BROSSARD – Assis dans le coin d’un vestiaire du Complexe sportif Bell, Mario Huber expliquait cette semaine que deux équipes du Québec, les Tigres de Victoriaville et le Phoenix de Sherbrooke, lui avaient fait de l’œil et avaient tenté de l’attirer dans la LHJMQ la saison prochaine.
« Tu aurais dû venir à Sherbrooke! », s’est mis à le taquiner Daniel Audette en passant devant lui avec, sur son épaule, un sac à l’effigie de son équipe. Il est évident que Huber n’a aucune idée qu’il vient de passer la semaine avec le meilleur marqueur du Phoenix depuis deux ans.
« Tu joues là-bas? », répond le grand Autrichien, qui commence à comprendre qu’il vient de se lier d’amitié avec un futur rival.
« Oui, on aurait joué ensemble! », acquiesce Audette, provoquant l’exaspération instantanée de son interlocuteur. Visiblement, Huber a aimé ce qu’il a vu du choix de cinquième ronde du Canadien.
Mais le timide Européen n’a pas regretté sa décision longtemps. Il sait déjà qu’il se plaira à Victoriaville. Il avait donné sa bénédiction à l’organisation avant que celle-ci ne le repêche avec le septième choix au total du repêchage européen de la Ligue canadienne à la fin juin.
« J’y suis allé déjà. J’ai visité l’aréna, rencontré les entraîneurs, les gens de la place. J’étais vraiment content, c’est une belle ville », dit-il sur un ton rassurant.
Sûrement pas aussi beau qu’Innsbruck, mais Huber ne s’en vient pas ici en touriste. Après deux saisons passées à afficher des statistiques modestes dans la ligue élite de son pays, l’attaquant de 6 pieds 2 pouces et 210 livres s’est laissé convaincre par son entourage que le Canada était probablement un endroit plus indiqué pour poursuivre une carrière de hockeyeur.
« Je crois que la ligue en Autriche est aussi très bonne, un jeune peut y apprendre beaucoup de choses. Mais je crois que ce sera mieux ici. Mon agent, mon père, mes amis, tout le monde me conseillait de venir ici, alors j’ai décidé de tenter ma chance. Si ça ne fonctionne pas, je pourrai toujours retourner chez moi, mais je veux l’essayer. »
« On a fait nos devoirs au sujet Mario, a affirmé l’entraîneur des Tigres, Bruce Richardson, au collègue Thierry Bourdeau. J’ai vu beaucoup de vidéos de lui quand il jouait à Innsbruck et j’ai aimé ce qu’il apportait. Son côté physique, sa grandeur, sa grosseur. Il patine assez bien aussi pour un joueur de son gabarit. »
Huber ne s’est pas nécessairement démarqué lors des trois matchs simulés qui étaient au programme du camp de perfectionnement du Canadien. De son propre aveu, la vitesse et le talent des joueurs auxquels il était confronté l’ont surpris, mais c’est avant tout la dimension de la surface de jeu qui nécessite pour lui le plus gros ajustement.
« C’est vraiment difficile pour moi parce que tout se déroule plus rapidement. En Autriche, tu reçois la rondelle et ensuite tu as trois secondes pour prendre une décision. Ici, tu reçois la rondelle et ta décision doit déjà être prise, sinon tu vas te faire frapper! Mais je dois persévérer, apprendre et tout ira bien. »
Élevé au pied des Alpes, c’est le soccer qui a d’abord attiré le jeune Huber. « Mais mon père ne voulait pas venir voir mes matchs! Il m’a apporté au hockey à la place et j’ai donc commencé à jouer dès l’âge de 4 ans. C’est grâce à mon père si je suis ici. De toute façon, je n’ai jamais été bon au soccer. J’ai deux jambes gauches! »
Monsieur Huber devra maintenant faire beaucoup, beaucoup de route pour voir jouer son fils, mais tout le monde s’entend pour dire que le jeune homme a pris la bonne décision en faisant ses valises pour Victo.
« Pour lui, c’est une belle opportunité d’apprendre et de se faire connaître. Il n’y a pas grand-monde qu’il connaît ici, alors ce sera à lui d’ouvrir les yeux », conclut Richardson.