mardi 22 septembre 2015

La différence: Geoff Molson

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Si Max Pacioretty semble avoir compris l’importance de s’adresser aux partisans du Canadien en français, c’est grâce à Geoff Molson.

RÉJEAN TREMBLAY
MISE à JOUR 
Si Max Pacioretty semble avoir compris l’importance de s’adresser aux partisans du Canadien en français, c’est grâce à Geoff Molson. J’écoutais la radio la semaine ­dernière. L’animateur et les ­amateurs qui appelaient pour faire part de leur idée semblaient tous d’accord. Que le capitaine du ­Canadien parle français, ce serait bien, mais dans le Québec d’aujourd’hui... Qu’est-ce que vous voulez faire...
À part baisser la tête et le dos et accepter...
Puis, le ton a commencé à changer. On venait d’apprendre que P.K Subban allait donner 10 millions $ à l’Hôpital de ­Montréal pour enfants.
Puis, on a entendu P.K. en ondes s’exprimant en français et clamant son respect pour sa ville d’adoption et ses habitants.
L’animateur avait le motton dans la gorge, les gens appelaient pour dire combien ils étaient émus. Subban leur avait parlé dans leur langue. Ils étaient fiers. Ils l’aimaient, ils le remerciaient.
Les mêmes qui disaient une demi-heure plus tôt que le Canadien pourrait aligner 20 Chinois que ça ne ferait pas de différence «pourvu qu’on gaaaagne».
Ils avaient les larmes aux yeux.
CAPITAINE PAK
Le lendemain, c’était le coup de grâce. Max Pacioretty, fraîchement élu – et non pas nommé – capitaine du Canadien, s’adressait d’abord en français aux médias et ce ­faisant, au bon peuple.
Ça s’appelle le respect. P.K Subban et Max Pacioretty vous ont montré du respect. Et se faire respecter procure une bonne sensation en dedans de soi. C’est pour ça que vous vous sentiez tout drôle. Vous étiez respectés.
Et c’est pour ça qu’il faut toujours exiger le respect. Vous avez été trop bonasses avec Saku Koivu et Brian Gionta. Vous aviez parfaitement le droit au respect. Vous avez préféré courber la tête.
Et si cette fois, P.K. Subban et Max ­Pacioretty semblent avoir compris cette importance, ce n’est pas grâce à vous. Vous étiez déjà prêt à applaudir vos 20 Chinois. La différence, c’est Geoff Molson.
GEORGE GILLETT ET SES SBIRES
Geoff Molson a fait un choix de vie quand il était tout jeune. C’est un anglophone qui a compris qu’il vivrait et travaillerait au ­Québec. Avec raison, il s’attend à obtenir tous les services essentiels et culturels – qui sont essentiels, par ailleurs – dans sa langue.
Mais il a voulu plus. S’il était pour bâtir de belles affaires avec ses concitoyens francophones dans une province dont la langue officielle est le français, il allait les respecter et leur parler leur langue.
C’est tellement vrai qu’aujourd’hui il est souvent difficile de trouver une trace d’accent dans le français impeccable de M. Molson.
Ce respect et, dans le cas de Geoff ­Molson, cette affection pour la langue et ses gens ont descendu la pyramide. Pour atteindre Marc Bergevin et le vestiaire de l’équipe.
Les joueurs du Canadien de l’ère George Gillett n’étaient pas plus bornés ou méprisants que ceux de l’ère Molson. Ils étaient paresseux. Non seulement on ne leur demandait rien, mais en plus, leur patron, Pierre Gauthier, venait dire publiquement «qu’une langue, ça s’apprend»... mais en parlant des fans!
D’ailleurs, Pierre Gauthier a été congédié peu après ce cri de l’âme.
Et vous savez ce que pensait Bob Gainey. Éradiquer le français dans toute l’organisation était une façon commode d’éviter les problèmes. Les médias seraient moins proches des joueurs, on pourrait contrôler plus facilement les réseaux de télé et de radio complices et partenaires, et on pourrait être nuls à chier en toute quiétude sans que les indigènes se plaignent trop.
Le Canadien aura besoin d’encore plusieurs années pour redonner un visage québécois à l’équipe; mais le Québec, c’est également des Américains, des Européens et des Canadiens qui viennent travailler et vivre chez nous en apprenant à communiquer dans la langue de la population. Et, en ce sens, le Canadien de Geoff Molson est sur la bonne voie.
Oui, je suis heureux des efforts du ­capitaine et de la star. L’exemple va ­continuer à faire des petits.
On n’a qu’à se tenir droit...

LES ALOUETTES SUR LA BONNE VOIE

J’ai passé un dimanche après-midi de toute beauté! Avec 23 000 autres personnes, j’ai assisté au match des Alouettes au stade Molson.
C’était ma première visite dans le stade agrandi et fort bien rafistolé. Pour un gars qui avait ses billets de saison sur la ligne de 50 pendant presque 10 ans, c’est impardonnable.
Mais il faut dire que les Alouettes ont perdu eux-mêmes certains de leurs plus fidèles clients. Ils comptaient sur de grands coachs comme Don Matthews ou Marc Trestman, sur des quarts comme Tracy Ham et Anthony Calvillo, et sur des demis et receveurs aussi explosifs et spectaculai­res que Mike Pringle, Ben Cahoon et Jeremaine Copeland, sans parler d’Éric Lapointe, de Bruno Heppell et d’André Bolduc.
ANNÉES DE RÊVE
Pendant toutes ces années de rêve, les Alouettes accumulaient les salles pleines. Ce n’est plus le cas. Et sans un coach de carrière, sans un vrai quart-arrière et, surtout, avec la compétition de l’Impact et de Didier Drogba pour la position principale dans les médias de l’été, la tâche est énorme.
Mais le produit, avec Robert Charlebois, Plume Latraverse, Corbeau et Jacques Moreau, est fort agréable. C’est jouable...