CHICAGO – Cédric Paquette a pris Jonathan Toews et les Blackhawks de Chicago par surprise en s’imposant défensivement comme il l’a fait aux dépens du capitaine des Hawks lors du premier match de la finale.
Le Gaspésien a prouvé que sa performance lors de la première rencontre n’avait rien d’un coup de chance en continuant son travail de sape aux dépens de Toews lors de la deuxième rencontre. Et comme il s’est permis d’enfiler le premier but de son équipe, celui qui était surtout connu par le numéro 13 qui ornait le dos de son uniforme est sorti de l’ombre alors que son nom s’est mis à résonner ici et là.
Depuis hier, le nom de Cédric Paquette est sur toutes les lèvres. Sur celles de ses coéquipiers qui multiplient les éloges à son endroit. Sur celles de ses adversaires des Hawks qui commencent à le détester pour vrai. Sur celles des journalistes des quatre coins de la Ligue qui se demandent qui est ce diable de joueur dont ils n’ont plus le choix de parler et de trouver des choses à écrire. En plus de s’imposer dans son rôle de kamikaze de la défensive à titre de centre du troisième trio, Paquette a marqué un deuxième but en finale de la Coupe Stanley lundi soir. Un but marqué avec un peu plus de trois minutes à faire en troisième période. Un but qui a propulsé le Lightning vers une victoire de 3-2 et qui a surtout permis au Gaspésien et ses coéquipiers de prendre les devants 2-1 dans la finale qui les oppose aux Blackhawks.
Si on avait demandé à Paquette, en début de saison, d’évaluer les chances qu’il ait deux buts de plus à sa fiche que Jonathan Toews après trois matchs disputés en finale de la Coupe Stanley, la réponse du Gaspésien aurait été tranchante. « Je t’aurais répondu que tu étais complètement fou. »
Vrai qu’il aurait été un brin fou de lancer une telle prédiction en septembre dernier. Surtout qu’après un camp d’entraînement qui n’a pas tourné à son avantage, Paquette s’est retrouvé dans la Ligue américaine à Syracuse avec le Crunch : le club-école du Lightning.
Mais ce brin de folie s’est transformé en deux brins de réalité. Une réalité avec laquelle le Gaspésien âgé de 21 ans ne sait pas encore complètement comment composer.
« Honnêtement, je ne sens rien en ce moment. Je vis des émotions incroyables, mais je n’arrive pas à les expliquer. C’est le fun de faire parler de moi un peu, car ça n’allait pas si bien que ça pour moi au début des séries. Mais j’ai continué à travailler. Je me suis concentré à garder ça simple et là je suis récompensé en finale », a expliqué Paquette qui s’est retrouvé aux côtés de son coéquipier Ben Bishop sur l’estrade réservée aux héros des matchs disputés en grande finale.
Ce n’est pas rien!
Cédric Paquette a marqué son but crucial au terme d’une belle montée orchestrée par le brillant défenseur Victor Hedman. Le Suédois s’est porté à l’attaque pour créer une poussée à trois contre deux arrières des Hawks. Avec une passe savante, une autre, Hedman a rejoint Paquette dans l’enclave. « Dans le fond, je n’ai eu qu’à tirer dans un filet désert pour marquer », a convenu Paquette dans son analyse du but gagnant.
De pisse-vinaigre à coéquipier apprécié
Après avoir enfilé le but qui pouvait donner la victoire à son équipe, Cédric Paquette s’est assuré de mousser ses chances en s’imposant défensivement dans les derniers instants de la rencontre alors que les Hawks tentaient désespérément de niveler les chances.
« Marquer un but, c’est bien, mais avez-vous qu’il s’est assuré de bloquer un tir tout juste après. C’est à l’image du joueur qu’il est, car Cédric est le genre de gars qui prendra tous les moyens pour aider son équipe à gagner », a commenté le gros joueur de centre Brian Boyle après la rencontre.
Acquis par le Lightning à titre de joueur autonome l’été dernier, Boyle ne connaissait pas Cédric Paquette lorsqu’il s’est présenté au camp de sa nouvelle équipe. Boyle admet que les premières rencontres entre les deux joueurs n’ont pas été très amicales.
« Pour vous dire vrai, il me tombait royalement sur les nerfs. Il m’est tombé dessus dès le premier jour du camp. À chaque présence, je l’avais dans le visage et il ne ménageait aucun effort pour se faire un nom. C’était normal considérant qu’il avait un poste à gagner. Mais il m’agaçait vraiment », racontait Boyle après le match de lundi.
Aujourd’hui, Paquette ne tombe plus sur les nerfs de Boyle qui, comme l’ensemble des joueurs du Lightning et des membres de l’état-major, vouent une admiration sans bornes pour sa combativité et son ardeur au travail.
« J’étais au camp pour faire l’équipe et je savais que je devais prendre tous les moyens pour y arriver. J’ai gardé une bonne attitude avec tout le monde. Même lorsque j’ai été retranché. Je suis allé en bas avec l’intention de dominer. C’est ce que j’ai fait et Jon (Cooper) a aimé ce que je donnais en bas et c’est pour ça qu’ils m’ont rappelé. Une fois de retour, j’ai compris que je pouvais compter sur le respect de Brian. Je ne dirais pas qu’il m’a pris sous son aile, mais il m’a montré à être un vrai professionnel. À jouer comme je dois le faire à tous les matchs », racontait Paquette qui a prolongé son point de presse en répondant à plusieurs questions en français.
Quand j’ai demandé à Paquette s’il était plus fier de ses deux buts, dont celui qui a donné la victoire au Lightning hier, de son travail brillant en défensive aux dépens de Jonathan Toews et des Hawks ou des tirs qu’il bloque pour contribuer aux succès de son équipe, le jeune attaquant a souri.
« Comme tous les joueurs de hockey, j’adore marquer des buts. C’est évident. Surtout qu’avant de marquer celui de ce soir, j’étais un peu frustré parce que j’avais raté une échappée en début de troisième. Mais si c’est le fun de marquer des buts, je sais que je n’en marquerai pas 50 l’an prochain. Je sais que bloquer des tirs demeurera mon rôle. Mais marquer un but gagnant c’est vraiment le fun… »
Quant aux mandats défensifs aux dépens de Jonathan Toews, Paquette n’a pas eu à en relever autant lundi que lors des deux premiers matchs. Parce que les Hawks profitaient du dernier changement, Jon Cooper n’a pas été en mesure d’opposer systématiquement Paquette au capitaine des Hawks.
« À un moment donné Jon a dit : de la merde! Au lieu de chercher les confrontations qu’il voulait, il a fait confiance aux quatre trios et on a tous prouvé que nous étions en mesure de relever ces défis », a mentionné Paquette.
Bishop sur une jambe
Si Cédric Paquette a pu marquer le but qui a propulsé le Lightning vers la victoire et surtout en avant 2-1 en grande finale, c’est en grande partie aux arrêts multipliés par le gardien Ben Bishop.
Bien que visiblement ennuyé par une blessure – à la jambe, à la hanche ou à l’aine gauche selon toute vraisemblance – Bishop a réalisé 36 arrêts dont la moitié au cours de la seule première période.
Une première période au cours de laquelle le Ligthning a rapidement pris les devants 1-0 sur un but de Ryan Callahan qui a déjoué Corey Crawford avec un tir puissant et précis qui a ricoché sur la barre horizontale au-dessus de la mitaine du gardien québécois. Mais après avoir enfilé ce but, le Lightning a été dominé 16-2 au chapitre des tirs au but. Bishop a même encaissé un barrage de 15 tirs consécutifs. Chanceux, voire très chanceux par moment, Bishop a su repousser les rondelles. Il a été plus chanceux encore lorsque Marian Hossa, alors que le géant gardien avait été pris hors position, a tiré à la droite d’un filet désert.
« J’ai feinté de tirer pour sortir le gardien du but et quand je suis venu pour tirer pour vrai, j’ai perdu l’équilibre et la rondelle a glissé sur la lame de mon bâton. J’ai raté une occasion incroyable sur le jeu », a admis Hossa.
N’eût été de cette chance ratée et de quelques autres que les Hawks ont gaspillées, la partie aurait facilement pu basculer du côté de Chicago. Surtout que Ben Bishop, comme il l’avait fait en deuxième ronde face au Canadien – à Max Pacioretty d’abord et David Desharnais ensuite – a fait cadeau d’un but à Brad Richards en laissant une rondelle qu’il aurait du capter facilement ressortir de sa mitaine pour tomber derrière lui.
Ben Bishop a plusieurs fois peiné à se relever après avoir effectué des déplacements latéraux devant son but. On a même cru que son adjoint Andrei Vasilevskyi viendrait en relève dès le début de la période médiane. Mais Bishop a complété son match pour signer sa 13e victoire des séries.
S’il a refusé de parler de sa blessure – quelle blessure? – après la rencontre, Bishop a confié qu’il faudrait bien davantage pour le contraindre à rater une partie en finale de la Coupe Stanley.
Brandon Saad, en début de troisième période, a ravivé les espoirs des Hawks et de leurs partisans en donnant les devants 2-1 à son équipe. Les partisans n’étaient pas encore tous rassis après avoir chanté et danser au rythme de la chanson Chelsea Dagger qui salue tous les buts des Hawks que l’égalité était à nouveau créée. Ondrej Palat, plus rapide que le gardien des Hawks, a poussé une rondelle libre derrière Corey Crawford qui s’apprêtait à déposer sa grosse mitaine dessus.
Ce but a fait très mal aux Hawks qui se retrouvent dans une bien vilaine position. Ils doivent signer une victoire mercredi devant leurs partisans sans quoi ils se retrouveront face à l’élimination samedi à Tampa.