Le Canadien vient d’inscrire un dossier plus que respectable de 6-3-1 au cours des dix derniers matchs, mettant ainsi fin à une séquence épouvantable de 5-20-4 entre le 3 décembre et le 3 février. Malgré cette récolte récente de 13 points sur une possibilité de 20, l’équipe n’a pas bougé au classement. Elle occupe toujours le 13e rang dans son Association et se trouve toujours à cinq points des Penguins de Pittsburgh et de la dernière place disponible dans l’Est. Il y a tout simplement trop d’équipes qui devancent le Tricolore présentement pour qu’elle espère progresser!
Il y aussi chez le Canadien un nombre presque risible de blessés. Carey Price, David Desharnais, Jeff Petry, Nathan Beaulieu, Brian Flynn, Daniel Carr et Tom Gilbert sont tous des joueurs qui auraient dû, en principe, affronter les Leafs de Toronto samedi soir. On a aussi envoyé sous d’autres cieux les vétérans Dale Weise et Tomas Fleischmann ce qui ajoute à la grande improbabilité pour cette équipe de participer aux séries de fin de saison. Si mathématiquement tout est encore possible, réalistement c’est une autre histoire!
Cet effet combiné permet donc à la haute direction de procéder à une audition fort intéressante de plusieurs de ses membres et ce, presque six mois avant le calendrier préparatoire. Quand on parle d’audition, il est question des jeunes joueurs d’avenir qui ont ainsi une occasion de joueur dans la LNH, bien sûr, mais on parle aussi d’une occasion de mesurer davantage le potentiel de joueurs un peu plus âgés dont le développement n’est pas encore complet.
Condon en premier
Dans cette veine, le présent parcours de Michael Condon est particulièrement intéressant. Condon disputait samedi un 41e match, ce qui équivaut à la moitié d’une saison complète. C’est pratiquement une vingtaine de matchs de plus que ce à quoi il s’attendait avant le début de la saison et il y a fort à parier qu’il en ajoutera une quinzaine d’ici la fin du calendrier. Il lui reste donc encore un échantillon assez élaboré pour qu’il puisse se connaître davantage en tant que gardien de buts dans la Ligue nationale.
Condon sera le premier à reconnaître qu’il a traversé une période creuse au cœur de la glissade dans laquelle s’est retrouvé le CH en perdant les services de Price (C’est d’ailleurs ce qui a incité Marc Bergevin à chercher désespérément un gardien qui avait au moins de l’expérience dans la LNH, et Ben Scrivens s’est finalement amené à Montréal). Il a manifesté un manque de constance au cours de plusieurs matchs et a surtout projeté une image d’affaissement quand il concédait un but qui donnait des ailes à l’adversaire. Le résultat global fut que l’équipe s’affaissait aussi.
Mais depuis quelques semaines, Condon semble avoir amené son jeu à un autre niveau. C’est comme s’il avait trouvé un niveau de confiance supérieur et ses performances se sont avérées plus que rassurantes pour ses coéquipiers. Il y eut un autre bel exemple samedi, contre Toronto. Alors que l’avance du Canadien était fragile (2-1) et que P.K. Subban venait d’écoper d’une pénalité pas trop brillante pour conduite anti-sportive, Condon y est allé d’un arrêt spectaculaire contre Brendan Leipsic, arrêt qui lui valut une ovation de la part des spectateurs au Centre Bell. Quelques minutes plus tard, Max Pacioretty marquait un but superbe, du flanc droit, plaçant le match hors de portée pour l’adversaire. À mes yeux, l’arrêt du gardien et le but du capitaine sont indissociables.
Avec une moyenne de buts alloués de 2,50 et un pourcentage d’efficacité de .906, Mike Condon possède des statistiques plus que valables dans le contexte que l’on connaît. Maintenant que la pression de se « rendre absolument en séries » est tombée, il peut s’attarder à développer plusieurs petits détails dans son jeu, en compagnie de son entraîneur Stéphane Waite. En situation de match, Condon peut maintenant s’amuser à défier les adversaires, sans craindre démesurément de commettre une erreur fatale. Le fait que trois défenseurs réguliers manquent à l’appel ajoute à cet intéressant défi qu’il peut s’imposer d’ici avril.
L’avenir dira si le sympathique américain aura la possibilité un jour d’être gardien numéro un quelque part dans la LNH. Chose certaine, Condon a su démontrer trois choses importantes depuis décembre : il possède une bonne technique, il est compétitif et il gagne en confiance. À lui de profiter pleinement de la vingtaine de matchs encore à disputer pour accroître sa valeur!
Pateryn en hausse
Des commentaires semblables peuvent certainement être émis dans le cas de Greg Pateryn, qui a disputé son meilleur match en carrière contre Toronto. Avec un temps de jeu de près de 18 minutes, un total de 27 présences, six lancers vers le filet adverse, deux mises en échec et un tir bloqué, Pateryn a fort bien défendu le côté droit de la zone défensive au sein du deuxième duo. Au passage, il a récolté son premier point dans la Ligue nationale.
En voilà un autre qui a drôlement gagné en confiance récemment. Sur le plateau de l’Antichambre, il nous disait à quel point il est rassurant pour lui de savoir qu’il sera de retour sur la patinoire même s’il commet une erreur. À Wahington, Michel Therrien l’a utilisé à raison de 21:38!

On parle quand même ici de la meilleure équipe du circuit, d’une attaque dévastatrice. Pateryn a malgré tout décoché trois lancers, distribué trois mises en échec et bloqué trois tirs.
Lui aussi dans la mi-vingtaine, Pateryn sait très bien que les 20 matchs qui restent encore à disputer représentent une plate-forme en or pour enfin prouver qu’il a sa place dans la LNH. Stephan Lebeau, qui l’a bien connu à Hamilton, voue un très grand respect au défenseur qui, selon lui, a travaillé très fort pour rehausser son jeu tout en démontrant une grande rigueur quotidienne dans son travail. Nous, à Montréal, avons aussi eu l’occasion d’apprécier sa très grande persévérance et son esprit d’équipe irréprochable.
En voilà un autre qui pourrait aborder septembre avec une belle quiétude. Car d’ici avril, il pourrait prouver à la direction que le poste de 6e défenseur (ou de 3e du côté droit) est le sien, donnant ainsi à son directeur général une marge de manœuvre supplémentaire.
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