jeudi 5 novembre 2015

3 contre 3 : une vraie farce

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Kyle Turris a mis un terme à la prolongation avec un but dès la 34e seconde, mardi.

MARC DE FOY
MISE à JOUR 
La prolongation à trois contre trois donne les résultats escomptés par la Ligue ­nationale de hockey.
Après 180 matchs, la diminution des matchs s’étant soldés en tirs de barrage s’élevait à 24 % par rapport à la saison dernière.
Voilà pour l’exercice mathématique.
Mais pour ce qui est de la formule de jeu, c’est une véritable farce!
Sport dénaturé
La LNH avait déjà dénaturé le hockey en instituant la prolongation à quatre contre quatre (saison 1999-2000) et en ajoutant la formule des tirs de barrage après le lock-out de 2005.
Aucune autre ligue ne modifie autant les bases de son sport.
Le football, le baseball et le basketball ne soustraient pas un joueur à la formation en bris d’égalité.
Le pire est que la prolongation à effectifs réduits et les tirs de barrage sont mis de côté dans les séries ­éliminatoires.
Réflexion de Plekanec
Tomas Plekanec, qui n’est pas du genre à parler pour rien, a bien décrit la situation après le premier match en prolongation du Canadien, mardi contre les Sénateurs.
«On dirait du hockey d’été», a-t-il dit.
Du hockey comme il s’en joue aussi sur les patinoires extérieures du ­voisinage, pourrait-on ajouter.
Une erreur et bonsoir
Personne n’était sur le bout de son siège durant la prolongation, l’autre soir au Centre Bell.
Les équipes contrôlaient prudemment la rondelle, attendant des ouvertures. Il a suffi d’un revirement pour faire pencher la balance.
Après seulement 34 secondes, c’était terminé.
Max Pacioretty, qui a commis ­l’erreur fatale, n’était pas de bonne humeur après la rencontre.
Ça fait partie du sport, dirons-nous.
Non, justement.
Bon à une époque
Le retour de la prolongation, lors de la saison 1983-1984, avait pour but de réduire le nombre de verdicts nuls dans une ligue qui comptait à l’époque plus de mauvaises que de bonnes équipes.
Au début des années 2000, le point boni a fait son apparition en même temps que la prolongation à quatre contre quatre. Mais si l’égalité ­persistait après 65 minutes, chaque équipe continuait à récolter un point.
La décision d’avoir recours aux tirs de barrage se prêtait au contexte après le conflit qui avait mené à l’annulation de la saison 2004-2005.
La LNH en a profité pour assainir le jeu.
Elle s’est attaquée à l’obstruction et les satanés verdicts nuls, qui étaient nombreux avant le lock-out, ont ­disparu.
L’élimination de la ligne rouge a accéléré le jeu et mené tranquillement à l’extinction des joueurs qui n’avaient que leurs poings pour seuls attributs.
La qualité du spectacle s’est grandement améliorée.
Abolition du point boni
Maintenant que la réforme est ­complétée, la LNH devrait réviser son système d’attribution des points de classement.
Au prix que les amateurs déboursent pour les billets, ils sont en droit de s’attendre à un spectacle relevé du début à la fin.
Le moyen passe par l’abolition du point boni. Toujours deux points pour une victoire, mais meilleure chance la prochaine fois dans le cas d’une défaite.
Si la prolongation à trois contre trois produit une baisse des tirs de barrage, la disparition du point boni contribuerait à rehausser le spectacle ­davantage.
Imaginez le show que ça donnerait durant trois périodes.