses à la hauteur de mon potentiel. Je n’ai jamais joué de chance. »
Pourtant, Anber avait mentionné à l’époque que Lemieux n’était pas toujours l’élève le plus assidu et l’a réitéré quatre ans et demi après les faits dans une entrevue exclusive au RDS.ca.
« J’aimais m’amuser, mais quand c’était le temps d’être sérieux, ce n’était pas un problème, nuance Lemieux. Avec les changements que j’ai faits dans mon entourage, il y a une grande différence et une amélioration. D’avoir un entraîneur dédié comme Marc (Ramsay) m’a permis de devenir un boxeur de 12 rounds. Si je n’avais pas été sérieux, ça n’aurait pas été possible. »
C’est donc pourquoi le Québécois n’a pas du tout été impressionné lorsque l’entraîneur de Golovkin, Abel Sanchez, l’a attaqué la semaine dernière en conférence téléphonique en prédisant que son protégé l’emporterait en raison de sa plus grande intelligence dans le ring.
« Il n’y a pas grand-chose sur laquelle m’attaquer, alors c’est ce qu’Abel Sanchez a trouvé, déplore Lemieux. Ç’avait été exactement la même chose avant le combat contre N’Dam. Quelqu’un qui est en contrôle n’a pas besoin de faire ça. Golovkin ne parle pas beaucoup et c’est pourquoi je me dis qu’il sera en confiance dans le ring. Comme moi d’ailleurs… »