dimanche 13 septembre 2015

L’édifice du peuple

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RÉJEAN TREMBLAY
MISE à JOUR 
  QUÉBEC | C’est un édifice magnifique. Mais surtout, c’est l’édifice du peuple.
Les Québécois ont de quoi être fiers de leur nouvel amphithéâtre, a déclaré avec raison Guy Lafleur. Hier, après le tapis jaune des célébrités, on a ouvert les portes et les amateurs se sont engouffrés dans le Centre Vidéotron. Ils étaient fiers. Ça paraissait dans leur face. Ils étaient fiers et, en plus, ils étaient les propriétaires de cette superbe bâtisse. Propriétaires pour un peuple de locataires dans un pays, vous réalisez comment c’est extraordinaire.
J’étais fier moi aussi. Parce que ce Centre, j’en suis le copropriétaire. Il a été bâti et payé avec mes impôts et mes taxes. Et les impôts et les taxes de chacun d’entre vous. Même si vous êtes au chômage ou dépendant de l’aide sociale, à toutes les fois que vous achetez quelque chose, la TVQ sert à financer votre édifice.
Je suis bien content pour Geoff Molson, mais quand je vais à son Centre Bell, je vais chez lui. Hier soir, au Centre Vidéotron, j’étais chez moi. George Gillett a payé le Centre Molson de l’époque environ 100 millions. Il l’a revendu 400 millions. C’est dommage, mais ces 300 millions sont sortis du Québec et ont servi à financer les dettes énormes de Gillett. Votre édifice dans la Capitale, personne ne va pouvoir partir avec l’argent et aller l’investir ailleurs pour payer ses dettes. C’est à vous.
LA MAISON DU PEUPLE
D’ailleurs, Pierre Dion le président de Québecor respectait un peu cette pensée quand il expliquait hier soir qu’il était important que les Québécois aient pu découvrir et apprivoiser leur édifice avant la fête d’hier : « Ils ont été plus de 100 000 à découvrir leur édifice. Dans le fond, l’inauguration du Centre est déjà le deuxième événement à avoir lieu au Centre Vidéotron. Et c’est très bien ainsi », a-t-il souligné pendant que les invités faisaient leur entrée sur le site.
Pierre Karl Péladeau était accompagné de son fils. J’ai aimé qu’il trouve important de montrer cette œuvre à la nouvelle génération. Pierre Karl Péladeau a été présenté comme étant le chef de l’Opposition à l’Assemblée nationale, mais c’est comme président de Québécor qu’il a mis en marche cette grande aventure : « Nous avions un plan d’affaires et une vision. On a partagé cette vision avec le maire Régis Labeaume et, avec lui, on a rencontré le premier ministre Jean Charest pour tenter de le convaincre », expliquait M. Péladeau avant d’aller serrer des mains dans la tente des gros noms : « Le Centre Vidéotron, c’était l’étape obligatoire si on voulait ramener les Nordiques ».
JEAN CHAREST À VANCOUVER
Jean Charest n’était pas au Centre Vidéotron hier soir. Il était retenu à Paris par le travail. Mais c’est lui qui avait mis le pied dans la porte à Vancouver en 2010. Lors de la journée du Québec pendant les Olympiques, je lui avais posé la question et il avait répondu avec clarté et fermeté : « Oui, nous sommes d’accord avec la construction d’un amphithéâtre pour Québec et le gouvernement du Québec sera là quand ce sera le temps », m’avait-il dit ce mardi.
Il a tenu parole.
Marcel Aubut aurait aimé être de la fête. Il était à Toronto avec le maire John Tory quand je l’ai joint hier après-midi : « Si on avait pu construire un édifice comme le Centre Vidéotron il y a vingt ans, on aurait pu sauver les Nordiques. Mais la volonté politique n’y était pas. Jean-Paul L’Allier ne voulait rien savoir. Si on avait pu compter sur un Labeaume pour faire bouger les choses, peut-être qu’on aurait déjà notre édifice. C’est la pression des gouvernements locaux qui fait la différence », de dire Me Aubut.
Lui aussi a souligné le mérite de Jean Charest.
C’est invraisemblable peut-être, mais les guéguerres de Denis de Belleval auront contribué à la fierté des Québécois. Il les a forcés à se prononcer, à croire au projet. On lui dit donc merci ce matin.
GUY LAFLEUR : LE CŒUR ET L’ÂME DU COLISÉE
Ils étaient beaux tous ces anciens. Marc Tardif, Dave Pichette, Michel Goulet ou Guy Lafleur.
Ils ont tous fait vibrer le Colisée. Tous. Mais aucun autant que Guy Lafleur. J’ai demandé à Lafleur quel souvenir il aimerait qu’on apporte du Colisée Pepsi dans le Centre Vidéotron : « Le cœur et l’âme du Colisée. C’est ça que je souhaite », a-t-il dit avec cette franchise absolue qui est sienne.
Lafleur peut se permettre de parler. Lui et Jean Béliveau ont construit le vieux Colisée. Et c’est Peter Stastny qui l’a rajeuni.
Ça va prendre un an, peut-être deux. Mais un jour les Nordiques vont revenir. Leurs joueurs vont sauter sur la patinoire. Ce sera une équipe d’expansion pas mal poche. Mais dans la Ligue nationale d’aujourd’hui, on peut bâtir une bonne équipe à partir de rien en moins de cinq ans.
Tôt ou tard, les Nordiques vont recevoir le Canadien pour une série éliminatoire.
Il y aura une mise en jeu protocolaire. Je ne sais pas si Pierre Karl Péladeau a osé y penser hier soir. Mais peut-être qu’on invitera le premier ministre du Québec à mettre la rondelle en jeu au Centre Vidéotron.
Ça serait quand même le bout du bout.

QUELQUES CRITIQUES

Ça prend des journalistes pour chiâler. Et c’est chez les journalistes qu’on retrouve le plus à redire. En fait, et c’est normal, il y a plusieurs points qu’il faudra corriger au fil des matchs.
Chose certaine, le secteur réservé aux professionnels de l’information n’est pas prêt pour la Ligue nationale.
On a installé au 7e étage la salle de travail alors qu’il faudra évidemment la ramener au niveau des vestiaires. Quand les journalistes de Chicago, de New York ou de Montréal vont descendre dans la Capitale pour les matchs des Nordiques, ils ne remonteront pas au septième ciel pour écrire leurs textes.
On manque d’éclairage sur la passerelle, on ne voit pas le clavier de l’ordi et autres peccadilles semblables. Rien qui ne s’ajuste pas.
Par ailleurs, il y a eu des temps morts dans les cérémonies d’inauguration. Dommage parce que les projections et les présentations étaient de bon goût. En tous les cas, on a réalisé que le maire Labeaume va être difficile à sortir de la mairie.
En fait, on réalise déjà que ce magnifique édifice respire la Ligue nationale de hockey. Les Remparts vont faire la job en attendant mais ce que le Centre Vidéotron attend, ce sont les Nordiques de Québec.
C’est pour ça que c’aurait été bon de retrouver Peter Stastny hier soir. Malheureusement, le grand Slovaque était retenu à Bratislava pour des raisons familiales.
On se reprendra au match inaugural des Nordiques.

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