BROSSARD – La première chose qu’on remarque, c’est le nom. Eisenschmid. Comme tout droit sorti d’une parodie de film d’ado ou d’une publicité vantant les mérites de l’ingénierie allemande.
Mais dès qu’il en a eu l’occasion, Markus Eisenschmid a attiré l’attention pour toutes les bonnes raisons cette semaine à Brossard. Oui, ce n’était qu’un camp de perfectionnement. Et c’est vrai qu’il aurait été difficile pour lui de mal paraître aux côtés de compagnons de trio comme Charles Hudon et Daniel Carr, les deux joueurs les plus aguerris parmi la quarantaine d’espoirs observés par le Canadien.
Quand même, la fierté de Marktoberdorf a démontré qu’il valait plus qu’une risée. Il a marqué deux buts lors d’un premier match simulé mardi, une performance qu’il a dupliquée le lendemain. Ça lui aura au moins permis de sortir de l’anonymat des confins luxueux de la banlieue montréalaise. En a-t-il fait assez pour mériter une autre invitation, celle-là au camp des recrues qui aura lieu à la fin de l’été?  
« À mon avis, j’ai bien fait mon boulot. J’ai travaillé fort et j’ai joué au meilleur de mes habiletés. Pour la suite, on verra bien », résumait platoniquement le néanmoins sympathique athlète quelques heures avant de quitter la métropole, jeudi.
Eisenschmid a décidé dès l’âge de 16 ans que c’est en Amérique du Nord qu’il tenterait de lancer sa carrière. Il a patienté pendant deux ans, le temps de terminer ses études, puis s’est déclaré admissible au repêchage européen de la Ligue canadienne. Les Tigers de Medicine Hat l’ont sélectionné au 28erang. Une petite recherche sur Google lui a été nécessaire pour comprendre un peu mieux dans quoi il s’embarquait.
« J’ai connu un départ plutôt lent, relate-t-il. Mon anglais était correct, sans plus, et même si je me sentais bien quand je suis arrivé là-bas, je manquais de confiance en moi. Je me suis amélioré en cours d’année, mais c’est réellement au début de ma deuxième saison que ça s’est mis à cliquer. En deux ans, j’ai l’impression d’avoir fait énormément de progrès. »
À son année recrue dans la Ligue junior de l’Ouest, Eisenschmid a obtenu sept buts et 23 points en 56 matchs. La saison dernière, alors qu’il comptait parmi ses coéquipiers Matthew Bradley et Dryden Hunt, deux autres joueurs présents au camp de perfectionnement du CH, il a amassé 19 buts et 44 points en 50 parties.
« J’aime beaucoup comment les choses fonctionnent ici. En Allemagne, ma place et mon temps de jeu étaient assurés. Quand je suis arrivé ici, j’ai dû faire mes preuves. Si je faisais bien, on pouvait me faire jouer sur les deux premiers trios. Dans le cas contraire, je ne jouais pas du tout. C’est un milieu difficile, une très bonne école. »
Contacté par le Canadien immédiatement après le repêchage, Eisenschmid ignore ce que lui réserve la prochaine année. Il possède une dernière année d’admissibilité au niveau junior, mais n’a toujours pas discuté de son avenir avec la direction des Tigers. Un retour en Allemagne, où il est sous contrat avec l’équipe de Hambourg en première division, est une possibilité qu’il envisage.
« Je pourrais rester, je pourrais m’en aller. Pour l’instant, je n’en ai aucune idée. »
Compétition fraternelle
Le hockey est une histoire de famille chez les Eisenschmid. La sœur aînée de Markus, Tanja, excelle à la ligne bleue de l’équipe féminine de l’Université du North Dakota, où elle étudie en communications. Elle a également représenté l’Allemagne aux Jeux olympiques de Sotchi.
« On se supporte mutuellement, raconte le frangin. On s’envoie des messages chaque jour depuis que je suis ici, on se parle sur Facetime. J’entends beaucoup parler d’elle et elle entend beaucoup parler de moi. C’est drôle, je lisais un article l’autre jour qui me décrivait comme le frère de celle qui joue à North Dakota. Ça m’a bien fait rire. »
L’autre jeune fille du clan envisage de suivre le même parcours que Tanja une fois qu’elle aura complété les exigences du système scolaire allemand tandis que le frère de Markus a déjà participé au Championnat du monde de hockey balle.
Le plus célèbre Eisenschmid de la Rive-Sud ne sait pas trop comment expliquer qu’une telle passion se soit propagée au sein de la famille.
« On a demandé à notre père et il nous a répondu qu’il avait toujours aimé regarder le hockey. Ma ville natale a déjà été l’hôte du Championnat mondial junior (Fussen en 1992, NDLR) et il y avait Nylander et tous ces grands joueurs. Mon père avait aimé ça et donc quand il a eu des enfants, il a voulu leur apprendre à patiner. »