Ça fait quatre défaites de suite. Quatre revers en temps réglementaire en plus. Et une fois encore, la liste des coupables est longue pour expliquer cette première séquence du genre en près de deux ans.
Non ! Le nom de Dustin Tokarski ne figure pas sur cette liste. Pas sur la mienne en tout cas. L’adjoint de l’adjoint, le mal aimé qui a été chassé avec tout plein de bonnes raisons en début de saison, n’a pas à être pointé du doigt dans la défaite de 3-2 aux mains des Red Wings de Detroit.
Est-ce que Tokarski aurait pu faire un arrêt de plus que ses 26 effectués jeudi au Joe-Louis Arena ? Peut-être. Mais soyons honnêtes deux secondes, tout gardien qui ne signe pas un blanchissage pourrait à la limite effectuer un arrêt de plus qu’il en a effectué au cours d’un match.
Quant on relève le nombre d’occasions de marquer des Wings, plusieurs de très bonne qualité, dont quelques-unes aux termes d’échappées, il aurait été bien plus facile, voire normal, pour Tokarski d’accorder un but de plus, au moins, que d’effectuer un arrêt de plus.
Défensive trop perméable
De fait, Dustin Tokarski est loin d’avoir été le maillon faible du Tricolore en défensive. Devant lui, les six arrières ont été ordinaires. Parfois carrément mauvais.
Jeff Petry a connu un rare très mauvais match. Il n’a pas été fort contre les Bruins, mercredi il paraît. Parce que j’attendais d’effectuer mon vol pour rentrer de la Californie, je n’ai pas vu son match contre Boston. Mais jeudi à Detroit, il n’a pas été fort. P.K. non plus. Ils ont multiplié les revirements ; ils étaient en retard sur plusieurs jeux ; ils ont pris tout plein de mauvaises décisions ; et ils n’ont pas été en mesure de se reprendre.
Parlant de revirements, pauvre Greg Pateryn ! Envoyé dans la mêlée parce qu’on voulait passer un ou des messages à Nathan Beaulieu parce que l’état-major n’est pas content de son jeu sur la glace et de ses activités hors glace – l’entraîneur-chef du Canadien Michel Therrien a assuré après le match que ce dernier point n’avait rien à voir avec sa décision – Pateryn a échoué. Il s’est rendu coupable du revirement qui a conduit au but de la victoire. Une perte de rondelle devant Tokarski qui n’a jamais eu le temps de racheter son défenseur.
Gilbert n’a pas été bon non plus.
Emelin a écopé une pénalité coûteuse qui a permis aux Wings de niveler les chances en troisième période.
Seulement deux buts
S’il y a plusieurs coupables à la ligne bleue, il y en a autant à l’attaque.
Pacioretty était où jeudi ? Plekanec a multiplié les belles occasions de marquer, mais il n’a pas marqué. Galchenyuk a obtenu une promotion et on le retrouve au sein d’un premier trio. Ce n’est pas facile. C’est même très difficile. Et c’est normal, car Galchenyuk commence à se frotter aux meilleurs centres et défenseurs des autres équipes.
Desharnais ne joue pas avec la même conviction qu’en début de saison. Fleischmann non plus. En fait non, Fleischmann a créé des choses. Il a même obtenu un but en guise de récompense.
Mais voilà : les récompenses ne viennent pas. Le Canadien qui marquait si souvent en début de saison ne marque plus, ou pas assez pour gagner.
Vrai que le Canadien a couru à sa perte avec ses trop nombreux et trop généreux revirements. Vrai qu’il est loin d’avoir aidé sa cause – il a même couru à sa perte – en accordant six attaques massives aux Wings, dont trois en troisième.
Mais il s’est une fois encore contenté de deux buts.
Pour gagner en marquant deux buts, tu dois compter sur une performance exceptionnelle de ton gardien qui ne doit pas en accorder plus d’un. Même avec un Carey Price en pleine forme et en pleine santé ce n’est pas évident.
Imaginez le poids d’une telle responsabilité sur les jambières d’un gardien comme Mike Condon qui débute dans la LNH et comme Dustin Tokarski qui tente d’y revenir ?
Ça n’a pas de sens.
Quand le Canadien a survolé le début de la saison avec neuf victoires de suite, ses attaquants et ses défenseurs multipliaient les buts. Ils en ont marqué 35 en neuf matchs, soit près de quatre par match.
Dans sa séquence de quatre revers de suite, le Canadien n’a jamais marqué plus de deux buts. Dans ses huit revers en temps réglementaire encaissés jusqu’ici cette saison, l’attaque du Canadien s’est contentée de 14 buts. Ce n’est même pas deux en moyenne par partie.
À la remorque des recrues
Globalement, le Canadien ne joue pas du mauvais hockey. Pas du grand hockey non plus. Mais il joue assez bien pour gagner. Ce sont les buts qui ne viennent pas. Et ceux qui viennent sont marqués par des joueurs de soutien.
Sven Andrighetto et Daniel Carr ont marqué et ont contribué à l’attaque dès leur rappel. Ajoutez le nom de Charles Hudon à la liste. À son premier match en carrière, Hudon a préparé le but d’Andrighetto – son 4e – pour niveler les chances 1-1 en période médiane.
Daniel Carr a récolté une passe sur le but qui a permis à Fleischmann de donner les devants 2-1 au Tricolore en troisième.
Au lieu d’assumer le leadership qu’on serait en droit de s’attendre de leur part pour aider à pallier les pertes de Carey Price, de Brendan Gallagher et de Torrey Mitchell qui est peut-être plus important que je le crois dans le vestiaire du Canadien, Pacioretty et les autres meneurs du Canadien sont à la remorque des joueurs de soutien qu’ils devraient remorquer.
Et ça, c’est inacceptable, car on hypothèque trop les autres.
On aime tous l’ardeur au travail de Dale Weise. Mais on a vu trop grand en début de saison lorsqu’il a inscrit ses huit buts lors des 15 premières rencontres. Depuis, il n’en a marqué qu’un.
Et c’est Weise qui se retrouvait au sein du premier trio et qui a obtenu plusieurs présences en avantages numériques.
Un avantage numérique qui a été blanchi en deux occasions jeudi. Un avantage numérique qui a été blanchi en 12 occasions depuis le début de la séquence de quatre revers de suite.
Il y a d’ailleurs un lien direct à tracer entre cette soudaine panne sèche de l’attaque massive – le Canadien a aussi traversé une séquence de 0 en 14 en quatre matchs de suite en novembre – et la séquence de défaites.
Vrai que la perte de Carey Price fait très mal. Prétendre le contraire serait farfelu. Ridicule même.
Mais il faudra bientôt se rendre compte que la perte de Brendan Gallagher fait très mal elle aussi. Peut-être pas autant que celle de Price, mais pas loin…
Car au-delà toute l’énergie et la bonne volonté des Hudon, Andrighetto, Carr, Byron, Flynn et même Weise à qui il sera difficile et injuste d’en demander plus, les leaders doivent eux en donner plus. Beaucoup plus.
Il faudra que ça change et vite si le Canadien veut stopper au plus tôt sa triste séquence de quatre revers de suite. Une première du genre depuis près de deux ans alors que la dernière séquence de quatre revers est survenue en février 2014.
Après les Bruins mercredi et les Wings jeudi soir, ce ne sera pas nécessairement plus facile samedi alors que ce seront les Sénateurs d’Ottawa qui débarqueront au Centre Bell pour prolonger la séquence moribonde du Canadien.
En passant, cinq revers de suite, ce n’est pas arrivé depuis février 2012…