MONTRÉAL – En raison de leur début de saison quelque peu laborieux, les Alouettes de Montréal ne dominent pas autant qu’à leur coutume les différentes colonnes de statistiques de la LCF, mais ça n’empêche pas Winston Venable, qui est doté d’une génétique sportive exceptionnelle, de se démarquer.
Ironiquement, Venable a dû prendre son mal en patience pour accéder à un rôle proéminent dans l’organigramme défensif des Alouettes. Pourtant, celui dont le père a appartenu aux Expos de Montréal en 1984 se classe présentement au troisième échelon du circuit canadien avec 47 plaqués en huit matchs.
Illustration de Winston VenableÇa peut donc sembler étonnant de constater qu’il a été contraint de patienter pendant deux années avant de fouler le terrain avec régularité en défense. Ceci dit, l’explication derrière son utilisation tient la route. Noel Thorpe, le coordonnateur défensif, avait déjà à sa disposition des secondeurs de haut niveau pour pourchasser les adversaires.
Si Chip Cox demeure un intouchable par ses qualités et sa position particulière, Bear Woods et Kyries Hebert n’étaient pas faciles à déloger. En fin de compte, il aura fallu une blessure assez longue à Hebert pour qu’une porte s’ouvre en la faveur de Venable (illustration de @CFLPrime) cette saison.
« En pouvant se rendre sur le terrain plus souvent, il a forcé les entraîneurs à ne pas lui confier un rôle secondaire malgré le retour de Kyries même si ce dernier demeure à la hauteur », a convenu Jim Popp, qui porte pratiquement tous les chapeaux chez les Alouettes en tant qu’entraîneur, directeur général, directeur du personnel des joueurs et vice-président.
« C’est un véritable joueur de football dans tous les sens du terme, c’est la meilleure façon de le décrire », s’est assuré de souligner Thorpe sur l’ensemble de ses qualités. 
Avec sa personnalité passionnée et son intensité que les autres équipes découvrent à leurs dépens cette saison, Venable a, sans surprise, piaffé d’impatience avant d’obtenir ce qu’il convoitait.
« Absolument! », a avoué Venable quand le RDS.ca lui a demandé si ce fut pénible comme période. « Je comprenais que nous avions une équipe bourrée de talentueux vétérans. J’ai eu besoin d’une ou deux années pour prendre mon élan, mais maintenant que c’est parti, ça se déroule très bien. »
« C’était certainement un peu frustrant au début parce que tu veux toujours être sur le terrain pour contribuer, tu deviens en quelque sorte un peu jaloux de vouloir aider l’équipe comme les autres », a poursuivi Venable qui a indéniablement retrouvé tout son bonheur.
La situation était accompagnée d’une dose de déception supplémentaire puisque Venable arrivait de la NFL où il était parvenu à contribuer pendant une année sur les unités spéciales des Bears de Chicago de Lovie Smith.
En aboutissant dans la NFL à la suite d’un passage fructueux avec l’Université Boise State, l’athlète originaire de la Californie a réalisé que la marche était colossale.
« C’était vraiment toute une expérience, un défi. Je suis arrivé à la suite du conflit de travail donc nous n’avions pas eu l’entraînement habituel avant le camp d’entraînement. Je peux vous dire que j’ai été un peu submergé par l’ampleur de la tâche au début », a admis le numéro 31 avec franchise.
« J’ai été heureux et privilégié de faire l’équipe et de pouvoir surtout contribuer sur les unités spéciales durant toute l’année. C’était merveilleux d’aider pendant une saison entière. Il faut savoir que même si beaucoup de jeunes rêvent de jouer dans la NFL, ce n’était pas nécessairement mon rêve, je voulais plutôt jouer dans un grand programme universitaire, ce que j’ai accompli », a expliqué le volubile interlocuteur de 28 ans.
Avec sa charpente de 5 pieds 11 pouces et 220 livres, Venable s’est présenté dans la NFL en ne cadrant malheureusement pas dans aucun rôle spécifique. Le secondeur a ainsi été transformé en maraudeur sans que le scénario optimal se présente et c’est pourquoi la LCF s’est avérée une destination de prédilection.
Winston Venable écoute Noel Thorpe« C’est vrai, le style de la LCF me sied à ravir. Je peux jouer à tellement de différentes positions que ça me rend plus polyvalent pour les entraîneurs. Ici, ils aiment les athlètes comme moi qui peuvent être utilisés dans de multiples stratégies. C’est particulièrement vrai dans le système de Noel Thorpe qui nous demande de faire varier nos tâches », a corroboré Venable qui exerce son influence comme secondeur, demi défensif et maraudeur.
Parlant de Thorpe (sur la photo), ses yeux s’illuminent quand on le questionne sur son nouveau « couteau suisse ».
« Il frappe comme un secondeur, mais il peut aussi jouer plus reculé et même réussir des blitz. C’est vraiment un joueur spécial! », a vanté Thorpe.
Les partisans les plus attentifs peuvent confirmer la force de frappe à laquelle Thorpe fait allusion. Sa présence ne passe donc pas inaperçue autant chez les spectateurs, ses opposants et ses coéquipiers.
« Intensité! C’est le premier mot qui me vient en tête quand je pense à lui. Avec lui, Bear Woods et Kyries, on peut compter sur trois machines qui courent partout sur le terrain et qui font peur aux attaques. Winston arrive avec impact et il frappe fort. Du premier au dernier jeu, il ne ralentit pas », a salué son camarade Nicolas Boulay.
Encore une fois, cette trouvaille émane de Popp. Même si les derniers entraîneurs des Alouettes ont éprouvé des ennuis, Popp continue d’avoir du flair pour les joueurs et il raffole de la contribution de nouveaux éléments défensifs comme Corvey Irvin, Mitchell White, Jonathan Hefney et Venable.
« La première chose, c’est qu’ils adorent le football. C’est vraiment le cas avec Winston, on parle d’un joueur de football dans l’âme. […] La LCF est un match parfait pour lui », a évoqué Popp.
Venable peut bien adorer le football, mais il ne s’agit pas de la seule clé derrière sa réussite.
« Il a définitivement une bonne tête sur les épaules, c’est un excellent meneur qui remplit bien son rôle dès sa première année en tant que partant », a éclairé Boulay. 
Thorpe constitue le cerveau de l’unité défensive qui a concédé le moins de points (148) à travers la LCF après huit matchs. Il se réjouit de pouvoir compter sur l’appui d’un athlète de la trempe de Venable.
« Il est définitivement intelligent et prêt à investir le temps nécessaire en s’impliquant activement dans les réunions. Mais c’est plus que de l’intelligence, il a des instincts de football et un style de don pour se rendre au ballon », a insisté Thorpe.
Fils et frère de joueurs de baseballWill Venable
Inutile de chercher bien loin pour comprendre d’où vient cet instinct sportif naturel. En tant que frère de Will Venable, récemment acquis par les Rangers de Texas en provenance des Padres de San Diego, et fils de Max qui a œuvré pendant plus de 10 ans dans le baseball majeur, on peut conclure que la pomme n’est pas tombée loin de l’arbre.
Tout comme son frangin et son paternel, Winston aurait pu s’orienter vers le baseball, mais l’attirance envers le football a eu le dessus.
« J’ai toujours pensé que je me débrouillais plutôt bien, mais l’aspect physique du football m’a toujours charmé. Je trouvais que le baseball était un peu plate et que le football me convenait mieux », a-t-il jugé avec le sourire.
Plus jeune de quatre ans que son frère, Venable aurait pu sauter sur l’occasion de le taquiner pour déterminer qui était le meilleur de la famille.
« Je vais lui donner l’avantage. C’est une force de la nature en sports. À vrai dire, il pourrait probablement enfiler un uniforme de football et suivre notre rythme sur le terrain s’il le voulait », a prétendu le solide cogneur.
Mais le plus grand athlète la famille était peut-être le père qui a refusé plusieurs offres au football pour se tourner vers le baseball professionnel. Il a conclu sa carrière de joueur (en 1992 et 1993) au Japon où la famille a vécu le privilège de le suivre.
Max Venable« Je suis allé à l’école là-bas pendant près de deux ans. C’était vraiment une expérience incroyable, c’est tellement différent là-bas », a-t-il déclaré avant d’enchaîner avec une anecdote « savoureuse ».
« Je me souviens que les joueurs se méritaient une grosse poche de riz quand ils frappaient un circuit. Mon père est donc revenu à la maison avec une à quelques occasions », s’est-il souvenu en riant.
Avant d’accepter l’aventure japonaise, son père s’est aussi arrêté à Montréal pour un rôle modeste en 1984 si bien que cette ville n’était pas étrangère à Venable.
« Il m’a un peu parlé de la ville et je me souviens de certaines histoires sur le Stade olympique. Quand il est venu me visiter l’an dernier, il a revu certaines choses de son époque et il se rappelait bien de la rue Ste-Catherine », a raconté Venable qui n’a jamais été poussé vers le sport par ses parents.
Présentement, le paternel travaille comme entraîneur dans le système de développement des Mariners de Seattle et il souhaiterait retourner au plus haut niveau grâce à cette avenue. En constatant les similitudes entre les membres de cette famille, ce n’est pas étonnant d’entendre Venable songer à une après-carrière dans l’enseignement.
« J’adore travailler avec les enfants, que ce soit leur enseigner, les diriger, les influencer d’une bonne manière… Je ne sais pas encore quelle forme ça prendra, mais je pourrais me voir comme entraîneur un jour », a conclu celui qui atteint la plupart de ses buts.